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Actualités - OPINION

L’opposition n’élargit pas vraiment son horizon d’alliances Pas de clivage simple à la faveur de la tempête

Tous derrière la bannière des libertés ? Certes, en apparence. En réalité, la tempête, après un premier sursaut général, se trouve ces jours-ci contre-balayée. Autant par les réticences de pôles qui répugnent à s’aligner derrière Bkerké, voire à ses côtés, que par le mouvement « confessionnel », de son propre aveu initié par cheikh Taha Sabounji. À la grande satisfaction, sinon à l’initiative, des loyalistes haut de gamme. Ainsi, on est déjà très loin de la première réunion fondatrice, ou présentée comme telle, au syndicat de la presse. Où étaient (remarquablement) présents Joumblatt, Husseini, Karamé et Hoss. Alors que Frangié ou Kanso n’y étaient pas. Hier, c’était l’inverse. Mais dans le même but exactement. C’est-à-dire que les uns et les autres ont voulu, puisque l’affaire est politique, rogner les ailes de l’opposition chrétienne et de Kornet Chehwane. Les uns en boudant le rendez-vous. Les autres en y allant porter la contradiction. Bref, si l’opposition a marqué des points sur le plan des principes, elle n’a guère avancé sur le terrain. C’est-à-dire que tous les pôles qui avaient pris leurs distances par rapport à elle ont tenu à marquer qu’ils n’allaient pas la suivre dans sa contestation, sur le plan purement politique. Il n’y a donc pas deux camps seulement en présence, comme au niveau des universitaires ou des écoliers qui se serrent tous les coudes quand des jeunes sont tabassés. Mais bien autant de camps, ou presque, qu’il y a de partis ou de leaders. Ce qui, bien entendu, fait hautement l’affaire du pouvoir. Dont la cohésion, récemment retrouvée, n’est pas ébranlée par cette affaire comme par les brutalités policières d’août 2001. En face, c’est l’Est (d’ailleurs lui aussi partagé) et la MTV. Qui obtiennent, bien sûr, le soutien d’instances comme le Forum démocratique ou des corporations médiatiques. Mais là aussi, sous réserve de se cantonner dans un contexte purement sociomoral, sans remise en question du système dans son ensemble. En tout cas, pour le moment, bye bye le dialogue. Et du coup, il n’y a plus de problème entre KC et Aoun, qui reprochait à ses alliés d’avoir été à la Rencontre du régime. L’opposition retrouve donc elle aussi, comme à la sortie de la partielle du Metn, sa cohésion. Mais au stade actuel, sa victoire s’arrête là. Et il lui faut, encore plus qu’après le manifeste de Los Angeles, se battre contre ceux qui l’accusent de confessionnalisme sectaire, à l’instar de Sabounji ou des ultras prosyriens. Qui n’hésitent pas à soutenir que la Rencontre agit sur instructions de l’ambassade américaine. Cela parce que Satterfield, ancien ambassadeur ici, a vu des membres de Kornet Chewane lors de sa récente visite à Beyrouth. Cependant, dans leur ferveur, les contempteurs de Bkerké se laissent aller parfois à de touchantes maladresses de langage involontaires. Ainsi, Sabounji a évoqué l’aide de l’agence US de développement à l’Est. En oubliant qu’il y a quelques jours, Joumblatt lui-même (qui, lui aussi, a vu Satterfield) remerciait Battle pour les prestations américaines caritatives ou sociales dans sa contrée. Aide dont le Nord ni Tripoli ne (se) sont pas privés non plus. La Rencontre se voit reprocher par ailleurs, comble de paradoxe, de refuser le dialogue. Parce qu’elle a estimé que l’arbitraire gommait ipso facto toute velléité dans ce sens. Le soudain culte du dialogue des ultras loyalistes s’est d’ailleurs traduit sur le terrain par la fine manœuvre suivante : les libertaires allaient manifester ce mardi à Barbir ? Eh bien, le super nouveau « Rassemblement national islamique » de Sabounji allait contre-manifester au même moment et au même endroit. D’où le coup soi-disant neutre de l’autorité, qui interdit toute manifestation. Et, en paraissant renvoyer dos à dos des protagonistes, étouffe en fait la voix de la contestation. À son propre profit. Comme quoi on peut facilement être juge et partie dans ce pays, ainsi que le prouve la longue série de dérapages contrôlés enregistrée depuis Taëf. Ce qui blesse le plus les opposants, c’est d’être accusés de confessionnalisme négatif. Reproche qui n’est pas lancé au Rassemblement parlementaire de concertation, pourtant lui aussi uniquement formé de chrétiens. Pour tout dire, sur le fond, c’est encore et toujours la question de la souveraineté qui cristallise les convulsions intérieures. Et beaucoup voient dans les incidents de l’après-partielle une sorte de compensation a posteriori consentie par les décideurs au clan battu. Qu’ils avaient forcé à admettre sa défaite. Parce qu’à l’époque, ils tentaient une approche de détente. Qu’ils ont annulée, en partie sans doute à cause des distances qu’ils prennent avec l’Amérique depuis les menaces contre l’Irak et depuis le Syria Accountability Act. Philippe ABI-AKL
Tous derrière la bannière des libertés ? Certes, en apparence. En réalité, la tempête, après un premier sursaut général, se trouve ces jours-ci contre-balayée. Autant par les réticences de pôles qui répugnent à s’aligner derrière Bkerké, voire à ses côtés, que par le mouvement « confessionnel », de son propre aveu initié par cheikh Taha Sabounji. À la grande...