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Actualités - OPINION

AFFAiRE-MTV - Une solution judiciaire peu rapide semble maintenant envisagée Le pouvoir répète qu’il se tient à l’écart du tohu-bohu

On se calme. C’est le mot d’ordre des officiels. Aussi bien à l’adresse des loyalistes que des opposants. Ou des fifty-fifty, qui sont apparemment les plus nombreux. Du moins dans l’affaire de la MTV. Au sujet de laquelle la majorité, au sein de la classe politique, veut à la fois défendre les libertés et le respect de la loi. Face à l’effervescence, (un peu retombée en attendant le délibéré du 16 au tribunal), les responsables ne cessent de répéter que le dossier est essentiellement judiciaire. Qu’il faut le traiter sous ce seul angle et larguer tout autant la mobilisation de rue que les manœuvres politiques. Qui ne sauraient impressionner la justice ni en infléchir les décisions, comme le souligne le procureur général Adnane Addoum. Une source ministérielle autorisée confirme que le pouvoir, chef de l’État en tête, tient à n’interférer en aucune manière dans une œuvre de justice. À tel point qu’il est hors de question de discuter un quelconque scénario d’arrangement ou de dégagement. Du moins pas avant que le tribunal n’ait rendu son deuxième arrêt, lundi prochain en principe. À la lumière de cette sentence, on verrait alors quelles seraient les possibilités de règlement. Mais avant que le droit ne soit, martèle ce ministre, il est tout à fait déplacé, hors de propos, inutile d’évoquer des tractations. Puis, passant à la contre-attaque, ce dirigeant se demande où étaient les prétendus défenseurs des libertés bien comprises, les contempteurs d’une décision de justice, lorsque la chaîne incriminée outrageait les autorités. Aucun d’entre eux, dit-il, n’avait alors protesté contre ces débordements et certains y avaient même participé. Ces campagnes, affirment-ils, étaient à caractère diffamatoire personnel, sous paravent d’opposition politique. Elles se développaient grâce au climat de liberté assuré aux médias par le régime. L’État prenait ce mal en patience, sans riposter, pour bien montrer son souci de protéger les libertés. Mais alors pourquoi la soudaine secousse ? Parce que, répond ce ministre, certains ont outrepassé les lignes rouges, en transgressant les règles du jeu tacitement admises. Ces fautes techniques, comme on dit en sport, sont nécessairement sanctionnées par des penalties. Et d’expliquer que le Rubicon a été franchi quand ces parties ont estimé que la victoire électorale au Metn équivalait à une débâcle définitive de la ligne politique centrale suivie par un pôle déterminé ainsi que par le régime. Une analyse qui implique, en filigrane, qu’il ne serait plus question de reconduction. Mais bien plutôt de réclamer des comptes au premier pouvoir. Ces indications, on s’en doute, ne sont pas difficiles à décrypter. La goutte qui aurait fait déborder le vase serait que l’on aurait cherché à atteindre Baabda à travers la lutte contre Michel Murr. Cependant, le même ministre soutient, tout de suite après, qu’en dépit de toutes les avanies, de tous les abus, de toutes les agressions verbales ou politiques, il n’a jamais été question d’une quelconque vindicte. Ajoutant qu’il est calomnieux pour la justice de laisser entende qu’elle s’est laissé dicter la décision prise. D’autant que ses détracteurs actuels ont toujours applaudi des deux mains l’impartialité et l’intégrité des juges quand ils rendaient des verdicts qui leur étaient favorables. Sur le plan factuel, le ministre cité voit que les choses sont simples : à son avis, il y avait un média anarchique qui portait atteinte à l’État. Il fallait le mettre au pas, en lui appliquant la loi. Les protestataires n’ont qu’à s’adresser à la justice compétente. Quant aux contestations relatives au texte de la loi, elles restent évidemment recevables sur le plan législatif. Et rien n’empêche que l’on retouche ainsi l’article 68 du code électoral. Il en irait de même pour les législations relatives à l’information audiovisuelle. Ce ministre conclut en soutenant que le tollé a été orchestré à des fins d’exploitation démagogique par les adversaires du pouvoir. En pratique, que peut-on attendre maintenant ? Selon les spécialistes, il est fort probable que le tribunal autorise la réouverture de RML et de Nostalgie, en allégeant les contraintes imposées aux bâtiments de la MTV. Mais sans permettre à cette chaîne de reprendre rapidement ses activités. Ce qui revient à dire qu’elle resterait suspendue pour un assez long laps de temps. Pendant lequel on la réorganiserait, en la dotant éventuellement d’un directeur politique, délicat synonyme de censeur à demeure. Parallèlement, on poserait sur la table le dossier des actionnaires, pour en trouver de nouveaux. Mais comme les licences d’exploitation ne sont pas cessibles, il es possible qu’on tenterait d’amender les textes pour qu’elles le deviennent. En tout cas, il se confirme du côté de la corporation de l’audiovisuel, qui a mis en place un comité dit fondateur, qu’il n’est pas question d’une grève, d’une fermeture générale à cause de la MTV. Car la majorité estime qu’il faut laisser la justice en traiter sans pression. Ce qui laisse entendre d’ailleurs que si pression il y avait, il y aurait crainte ou risque d’effet contraire, avec un durcissement des juges à l’encontre de la chaîne concernée. Les sources du comité ajoutent, comme le ministre précité, que si l’on a à se plaindre d’un texte de loi mal tourné, on peut toujours demander à la Chambre de l’amender. Et précisent enfin que leur comité ne compte en aucun façon se laisser manipuler politiquement. Enfin, du côté de l’opposition, on ne cesse de répéter que toute l’affaire est politique. Et on révèle que l’on a pris la MTV de vitesse, car elle comptait envoyer une équipe en Amérique pour y couvrir la visite de Aoun. Philippe ABI AKL
On se calme. C’est le mot d’ordre des officiels. Aussi bien à l’adresse des loyalistes que des opposants. Ou des fifty-fifty, qui sont apparemment les plus nombreux. Du moins dans l’affaire de la MTV. Au sujet de laquelle la majorité, au sein de la classe politique, veut à la fois défendre les libertés et le respect de la loi. Face à l’effervescence, (un peu retombée...