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Actualités - OPINION

La Rencontre numéro deux se cherche toujours, en tentant déjà de s’élargir

Prestation télévisée remarquée avant-hier soir de Sleimane Frangié. Sur MTV. Ce qui prouve qu’il n’approuve pas le muselage. Il y a d’ailleurs tenu un discours objectif. Il existe dans le pays, dans le camp chrétien, chez les maronites, des lignes distinctes. Lui-même a fait son choix. Essentiellement stratégique, ce qui le porte à mettre de côté les broutilles internes qui fâchent. S’il se tient aux côtés du régime pour les options majeures, il n’en est pas un aficionado dans l’arène locale. Et, pour tout dire, il ne pense pas que l’autorité morale de Bkerké soit discutable. Une façon assez évidente de marquer son goût pour le dialogue. Qui transpirait du reste, effet naturel de la canicule, dans ses déclarations antérieures de Dimane. Où, à l’issue d’une entrevue avec le cardinal Sfeir, il avait lancé cette proposition : affirmons d’abord notre attachement commun aux constantes nationale. Mettons l’accent sur les thèmes unificateurs. Discutons ensuite, après les avoir répertoriés, les points qui nous divisent. C’est dans le même sens, dans le même esprit, qu’évolue la gestation de la Rencontre dite consultative. Ce groupe, au nucleus parlementaire, prévoit de tenir une assemblée constituante le 27, place de l’Étoile. Et ses principaux piliers, contre l’avis de certains radicaux, prônent l’ouverture. Au point qu’il est question d’inviter à cette réunion fondatrice même les députés chrétiens qui font partie de Kornet Chehwane. Le problème, sur le plan théorique, reste que les loyalistes sont convaincus qu’il n’y a pas de salut hors de leur propre chapelle. C’est ainsi que le leader zghortiote lui-même soutient que la ligne qu’il défend a largement prouvé qu’elle génère un projet national unificateur fondé sur l’édification d’un État véritable. Il met aussitôt en doute la justesse de l’autre courant, en appelant ses adeptes à démontrer la portée positive, utile de leur démarche. Surtout en termes d’instauration de l’État et de l’entente nationale. Ce qui semble vouloir dire en quelque sorte, et en clair, que le dialogue est certes souhaitable, mais à la seule condition qu’il débouche sur un ralliement de l’opposition aux thèses du camp prosyrien. De son côté le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, milite activement, par de longues rencontres explicatives, pour la naissance de la Rencontre consultative. Il plaide pour un dialogue calme, réfléchi, entre les courants chrétiens, opposants et loyalistes. Il regrette au passage que les gens de Kornet Chehwane aient cru devoir s’expliquer au sujet de Los Angeles avec des instances islamiques, sans en faire autant avec les pôles chrétiens. Cependant, en face, on ne paraît pas accorder à la formation loyaliste en gestation l’intérêt ou l’importance qu’elle-même se prête. C’est-à-dire que la plupart des opposants indiquent d’ores et déjà qu’à tout prendre, s’il faut traiter avec quelqu’un, leurs regards se tournent directement vers Damas. Autrement dit, mieux vaut s’adresser à Dieu qu’à ses saints. À quoi les loyalistes répondent que la Syrie elle-même, par la bouche du président Assad, a indiqué que les Libanais doivent s’entendre entre eux, avant de venir lui parler. Ajoutant qu’il ne faut d’ailleurs pas mélanger les torchons et les serviettes. Entendre que les litiges internes, objets d’un éventuel dialogue en circuit fermé, sont une chose et les relations à discuter avec le Syrie en sont une autre. D’autant que ce dossier ne peut être finalisé, ou même négocié, qu’au niveau étatique. Les mêmes sources fustigent globalement le ton adopté lors du meeting opposant d’Antélias, malgré le discours d’ouverture qu’a pu y tenir le délégué des FL, Jean Aziz. Et de conclure sur le sempiternel soupçon : les souverainistes ont l’air de miser sur des changements régionaux peu propices au frère syrien. Un pari présumé que de son côté Walid Joumblatt réprouve, en confirmant pour sa propre part les modifications de trajectoire rendues nécessaires par les retombées du 11 septembre. C’est-à-dire en rappelant que face à un danger commun qui se fait plus pressant, il faut faire front avec la Syrie et ne plus en réclamer le retrait avec insistance. La jonction avec Frangié est si évidente que les deux hommes vont se voir ce mercredi chez Fouad es-Saad. Et il est possible qu’à cette occasion, les députés joumblattistes chrétiens finissent par accepter l’invitation à la réunion du 27 qu’ils ont initialement déclinée. Parallèlement, et pour parachever son cap, Frangié a discrètement vu Élias Murr pour mettre un terme à la tiédeur antérieure de leurs relations politiques. Et consolider le front face à l’opposition de l’Est. Comme face aux visées de certaines fractions prosyriennes coupables, aux yeux de ces pôles, de dérapages mal contrôlés. Ces aimables échanges montrent, si besoin était, que le fruit n’est pas mûr et que le climat ne favorise pas encore un vrai dialogue interlibanais ou même interchrétien. Philippe ABI-AKL
Prestation télévisée remarquée avant-hier soir de Sleimane Frangié. Sur MTV. Ce qui prouve qu’il n’approuve pas le muselage. Il y a d’ailleurs tenu un discours objectif. Il existe dans le pays, dans le camp chrétien, chez les maronites, des lignes distinctes. Lui-même a fait son choix. Essentiellement stratégique, ce qui le porte à mettre de côté les broutilles...