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Actualités - OPINION

Mercredi, une « journée particulière » qui fait ricaner même les loyalistes

Que de triomphes en un seul jour, mercredi dernier, pour la camarilla et la république des camarades. Et des frères, pour rester en famille. Satterfield qui désavoue le Syria Accountability Act. En délivrant en outre, à mots à peine couverts, une prorogation de blanc-seing à la tutelle. Au moment même (en remerciements ?) le ministre héritier de l’Intérieur inspectait la plaine de la Békaa, si fertile en pavots frappés de prohibition US comme les alcools à la belle époque. Cadeau doublé d’une première intervention musclée dans un camp palestinien, à Baalbeck. Tandis que sur le littoral, la MTV, cette forteresse de l’ingratitude gabriélienne, cet intolérable îlot de contestation de la seule souveraineté qui compte, était prise d’assaut. Entre-temps, la caste politique, toutes tendances confondues, se trouvait prise de court. Car, bien que le coup eut été prévu de loin par la cible désignée, très peu y croyaient vraiment. Pourquoi ? Parce que le régime s’est engagé ces derniers temps sur la voie du dialogue. Qu’il semblait désireux d’arrondir les angles avec l’opposition. Dans un effort de rassemblement rendu nécessaire par les préparatifs du sommet de la francophonie. Comme par la perspective de Paris II, les impératifs économiques aussi bien que stratégiques, face au péril israélien et aux menaces US contre l’Irak. Enfin, et surtout, parce qu’on ne pouvait pas, en bonne logique, diluer la politique de l’État, du pouvoir, dans un mélange de considérations, d’animosités absolument particulières, d’ordre électoral ou familial. Mais, les faits sont là pour le prouver, la logique est un ingrédient que l’on savoure rarement dans la cuisine levantine. Il n’empêche que le mépris ostensible de la raison la plus élémentaire révulse les loyalistes autant sinon plus que les opposants. Car ils se considèrent en quelque sorte trahis par les leurs. En soulignant, dans leurs assises privées, que les gesticulations brutales des vengeurs (à peine) masqués, font la vie dure à un gouvernement, à un pouvoir, à un système qui souffrent déjà beaucoup d’un manque de confiance, d’une profonde désaffection des Libanais. Et rendent la tâche d’un Siniora, emblème d’impopularité fiscalisée, encore plus difficile. Sans compter le revers qu’essuie au passage, plus ou moins à son corps défendant, la magistrature, gardienne présumée de la notion de justice. Aussi chère aux yeux des humains normalement constitués (c’est-à-dire dotés d’une Constitution digne de ce nom) que leurs droits fondamentaux. Dont les libertés. Tout cela, relèvent en chœur loyalistes et opposants, pour signifier que pour des riens, des vétilles, un combat d’arrière-garde, on remet en question un climat de détente. Et des principes premiers. En ajoutant que le dérapage démocratique est d’autant plus dangereux qu’il pourrait constituer un précédent. Une sorte de préavis pour une éventuelle invalidation de la partielle du Metn. Par les soins, peu indociles généralement, de l’instance judiciaire concernée. Mais à ce propos, la plupart des professionnels restent assez sceptiques. En estimant qu’en réorganisant le scrutin, l’entourage du régime compromettrait peut-être la reconduction. Et que le remplacement de Gabriel Murr par un ou une proche de son frère serait une sorte de victoire à la Pyrrhus. Cependant ces objections peuvent paraître discutables. D’une part parce que la présidentielle est encore loin. Et d’autre part parce que la succession, quelle qu’elle soit, se décide ailleurs. Quoi qu’il en soit, les curieux férus de micropolitique notent avec intérêt que dès sa naissance, le Rassemblement parlementaire de concertation, et de coloration loyaliste, se voit confronté à un difficile exercice de navigation. Le groupe doit se positionner, vite et bien, pour ne pas laisser la Rencontre de Kornet Chehwane, son rival, marquer des points faciles au niveau de la rue chrétienne. Or la constellation de députés risque de se trouver divisée. Les membres du bloc Joumblatt se dressent évidemment contre le bouclage Murr de la tour Murr bis, c’est-à-dire de la MTV. Mais bien d’autres honorables représentants du peuple préfèrent regarder ailleurs. En affirmant qu’il faut laisser les choses se tasser doucement. Et qu’on ne peut pas, qu’on ne doit pas, protester contre une décision de justice, la loi étant au-dessus de tout, et de tous. Même si elle n’est pas la même, du moins au niveau de l’application, suivant les temps, les lieux ou les gens. Ainsi, les opposants soulignent à l’envi, sans craindre de se contredire (comme quoi le manque de logique se fait sentir partout) que Télé-Liban n’a pas été poursuivie pour sa violente campagne anti-Hariri et pro-Hoss en 2000 ; et qu’il ne faut plus parler de ce qui s’est passé avant le 7 juillet en matière d’information, conformément au coup d’éponge donné par le nouveau code de loi à cette date. Le débat déborde cependant ce cadre, ajoutent précipitamment les contestataires. En notant que la tension suit le cours des développements régionaux. Et que, comme les évêques maronites (objet aussi, peut-être, de la riposte de mercredi) le laissent entendre, il existe des parties qui adoptent systématiquement les faux-fuyants. Quand il s’agit de laisser les Libanais s’entendre entre eux. Ce qui n’est sans doute pas contraire à la vérité, encore que les Libanais n’ont pas tellement besoin d’encouragements pour s’entre-déchirer. Même au sein d’une même famille. Enfin, pour tout dire, beaucoup d’opposants pensent que l’entrevue entre Satterfield et la Rencontre de Kornet Chehwane a indisposé. Autant que le troisième communiqué annuel, particulièrement amer voire acide, des prélats maronites. C’est pourquoi, concluent ces sources, on a donné un feu vert tardif à la vindicte metniote, jusque-là sagement contenue pour améliorer les relations avec la rue chrétienne. Philippe ABI AKL
Que de triomphes en un seul jour, mercredi dernier, pour la camarilla et la république des camarades. Et des frères, pour rester en famille. Satterfield qui désavoue le Syria Accountability Act. En délivrant en outre, à mots à peine couverts, une prorogation de blanc-seing à la tutelle. Au moment même (en remerciements ?) le ministre héritier de l’Intérieur inspectait la...