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Actualités - CHRONOLOGIE

Libertés - Sit-in à Achrafieh des partisans du CPL et du PNL « Nous resterons là jusqu’à la réouverture de la MTV », décident les manifestants(photo)

Une image, éloquente, qui en dit long sur bien des choses : quelques centaines de manifestants, hier après-midi devant les locaux de la MTV à Achrafieh, agitant des drapeaux frappés du sigle de la chaîne de télévision désormais prohibée. En face, au dernier étage de la tour où se trouvent les bureaux du député Gabriel Murr, des employés, agglutinés aux fenêtres, répondent aux clameurs en agitant eux aussi les drapeaux de la MTV. Entre les deux, des milliers d’éléments des FSI et de l’armée, déployés autour des locaux de la MTV et dans les ruelles parallèles, pour contenir les jeunes étudiants venus se solidariser avec ce qui symbolise pour eux, depuis 1997, « la voix et les images de la liberté ». Le courant aouniste était aux premiers rangs de la manifestation, hier, à Achrafieh, en compagnie des employés de la MTV – l’équipe du programme « Istifta », M. Ziad Noujaim en tête, a tenu à faire acte de présence – progressivement rejoints ensuite par le Parti national libéral (PNL), quelques sympathisants des Forces libanaises (FL) et beaucoup d’étudiants non partisans, mais venus pour soutenir les libertés publiques et la MTV. Le gros de la base Kataëb d’Amine Gemayel et de la base FL a préféré s’abstenir et attendre la position que le groupe de Kornet Chehwane devrait prendre aujourd’hui concernant le recours à la rue. L’absence des deux formations a toutefois donné l’impression que les dissensions actuelles entre le groupe de Kornet Chehwane et le courant aouniste sur le Syria Accountability Act se sont répercutées sur l’unité du mouvement estudiantin, au moment où les étudiants ont le plus besoin d’être solidaires les uns des autres pour soutenir la MTV. Et pour cause, la station a été le catalyseur, en 1997, de la renaissance du mouvement étudiant d’après-guerre. À l’époque, les étudiants aounistes avaient essuyé les coups des FSI à Achrafieh pour avoir protesté contre l’interdiction faite à la station de passer à l’antenne une entrevue du général Michel Aoun. La MTV avait été aussi la seule à retransmettre, les 7 et 9 août dernier, les images des rafles parmi les étudiants et la ratonnade du Palais de justice. Et puis, en juin dernier, la chaîne était devenue en quelque sorte le porte-parole des courants de l’opposition. Sit-in ouvert C’est conscients de l’importance de cette tribune et convaincus de la nécessité de la défendre quel que soit le prix à payer que le Courant patriotique libre (CPL) et le PNL sont descendus dans la rue, chantant l’hymne de la MTV écrit par le journaliste Habib Younès. Des photos de Gabriel Murr, du général Aoun, du président-martyr Béchir Gemayel et de Samir Geagea sont brandies par les manifestants, qui entonnent des chants patriotiques et scandent des slogans hostiles à la Syrie et favorables aux libertés et au rétablissement de la souveraineté. Un des militants brandies un calicot avec, collés dessus, les portraits de Kamal Joumblatt, Béchir Gémayel, Hassan Khaled et René Mouawad. Tous victimes, d’après le CPL, « de l’occupation syrienne du Liban ». Coincés dans une rue qui fait face aux locaux de la MTV dont les deux extrémités sont bloquées par les FSI, les étudiants pacifistes se retrouvent nez à nez avec les matraques des gendarmes. Derrière, le périmètre de la MTV ressemble à un champ de bataille. La route qui mène à la station a été fermée. Les camions de la Défense civile et de l’armée et les FSI, eux, sont légion. Les étudiants, peu impressionnés, se moquent du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, et demandent sans cesse aux soldats de l’armée « ce qu’ils font à Achrafieh au lieu d’être à Aïn el-Héloué » pour contenir les Palestiniens. L’un des militants aounistes, Tony Orian, battu par trois éléments des services de renseignements qui filaient Nadim Béchir Gemayel mercredi soir devant la MTV, a passé la nuit en observation à l’hôpital. Mais, malgré ses graves contusions à la tête – il a momentanément été atteint de cécité – il n’a pas voulu manquer la manifestation d’hier. C’est coiffé d’un casque de taekwondo, pour éviter de recevoir encore plus de coups sur la tête, qu’il est venu manifester pour la réouverture de la MTV. Privés de musique parce que coincés dans une rue très étroite encerclée par les FSI, les étudiants doivent attendre l’arrivée d’une voiture conduite par un ancien du Tanzim qui, haussant le volume de son autoradio, passe la nouvelle chanson que Ghassan Rahbani a composée pour le CPL. Après la mise en place d’une installation sonore de fortune, le président de la section estudiantine du CPL, Tony Harb, prend la parole : « Que tous les membres des services de renseignements qui sont parmi nous rapportent à leurs responsables que nous allons rester ici jour et nuit, avec nos sacs à couchage, jusqu’à la réouverture de la MTV. Nous sommes là parce que la MTV symbolise la liberté d’expression. Et le nombre de manifestants va grossir de jour en jour. » Il est applaudi par l’ensemble de l’assistance, qui reprend ensuite le jingle de la MTV, sans jamais se lasser. Selon les cadres étudiants présents sur le terrain, le sit-in ne fait que commencer et va se poursuivre dans les jours qui viennent. Et il n’est pas exclu que, dès aujourd’hui, la base Kataëb de Sami Amine Gemayel se joigne aux manifestants. Mais il faudra avant que le groupe de Kornet Chehwane décide de se joindre au sit-in, pour la MTV, la liberté d’expression et les libertés publiques. Michel HAJJI GEORGIOU
Une image, éloquente, qui en dit long sur bien des choses : quelques centaines de manifestants, hier après-midi devant les locaux de la MTV à Achrafieh, agitant des drapeaux frappés du sigle de la chaîne de télévision désormais prohibée. En face, au dernier étage de la tour où se trouvent les bureaux du député Gabriel Murr, des employés, agglutinés aux fenêtres,...