Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Washington porte une attention minutieuse au dossier libanais, dans tous ses volets

Le Liban, plaque tournante du Proche-Orient mais aussi bombe à retardement, retient tout particulièrement l’attention des Américains de l’après 11 septembre. Pour qui cette contrée dans son ensemble constitue à n’en pas douter le nucleus même de toute leur politique de superpuissance mondiale. C’est à partir de la maîtrise de ce pan de la planète qu’ils entendent consolider leur empire. En le mettant, tout d’abord, au double abri du vent divin (kamikaze, en japonais) de la violence islamiste, et des hoquets pétrolifères arabes. Dans cette optique, ou ce dessein, Washington semble avoir compris qu’il ne peut traiter le volet régional de ce pays central sans s’intéresser également à ses convulsions internes. Comme quoi, selon le mot d’Alfred Capus, tout est dans tout et réciproquement. On est donc loin de la stratégie d’indifférence glaciale initiée jadis par Shultz. Aujourd’hui, l’envoyé du département d’État, David Satterfield, qui fut longtemps en poste ici même, fait savoir qu’il se préoccupe autant des rapports de force intérieurs que du statut spécial du Hezbollah. La preuve en est sa rencontre, dès son arrivée hier, avec des piliers de Kornet Chehwane et avec des membres du Forum démocratique, ainsi qu’avec nombre de notables. Un geste d’autant plus remarqué que c’est seulement ce matin que Satterfield doit voir les officiels, les présidents, puis Walid Joumblatt qu’il connaît bien. Demain, avant son départ, le sous-secrétaire d’État adjoint compte converser avec les pôles des organismes économiques et des hommes d’affaires. C’est dire si sa visite présente un caractère local marqué, un souci du détail qu’Albright par exemple n’avait pas manifesté, lors de son passage ici. De son côté, l’ambassadeur actuel, Vincent Battle, multiplie les démarches, et les propos, à caractère essentiellement local. On l’a ainsi entendu déclarer à l’issue de sa visite au patriarche Sfeir, puis après une entrevue avec le président Hariri, que les professionnels du cru devraient larguer tout discours sectaire. En soulignant qu’un climat confessionnalisé représenterait pour la vie politique libanaise, entendre pour le pays même, un grave danger. Pour achever la démonstration de l’intérêt pointu de l’Amérique, Battle a effectué une vaste tournée de chantiers de développement lancés avec le concours financier de son gouvernement. Toujours est-il que, selon des sources fiables proches de l’ambassade US, Washington estime que certaines parties politiques lisent assez mal son bréviaire. Et tentent en même temps de peser, à travers ce prisme, sur l’équation politique locale. En faisant croire que leurs options s’inspirent de la politique US, qui se baserait sur des changements à venir. Selon ces sources, les USA souhaitent mettre les points sur les i, bien expliciter leurs vues, et couper l’herbe sous le pied de ceux qui cherchent à exploiter les complexités, ou les confusions, de la situation. À des fins politiciennes ou particulières qui masquent des positions fondamentales. Ces indications, ainsi développées, en laissent cependant plus d’un dubitatif. Car, tout en prônant la clarté, elles semblent en manquer. En tout cas, on estime généralement que le message ainsi distillé veut dire que Washington ne soutient pas les parties qui courent après le « Syria Accountability Act » et qu’il n’est pas hostile à la Syrie. Surtout pas à son rôle au Liban. D’où les cercles concernés croient pouvoir déduire que les entretiens de Satterfield n’auront pas d’effet sur le statu quo institutionnel ou politique local. L’essentiel de sa mission, estiment ces professionnels, reste largement d’ordre régional, axé sur le problème palestinien et sur les perspectives d’une frappe US en Irak. Mais alors, n’y aurait-il pas contradiction entre l’intérêt spécifique que les Américains affirment porter désormais au Liban et leur souci de n’y rien changer ? Pas du tout, répondent ces politiciens, qui précisent que Washington a décidé d’adopter une attitude de neutralité bienveillante et secourable. Sans donner de directives, sans appuyer les ultras indépendantistes, mais en prodiguant quand même des conseils déterminés au sujet de la nécessité de promouvoir ici la démocratie, les libertés et tutti quanti. Tout en s’apprêtant à aider économiquement le Liban, via la Banque mondiale, le FMI et Paris II. On apprend à ce sujet, pour terminer sur une note plus européenne, que dans le cadre des préparatifs pour cette importante conférence, Hariri a fait dernièrement un saut de Sardaigne en France pour rencontrer discrètement Chirac. Et c’est à la suite de cette entrevue que le président français a promis Paris II pour l’automne qui vient. Philippe ABI-AKL
Le Liban, plaque tournante du Proche-Orient mais aussi bombe à retardement, retient tout particulièrement l’attention des Américains de l’après 11 septembre. Pour qui cette contrée dans son ensemble constitue à n’en pas douter le nucleus même de toute leur politique de superpuissance mondiale. C’est à partir de la maîtrise de ce pan de la planète qu’ils entendent consolider...