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Actualités - CHRONOLOGIE

Les Brigades d’al-Aqsa filment une « confession » pour dissuader les Palestiniens de collaborer

Après avoir tué, en une semaine, deux Palestiniennes accusées de « collaboration » avec Israël, un groupe armé palestinien a filmé la confession de l’une de ces deux femmes afin de dissuader d’autres Palestiniens de suivre cet exemple. « Si vous avez peur d’en arriver là, venez parler avec nous. Ainsi, nos frères ne seront pas tués », dit la voix de la vidéocassette, qu’une journaliste de l’AFP a pu regarder. Ce message glaçant conclut un film des Brigades des martyrs d’al-Aqsa, montrant la confession de la jeune Palestinienne avant qu’elle ne soit sommairement assassinée par ce groupe armé. Une semaine plus tôt, ce groupe issu du Fateh, le mouvement du président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, avait réservé le même sort à la tante de cette jeune femme, alors que les meurtres de collaboratrices présumées étaient jusque-là extrêmement rares. Raja Omar, 19 ans, et sa tante Ikhlasse Yassine, 35 ans, ont été enlevées par les Brigades, qui les ont fait passer aux aveux avant de les tuer. Leurs cadavres criblés de balles ont été découverts dans les rues de Tulkarem, respectivement le 30 et le 24 août. Les Brigades accusent Ikhlasse Yassine d’avoir aidé Israël à assassiner leur chef local pour Tulkarem, Ziad Daas, en juillet, et Raja Omar d’avoir aidé l’État juif à assassiner le prédécesseur de Daas, Raëd al-Karmi, en janvier. « Si elles n’avaient pas aidé (Israël) à tuer nos frères, nous ne les aurions pas tuées », dit Abou Firas, nouveau chef des Brigades pour cette ville du nord de la Cisjordanie. Devant la caméra, Raja Omar reconnaît avoir déposé des explosifs devant la maison de Karmi. Elle a aussi écrit et signé sa confession sur trois petites pages arrachées d’un calepin et dit avoir été aidée par un de ses oncles vivant en Israël. « Je suis désolée de ce que j’ai fait. Ne suivez pas ma voie : n’allez pas travailler en Israël, ou l’on fera pression sur vous » pour vous amener à collaborer, ajoute-t-elle, d’une voix claire et calme malgré sa mise à mort imminente. La plupart des hommes de la ville travaillaient en Israël avant le début de l’intifada, fin septembre 2000, qui a entraîné le bouclage des territoires palestiniens par l’armée israélienne. Ezzedine al-Charif, gouverneur de Tulkarem, estime que plus d’une dizaine de collaborateurs présumés ont ainsi été tués dans sa ville par des groupes armés au cours des vingt derniers mois. D’après Miassar Omar, sa mère, Raja Omar travaillait en Israël comme saisonnière pour la cueillette des goyaves et avait rendu visite l’année précédente à son oncle, qui habite depuis 1992 Haïfa, dans le nord du pays. Elle ajoute que tout le monde savait que son frère collaborait, mais refuse d’admettre que sa fille eût pu suivre la même voie. « Dieu seul le sait. Et si c’est le cas, elle a eu sa punition », gémit-elle en chassant ses larmes. Les six frères et sœurs de Raja Omar et les sept enfants d’Ikhlasse Yassine connaissent une période difficile depuis la disparition des deux femmes. Ala, 21 ans, frère de Raja Omar, employé dans une boulangerie, dit avoir été renvoyé « le jour de la découverte du meurtre » de sa sœur. Bakr, 17 ans, fils d’Ikhlasse Yassine, a été roué de coups, sans ménagement par les Brigades, avant, vraisemblablement, de donner sa mère. Abou Firas dit l’avoir épargné parce qu’il « était trop jeune et qu’il avait été manipulé par une mère indigne ». Les frères et les sœurs de Raja avaient déjà perdu leur père, abattu par un groupe armé, il y a un an, à sa sortie de prison après avoir purgé une peine pour collaboration. Le secrétaire général du Fateh pour Tulkarem, Abou Farouk, est catégorique : « Nous sommes totalement opposés à ce que des groupes fassent justice eux-mêmes ». Mais, ajoute-t-il de manière sibylline, « nous devons (leur) demander de patienter jusqu’à ce que les services de sécurité de l’Autorité palestinienne puissent faire de nouveau leur travail », lorsque l’armée israélienne aura levé le couvre-feu.
Après avoir tué, en une semaine, deux Palestiniennes accusées de « collaboration » avec Israël, un groupe armé palestinien a filmé la confession de l’une de ces deux femmes afin de dissuader d’autres Palestiniens de suivre cet exemple. « Si vous avez peur d’en arriver là, venez parler avec nous. Ainsi, nos frères ne seront pas tués », dit la voix de la...