Affaire MTV - Les autorités et l’opposition attendent les résultats du recours devant le tribunal des imprimés Le dialogue n’est pas interrompu, affirment les milieux proches du pouvoir

Quid de l’avenir de la MTV ? Les informations restent contradictoires à ce sujet, dans la mesure où ceux-là mêmes qui, au sein du gouvernement, prévoyaient une fermeture définitive de la chaîne, campent toujours sur leur position, alors que la cellule de crise née des Assises de Kornet Chehwane s’est abstenue de révéler hier les nouvelles mesures d’escalade prises en vue de soutenir la chaîne, dans l’attente des résultats (positifs ?) du recours introduit auprès du tribunal des imprimés. Rappelons que l’examen de ce recours débutera lundi prochain. Les sources proches du pouvoir se félicitent pour leur part du fait que « les choses aient repris leur cours normal à travers le recours aux voies judiciaires ». Selon elles, « le dialogue politique ne doit être en aucun cas lié à des questions relevant de la justice ». « Celui qui veut rompre le dialogue doit assumer la responsabilité de sa décision », ajoutent les sources précitées avant d’atténuer la portée des propos que les Assises ont tenus à ce sujet. Ainsi, d’après certains milieux proches du pouvoir, « d’aucuns parmi les interlocuteurs de KC ont compris que la décision du Rassemblement de geler ce dialogue n’était pas réellement prise et qu’il s’agissait plutôt d’une menace de rupture ». Les dirigeants estiment de ce fait que le dialogue n’est pas clos et que le président de la République reste disposé à recevoir tous ceux qui le désirent. En ce qui concerne plus spécifiquement le dossier de la MTV, les sources proches du pouvoir indiquent qu’il est entre les mains de la justice et qu’il y restera « car il n’y a pas de solution politique à une affaire dont la justice est responsable ». D’où la nécessité aussi d’éviter l’amalgame entre les décisions de l’Exécutif et du Judiciaire. Les sources en question souhaitent dans ce contexte que l’affaire ne soit pas exploitée sur le plan politique, « d’autant plus que certaines positions prises durant ces derniers jours ont créé un climat sectaire malsain dans le pays soutenu par une minorité de gens qui cherchent à donner à cette affaire une connotation confessionnelle ». Étant donc entendu que l’affaire relève de la justice, l’unique souci des autorités exécutives est de maintenir l’ordre dans les régions chrétiennes, concluent les sources proches du pouvoir. Les activités de l’opposition Entre-temps, les députés de KC ont insisté hier auprès du président de la Chambre, Nabih Berry, pour que l’accès au bureau de Gabriel Murr soit libre dans l’immeuble de la MTV. Une délégation des Assises formée des députés Pierre Gemayel, Nayla Moawad, Farès Souhaid, Antoine Ghanem et Salah Honein s’est rendue chez M. Murr, dans son bureau à Achrafieh, pour manifester leur solidarité avec lui. Au terme de la visite, Mme Moawad a ironisé sur les mesures de contrôle imposées aux visiteurs du député, comme si les visiteurs en question étaient des « terroristes ». Alerté à ce sujet par le député Boutros Harb, le chef du Législatif, Nabih Berry, aurait aussitôt contacté le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, pour lui demander de libérer l’accès au bureau de Gabriel Murr. Quid des activités de la cellule de crise née de l’affaire de la MTV ? Après avoir décidé d’appeler l’ensemble des Libanais à arborer un bandeau ou un ruban noir en signe de protestation contre les atteintes aux libertés publiques, les membres de cette cellule ont pris de nouvelles résolutions qu’ils n’ont pas voulu divulguer en attendant le résultat du recours introduit auprès des autorités judiciaires concernées. Une source responsable au sein de cette même cellule a précisé que toutes ces mesures d’escalade visent en fait à « lever la chape d’injustice qui pèse sur une part importante de la population sous prétexte d’appliquer la loi. Elles serviront à démontrer que toutes les menaces officielles ou non ne peuvent qu’envenimer encore plus le climat dans le pays ». La même source accuse enfin implicitement le pouvoir de prendre certaines initiatives en sachant pertinemment qu’elles conduiraient à la rupture du dialogue avec l’opposition. Elle estime dans ce cadre que les tentatives visant à semer la zizanie entre KC et le patriarche maronite sont vouées à l’échec.