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Actualités - REPORTAGE

Une résurrection d’entre les pierres Le couvent Saint-Georges de Kleiat redevient un haut lieu de communion culturelle(photos)

Il est des lieux indifférents à l’agitation moderne. Situé entre le Metn et le Kesrouan, sur le domaine el-Roumieh, en référence à des ruines romaines préexistantes, le couvent Saint-Georges de Kleiat offre une architecture développée avec plénitude par les bâtisseurs d’une autre époque. Un havre de solitude et de recueillement où survivent des images du XVIIe et du XIXe siècle. Et que, dans un réflexe d’autoconservation, on veut sauver. Tout d’abord, une échappée historique vers ce lieu de prière qui portait à l’origine le nom patronal de Saint-Maron. La date de sa construction remonte, selon les écrits religieux, à 1643 ou 1696. Fondé par un donateur, Dagher Sfeir, comme couvent de moniales, il se convertit vers 1817 en collège public, avant d’accueillir vers la moitié du siècle passé des clercs et des séminaires. Durant la guerre 1975-1990, le bâtiment est transformé successivement en centre pour handicapés physiques et mentaux, puis en site d’hébergement pour les déplacés et les déshérités, avant d’être occupé par les miliciens. Cible des artilleurs, le couvent est gravement endommagé en 1990. Une partie de sa bibliothèque « riche en ouvrages », a été détruite. L’autre moitié, sauvée in extremis, se trouve aujourd’hui à Bkerké. Esprit d’époque À l’instigation de Mgr Guy Paul Noujeim, le couvent est aujourd’hui soumis au bistouri des restaurateurs. Le frère Maroun Zgheib supervise les travaux financés par le patriarcat maronite et des particuliers. « Le couvent doit retrouver son âme spirituelle, son visage de rencontre culturelle, d’échange intercommunautaire et internationale », dit le religieux. En effet, « le centre se veut un creuset de dialogue de culture, à travers des expositions, des ateliers d’éveil, de création artistique, des conférences et des camps qui serviront à tisser des liens entre jeunes Libanais de différentes confessions. À titre d’exemple, le 11 août, des jeunes du mouvement Amal rencontreront ceux de la région ». Par ailleurs, ajoute frère Zgheib, « le travail de la terre et la découverte de la nature serviront à développer le respect de l’environnement ». Ceinturée par 50 000 m2 de terrain, la construction a été érigée en trois phases : XVIIe, XIXe et début XXe siècle. Une « maison multiple » où on découvre les différentes traditions de bâtir, toujours adaptée à son environnement, ouverte à son paysage et à son horizon. Tous les ingrédients de l’architecture traditionnelle y sont réunis, répartis avec un sens très sûr du rythme, de la symétrie et des proportions. La façade nord déroule une galerie à arcades sur laquelle s’ouvrent les cellules des prêtres où, en décapant la pierre, l’on a mis au jour des cheminées. Les fenêtres à deux arches sont d’une simplicité qui semble lancer un défi hautain aux aléas du temps. Il y a des ouvertures cloisonnées, des portes basses dont quelques-unes sont surmontées d’un linteau de pierre sculpté de motifs floraux ou religieux (l’échelle de Jacob, Yacoub, l’aigle de saint Jean, une phrase de l’Évangile en écriture ottomane etc). Toutefois, les deux joyaux du couvent restent les voûtes à plein cintre qui longent la cour intérieure et l’église datant de 1849. Mais aussi, et surtout, les caves (XVIIe siècle) qui déploient leus voûtes en deux allées sur une cinquantaine de mètres de long et vingt mètres de large. Elles abritent un pressoir et un immense four. L’opération de sauvetage est très délicate. Faute de moyens, certains éléments manquants n’ont pas été refabiqués intégralement tels qu’ils étaient. À titre d’exemple, les volets dre bois ont été remplacés par de l’aluminium ! Témoin architectural d’un temps révolu, la restauration de cet édifice permet de maintenir une page de l’histoire du pays. Mais une telle opération est souvent plus coûteuse qu’une nouvelle construction. En l’occurrence le devis est de près d’un million de dollars. Le patriarcat maronite et les bienfaiteurs y ont déjà investi 350 000 dollars. Pour consolider entièrement la bâtisse, il faudrait encore quelque 600 000 dollars. Avis aux mécènes. L’ensemble, d’une grande élégance, porte un message de culture autant que de spiritualité. May MAKAREM
Il est des lieux indifférents à l’agitation moderne. Situé entre le Metn et le Kesrouan, sur le domaine el-Roumieh, en référence à des ruines romaines préexistantes, le couvent Saint-Georges de Kleiat offre une architecture développée avec plénitude par les bâtisseurs d’une autre époque. Un havre de solitude et de recueillement où survivent des images du XVIIe et du...