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Actualités - CHRONOLOGIE

Dialogue - Une source proche de KC explicite à « L’Orient-Le Jour » la toile de fond de ce rendez-vous et son pourquoi Lahoud a fixé à Kornet Chehwane son deuxième rendez-vous : demain vendredi à 11h30

Si la rue, notamment chrétienne, ne peut que se féliciter de la réédition de la rencontre du 30 août 2001, elle se demande pourtant à quoi bon. Maintenant que le chef de l’État a fixé la date de l’audience qu’il va accorder au regroupement de Kornet Chehwane (KC) – cela aura lieu demain vendredi à 11h30 au palais de Baabda –, les Libanais s’interrogent sur ce que pourraient bien être les plus petits dénominateurs communs entre la position du chef de l’État (le principal allié de Damas au Liban) et celle du principal pôle d’opposition de l’Est politique (connu pour son intransigeance en ce qui concerne la tutelle syrienne). Concrètement, ils savent pertinemment que ni le général Lahoud n’enclenchera des discussions sur le rééquilibrage des relations libano-syriennes ni KC ne fera sienne la position d’un député ou d’un ministre gravitant dans l’orbite syrienne. Certes, le dialogue entre les deux parties ne se réduit pas qu’à l’indépendance et à la souveraineté du Liban. Mais il est évident que c’en est le cœur. Les Libanais se demandent à quoi bon, comment feront-ils pour que la réunion ne soit pas purement formelle, anecdotique, folklorique. Ce qu’il y a déjà de sûr, c’est que la délégation très élargie (mais sans Nassib Lahoud, en voyage, Amine Gemayel et Gabriel Murr pour des raisons protocolaires) de KC ne remettra pas un nouveau mémorandum au locataire de Baabda. Le Rassemblement reprendra le premier, celui qu’a reçu le général Lahoud l’an dernier (application de Taëf et redéploiement des forces syriennes, protection de la démocratie, poursuite de la réconciliation nationale, soutien aux Palestiniens, etc). Il en supprimera le paragraphe concernant la sécurité (c’était au lendemain des rafles du 7 août), et en ajoutera un qui aura pour thème la situation économique. Aujourd’hui, un comité interne de KC se réunira pour formuler et finaliser cette seconde mouture du mémorandum. Qui comprendra en exergue, et surlignée, exprès, au gros marqueur fluo, cette demande dont on parle beaucoup depuis quelques jours : que le chef de l’État parraine le dialogue entre les différentes factions libanaises. Et qu’il mette sur pied une commission nationale pour le dialogue. C’est d’ailleurs ce qu’a confirmé le président de la Chambre, Nabih Berry. Qui a rapporté, au sortir de sa rencontre hebdomadaire du mercredi avec le général Lahoud, « sa disposition habituelle à parrainer le dialogue interne ». C’est d’ailleurs ce que l’ensemble des visiteurs de Baabda a souligné hier. Ajoutant que le n° 1 de l’État est « un facteur d’unité, de rapprochement entre les différents points de vue, autour de valeurs communes ». Ces valeurs-là, selon les visiteurs d’hier, sont celles qui permettent de « préserver l’unité du pays, son immunité nationale, sa capacité à faire face à tous ces événements attendus dans la région ». Voilà pourquoi, ajoutent-ils, il est soucieux de renforcer le front interne, d’aplanir tous les obstacles, essentiels fussent-ils ou purement formels, afin d’aboutir à une position libanaise une et une seule pour aborder les rebondissements proche-orientaux. Et il est prêt, dit-on, à recevoir à Baabda des figures depuis longtemps absentes du palais. Et il l’a visibelemnt prouvé. C’est dans ce cadre-là qu’il faudra inscrire la rencontre de demain avec KC, ainsi que celles d’hier avec Nayla Moawad, Jean Obeid ou Farès Boueiz. Puisque selon des sources proches de Baabda, « le mouvement politique interne est, depuis quelque temps, la priorité du chef de l’État, qui a ressenti, de la part de certains pôles officiels ou politiques dont certains n’ont pas toujours été proches de Baabda, beaucoup de compréhension à l’égard de cette réalité ». La détermination du palais de Baabda à confirmer, et à réitérer sur tous les tons, la volonté de parrainage du dialogue par son actuel locataire est particulièrement significative : ce parrainage est la principale revendication de KC. Idem en ce qui concerne la disposition du n° 1 de l’État « à tout faire pour que