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Actualités - OPINION

opinion Libre, vraiment ?

Années 40 : Georges Naccache et Ghassan Tuéni font de la prison. Années 50 : Georges Naccache, Ghassan Tuéni, Kesrouan Labaki, Dikran Tosbath et d’autres font de la prison, voient leurs journaux suspendus. Année 1958 : les articles en blanc dans les journaux sont plus nombreux que les articles imprimés. Années 60 : l’ère de la télé commence. La CLT et Télé-Orient sont « obligées » d’émettre « les problèmes de l’heure » (de « leurre » écrivaient les Dix Heures…). Camille Chamoun est interdit d’antenne (seul président présent aux obsèques de Béchara el-Khoury, il n’a pas été filmé par les cameramen !). puis Saëb bey, Kamel Assaad, Raymond Eddé sont eux aussi bannis du petit écran. Années 70 : avec l’ère Frangié on a pensé que la libéralisation arrivait. Dans un sens oui. Mais n’oublions pas les émissions censurées, le programme de Leila Rustom arrêté, la publicité dans an-Nahar interdite. Puis vint la guerre. Vingt ans de gabegie dans l’information télévisée, d’insultes échangées entre une station et l’autre toutes deux pourtant appartenant pour moitié à l’État, de bombardements réciproques, de totale liberté non pas de l’information, mais de l’invective virulente. En 1985, la LBC se targuait d’introduire la « véritable » liberté d’information et un certain Karim Pakradouni apparaissait à l’antenne pour proclamer les débuts d’une télé libre. Très libre même. L’odieuse expérience de la guerre TL/LBC en 90 devait traumatiser les téléspectateurs, plus encore que les bombardements aveugles. Puis arriva la déferlante des stations illicites. On en compta jusqu’à 54 à un moment donné. La loi 382/94 allait réglementer cette situation. Une loi conçue non pas à l’image d’un État moderne, mais à l’image des hommes politiques à qui on allait distribuer la « manne » publicitaire (comme le croyaient certains esprits chérubins). Et cette loi de l’audiovisuel a charrié avec elle tous les problèmes auxquels le panorama de la télé fait face : a) Quand le président Hariri, en 1996, demande à Télé-Liban de couvrir ses meetings électoraux, agit-il comme Premier ministre ou comme propriétaire de la Future ? b) Quand la même Télé-Liban passe des clips innommables contre le président Hariri, agit-elle comme télé publique (en principe équidistante de toutes les parties) ou comme télévision de l’État, voire des services de l’État ? c) Quand Future donne exclusivement la parole aux candidats haririens aux élections 2000 sans inviter les Abou Youssef, Sélim Hoss, Ahmad tabbarah et autres, suit-elle la loi ? d) Quand la LBC se voit intimer des « conseils » pour écarter des ténors de l’opposition, qui transgressent la loi, d’elle ou des demandeurs ? e) Quand la NBN mène des campagnes farouches contre les défenseurs de « l’agence exclusive », transgresse-t-elle la loi ou non ? f) Quand la MTV, pour des raisons strictement familiales, boycotte des années durant un ministre de l’Intérieur, est-elle dans son droit ? g) Et quand l’information audiovisuelle n’est plus régie par la loi de l’audiovisuel, mais par des plaintes déposées par un service de l’État, cela n’est-il pas en contradiction flagante de l’article 52 de la loi qui dit : « Toutes les dispositions en contradiction avec les dispositions de cette loi sont annulées. » Or l’article 3 de cette même loi stipule : « l’audiovisuel est libre, la liberté de presse est exercée dans le cadre des dispositions de la constitution et des lois exécutoires. » Irai-je en prison pour avoir signé cet article ? Jean-Claude BOULOS
Années 40 : Georges Naccache et Ghassan Tuéni font de la prison. Années 50 : Georges Naccache, Ghassan Tuéni, Kesrouan Labaki, Dikran Tosbath et d’autres font de la prison, voient leurs journaux suspendus. Année 1958 : les articles en blanc dans les journaux sont plus nombreux que les articles imprimés. Années 60 : l’ère de la télé commence. La CLT et Télé-Orient sont...