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Actualités - OPINION

La réponse du berger à la bergère Kornet Chehwane s’étonne que l’on s’étonne de son constat de divorce

Que voici un beau procès de diversion. Et d’intentions. On reproche à Kornet Chehwane de renoncer à un dialogue politique déjà rompu. À coups de crosse. Des charges qui méritent quand même qu’on s’y arrête. D’une part parce qu’elles pèsent lourd sur le climat. D’autre part parce qu’il faut bien qu’au moins sur le plan politique, l’opposition puisse se défendre. Puisqu’autant les mesures lui tombent dru sur les épaules, comme la fermeture de la MTV ou le torpillage du congrès des libertés, sans qu’elle ait droit à la parole. Mais bon, l’Est est aujourd’hui sur le banc des accusés. Cité à comparaître par les loyalistes devant le tribunal de l’unité nationale, de la coexistence et de la stabilité intérieure. Car, à les en croire, en conditionnant la détente, et partant la reprise du dialogue, à la réouverture de la MTV, la Rencontre aurait mélangé abusivement les serviettes et les torchons qui brûlent. En interférant, tout aussi abusivement, dans une affaire de justice et en mobilisant, péché capital, la rue. Alors que les libertés, loin d’être en danger, sont plus que jamais protégées par la loi. Même si celle-ci devrait, sans doute, être un peu corrigée, comme le souligne le ministre de la Justice. Bref, la Rencontre est pour ainsi dire qualifiée de démagogue fauteur de troubles. Et de torpilleur des efforts de redressement économique. Et cela alors même que les présidents se sont rabibochés, pour mieux asseoir une stabilité intérieure nécessaire à ce sauvetage. Les contempteurs de la Rencontre se disent d’autant plus ulcérés que Baabda lui avait ouvert ses portes, pour tourner la page et initier une ère de détente bénéfique. À ces critiques, l’un des piliers du groupe opposant répond en ces termes et en substance : – « Non, nous ne nous sommes pas trompés. Notre réaction à ce qui s’est passé, et qui reste grave, est on ne peut plus normale. Les initiatives prises de facto sont par elles-mêmes la preuve tangible qu’en face on suit la voie de la confrontation et non pas de l’entente. Ce n’est pas chez nous que le négativisme prend sa source. Il est clair, comme de l’eau de roche justement, que certains dirigeants ne souhaitent pas développer une relation positive avec nous. On veut, sans doute, nous accabler à cause de Los Angeles. On oublie que durant ce congrès l’un des nôtres, Farès Souhaid, a répondu aux thèses ultras développées. En mettant en exergue la coexistence, l’interaction entre chrétiens et musulmans qui permet à ce pays d’assumer un rôle-pilote, moderne, sur le plan culturel, à tous les sens du terme. En précisant que la garantie pour chaque partenaire ne peut provenir que du vis-à-vis intérieur. C’est-à-dire qu’il ne faut pas miser sur ces assurances extérieures, qui ont maintes fois prouvé leur nocivité, et dont tous les Libanais ont pâti. » « Non, poursuit cette personnalité, nous ne sommes pas contre le dialogue. Nous nous sommes rendus à Baabda pour y prier le chef de l’État de parrainer un tel processus. Car de par ses fonctions, il est au-dessus de toute mêlée. Par la même occasion, nous lui avons répété que nous sommes pour l’assainissement des relations avec la Syrie. En lui laissant le soin de déterminer le timing propice pour en traiter avec la partie syrienne. Et en précisant que nous tenons à ce que les rapports entre les deux États se fassent à travers les institutions. » « Non, nous ne sommes pas des boutefeux. Notre propos d’ensemble est modéré et modérateur. Ainsi, les propositions, les équations développées lors du meeting d’Antélias par Jean Aziz, représentant des FL. Un rendez-vous organisé non pas par la Rencontre mais par le courant aouniste, à l’occasion du 7 août, sans autre commémoration de rue. Ensuite, pourquoi nous dissocier de Bkerké ? Il ne faut pas oublier les propos élogieux tenus par Mgr Sfeir à l’adresse du chef de l’État durant la messe de la Ligue maronite. » Et d’enchaîner en soutenant qu’il ne faut pas inverser les rôles. Que ce n’est pas la Rencontre qui a adopté des positions négatives au départ, ou répondu négativement à des ouvertures, mais le contraire. Pour rappeler ensuite les éléments suivants : – « Le lancement, on sait comment et par qui, du Rassemblement parlementaire de concertation. Qui prétend cantonner le dialogue entre lui et nous. La poursuite de la campagne dirigée contre nous par des parties loyalistes dont les attaches sont connues. La transformation de la tournée du président de la République au Metn, après sa visite au Kesrouan, en congrès électoral pour l’un des pôles parlementaires de la région. L’on s’est abstenu à cette occasion d’inviter tous les députés du Metn à participer à l’accueil réservé au chef de l’État. L’Assemblée s’est muée en tribune de réquisitoire contre la Rencontre en général, contre certains piliers en particulier. Enfin, et surtout, la fermeture de la MTV. Là aussi, tout le monde sait qui est derrière cette mesure essentiellement politique, même si elle est couverte par un arrêté judiciaire. » Partant de là, cette source estime que les messages délivrés et captés cinq sur cinq par la Rencontre sont clairs. Elle ajoute cependant que l’entrevue antérieure avec le président Lahoud avait été excellente. Mais que la reprise ne pourrait se faire qu’après la réouverture de la MTV. Cela, pour sonder les intentions du pouvoir à ce propos. En effet, pour la personnalité citée, si les dirigeants veulent vraiment encourager le modérantisme, dont la Rencontre est un réceptacle, pour l’aider à faire pièce au radicalisme, ils devraient donner du mou à la corde. En réglant au mieux et au plus vite l’affaire de la MTV. Dossier qui doit rester dans un cadre familial, fraternel, sans cristalliser un clivage entre deux lignes politiques distinctes. Comme on a voulu manifestement le faire lors du congrès des libertés. Auquel ont assisté des dizaines de députés ainsi que sept ministres, alors que le Conseil des ministres avait évité la question. Une démarche de politisation destinée, selon cette personnalité, à impliquer la Syrie à son corps défendant. Tout comme on lance des ballons d’essai perfides au sujet de divergences entre Kornet Chehwane et Bkerké, rumeurs qui sont infondées. En conclusion, ce pilier de la Rencontre redit qu’il faut un arrangement décent pour la MTV. Cela, pour redonner corps, via la reprise du dialogue, à un climat de détente. Et d’entente. Philippe ABI-AKL
Que voici un beau procès de diversion. Et d’intentions. On reproche à Kornet Chehwane de renoncer à un dialogue politique déjà rompu. À coups de crosse. Des charges qui méritent quand même qu’on s’y arrête. D’une part parce qu’elles pèsent lourd sur le climat. D’autre part parce qu’il faut bien qu’au moins sur le plan politique, l’opposition puisse se...