ce dernier réussisse ». Rappelant que le succès du dialogue « ne dépend pas uniquement » du président. « Voilà pourquoi nous voulons rencontrer le général Lahoud. C’est loin d’être une rencontre purement protocolaire. KC est confronté en permanence à une surenchère. On ne cesse de nous demander de préciser nos positions pour que l’on accepte le dialogue. Il y a une situation extrêmement grave, et ce dialogue, nous l’avons proposé directement », rappelle une source proche de KC interrogée par L’Orient-Le Jour. À qui ? « À une partie de l’islam. À Rafic Hariri et à Walid Joumblatt. Sauf que le Premier ministre a donné à toutes ses attaques contre nous une couleur définitivement confessionnelle. Personne n’a accepté notre proposition de dialogue. On nous a combattus le plus salement possible. Nous allons mettre tout cela entre les mains du président. Qu’il s’en occupe. » Sauf qu’on dit, de sources ministérielles, que le président vous demandera de dialoguer au Parlement, de lui faire part des conclusions de ce dialogue, et qu’il se chargerait ensuite éventuellement de parrainer le dialogue avec la Syrie. « Très bien. Nous leur dirons, à tous ceux qui refusent pour l’instant le débat avec nous, que le président de la République nous a demandé de dialoguer avec vous. S’ils acceptent, tant mieux. S’ils n’acceptent pas, c’est tout aussi bien. » Il y a comme une impression, colportée par la rue, que cette année, contrairement à l’an dernier, vous utilisez la carte Lahoud contre Rafic Hariri. « Ce n’est pas vrai. Depuis août 2001, nous n’avons mené que des batailles contre Lahoud : les rafles, l’élection du Metn... Mais les coups les plus sournois, c’est de Rafic Hariri qu’ils sont arrivés. il essaie de nous détruire tant qu’il peut. De nous diviser, de mettre sur pied la Rencontre parlementaire de consultations (RPC), de faire de nous des traîtres auprès des Libanais. Pour vendre ensuite cette victoire sur KC aux Syriens. Et marquer des points contre Lahoud. C’est ce que celui-ci a essayé de faire l’an dernier. Et des accusations de collaboration avec Israël lancées par le camp de Baabda, nous sommes passés à celles d’incitation à la dissension confessionnelle, lancées cette fois par Koraytem. Depuis qu’il sait que nous allons voir le président, Rafic Hariri se déchaîne. » Pourquoi ? « Il a peur que la Syrie veuille créer des liens avec KC. Il pense que cela signifiera sa fin. Alors il montre aux Syriens que c’est inutile d’aller voir du côté de KC. Que Joumblatt et lui ont plein de chrétiens à disposition : voilà pourquoi ils mettent sur pied le RPC. Et maintenant que nous avons retrouvé notre spécificité, que nous avons rétabli la distance naturelle avec les aounistes, c’est encore plus compliqué pour lui. » Tout tourne finalement autour du conflit au sein de l’Exécutif. Cette rencontre que vous avez demandée, c’est finalement un beau cadeau pour le président de la République ? « C’est Hariri et Joumblatt qui nous ont poussés à le faire », souligne la source de KC. D’ailleurs, les sources proches de Baabda ont rapporté ces propos tenus par le chef de l’État à des ministres venus en audience ces derniers jours : « Si les positions plus qu’entêtées de certaines parties libanaises peuvent se justifier politiquement, il serait inadmissible qu’elles se poursuivent d’une façon aussi négative, sinon le fossé s’élargira de plus en plus et il sera fort difficile de le combler à partir d’une base nationale et pas confessionnelle. Cette responsabilité doit être assumée par ceux qui prennent ces positions architendues, qu’ils appartiennent à cette faction ou à l’autre. » Tout est dit. Il n’empêche, Kornet Chehwane devra forcément se souvenir que pour perdurer, pour arriver à ses fins, il lui faudra continuer à travailler sur une opposition (démocratique, argumentée et solide) aux trois pôles du régime. Et non pas à l’une ou à l’autre de ses composantes. Ziyad MAKHOUL
Si la rue, notamment chrétienne, ne peut que se féliciter de la réédition de la rencontre du 30 août 2001, elle se demande pourtant à quoi bon. Maintenant que le chef de l’État a fixé la date de l’audience qu’il va accorder au regroupement de Kornet Chehwane (KC) – cela aura lieu demain vendredi à 11h30 au palais de Baabda –, les Libanais s’interrogent sur ce que...