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Actualités - OPINION

Nuits beyrouthines L’ivresse virevoltante de la futilité

Tout se joue dans la longueur de la jupe, dans la mode du nombril découvert ou du vêtement fétichiste qui ne laisse plus rien à découvrir. Dans l’art d’afficher les seins tendus, offerts comme sur un plateau. Dans le galbe des jambes et le tangage des hanches qui scandent à la Morovia : « Et mes fesses, tu les trouves jolies mes fesses ? ». Dans le regard lourd d’intensité et de promesses... où les hommes se noient aussitôt. L’histoire ne concerne ni un milieu précis ni une élite privilégiée. Elle vise une clientèle plus vaste, mettant en scène jeunes filles et jeunes femmes carrément érotisées. À vous tétaniser. Aguicheuses, allumeuses, elles virevoltent dans les lieux publics et privés, électrisent la galerie, mènent la danse sur les tables, se sacrifiant sur l’autel de l’insouciance. À grand spectacle, elles veulent s’étourdir. Et c’est Beyrouth, avec elles, qui chope le vertige et s’embrase d’une frivolité qu’elles érigent en règle de vie. Fascinantes. Exaspérantes. Mais surtout redoutables d’assurance et d’audace. Aux tables voisines, les couples encaissent. Les dames, désemparées par tant d’arrogance, regardent, avec la tendresse d’un cobra congelé, leur conjoint bavant, aimanté par cet érotisme forcené, qui porte furtivement des toasts chaleureux. Certaines épouses tentent de maintenir une façade affable et détendue, car c’est là un rôle qu’elles maîtrisent depuis toujours. D’autres, graves et raides, expriment dans un style télégraphique, par phrases sèches, mordantes, leur mécontentement. Mais rien ne peut juguler la fièvre nocturne qui monte. Même les plus stoïques, ou les plus blasés, fixent d’un œil lubrique ces sirènes qui déchaînent les passions. Mais au fait, c’est quoi ces nuits ? Trop de vin ? Trop d’amour ? Trop de l’un, pas assez de l’autre ? Des nuits où des femmes veulent rire pour oublier le quotidien, laissant au vestiaire, l’espace d’un soir, leur identité et la vie qui va avec ? Parmi les convives, une petite observe avec des yeux immenses. Elle ne doit pas avoir plus de 16 ans. Et voit déjà ce qui l’attend. May MAKAREM
Tout se joue dans la longueur de la jupe, dans la mode du nombril découvert ou du vêtement fétichiste qui ne laisse plus rien à découvrir. Dans l’art d’afficher les seins tendus, offerts comme sur un plateau. Dans le galbe des jambes et le tangage des hanches qui scandent à la Morovia : « Et mes fesses, tu les trouves jolies mes fesses ? ». Dans le regard lourd...