Réactions - Des piliers de Kornet Chehwane dénoncent l’« arbitraire » des poursuites contre les chaînes de TV Levée de boucliers au sein de l’opposition chrétienne

Les poursuites engagées contre les chaînes LBC et MTV ont suscité une levée de boucliers au sein de l’opposition chrétienne. Des piliers du Rassemblement de Kornet Chehwane ont dénoncé l’« arbitraire » de ces poursuites et mis en garde contre toute limitation de la liberté de la presse. Le président du Renouveau démocratique et député du Metn, Nassib Lahoud, a accusé le pouvoir de « revenir à la politique de répression des libertés de presse » et de « chercher à punir les médias qui ne se soumettent pas à son bon vouloir et qui exercent leurs activités dans le cadre de la marge de liberté et de pluralité d’opinion garantie par la Constitution ». « Tout le monde sait que les poursuites engagées contre la MTV et la LBC ont des connotations politiques claires », a poursuivi M. Lahoud. Selon lui, « ces poursuites visent à sanctionner les médias qui ne se contentent pas d’encenser les dirigeants, s’emploient à diffuser toutes les opinions, y compris celles des opposants, et tentent de présenter les problèmes dans leur réalité, ce qui constitue une condition première à un règlement de ces problèmes ». « Affirmer que la MTV a diffusé des vidéo-clips de propagande électorale est nul et non avenu, les vidéos en question n’ayant comporté que des appels aux citoyens à remplir leur devoir électoral. Ce n’était donc de la part de la chaîne qu’une légère compensation d’une lacune imputable aux autorités, lesquelles s’employaient alors à gaspiller leur énergie en appelant les électeurs à violer la loi en ignorant l’isoloir », a souligné le député du Metn. Il a conclu en estimant que cette « nouvelle campagne de répression ne saurait régler les véritables problèmes » de ce pays. « Au contraire, elle ne fait que les compliquer davantage et ébranler la confiance politique et économique, de sorte que, dans quelque temps, les responsables viendront à s’interroger : mais où sont donc passés les investisseurs ? » Inquiétude de Harb De son côté, le député de Batroun, Boutros Harb, a fait valoir que la manière avec laquelle ont été engagées les poursuites contre les médias « suscite l’inquiétude au sujet des libertés de presse et d’expression ». Estimant que ces poursuites « sont arbitraires et ne touchent jusqu’ici que des médias opposants », M. Harb souligne que « le plus grave dans l’affaire, c’est que les poursuites visent concrètement à interdire tout examen de certains thèmes politiques et à caractère national sous des prétextes divers, tels que les atteintes aux relations avec des pays frères, l’incitation aux dissensions confessionnelles ou encore les dommages causés à la réputation du pays ». Pour le député de Batroun, ces prétextes constituent de « vastes plates-formes, propices au règne de l’arbitraire et à la répression des voix opposantes en muselant les médias qui les diffusent ». Se disant respectueux de la loi et de la nécessité du maintien de l’ordre et affirmant sa confiance dans la justice, M. Harb n’en a pas moins critiqué le timing des poursuites et déclaré s’attendre à ce qu’elles soient rejetées pour « illégalité ». « Le pouvoir exécutif ne cherche pas à faire appliquer la loi, il souhaite plutôt réduire au silence l’opposition », a-t-il encore dit. Le député de Jbeil, Farès Souhaid, a, pour sa part, souligné, à l’issue d’un entretien à Dimane avec le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, que les poursuites contre la LBC et la MTV faisaient partie de « l’offensive politique menée depuis douze ans contre une partie des Libanais ». M. Souhaid, qui était accompagné d’un autre membre de Kornet Chehwane, Samir Frangié, s’est écrié : « Cela suffit ! Lorsqu’une catégorie de Libanais boycotte les élections de 1992, on lui reproche de ne pas bien assimiler les données régionales. Lorsqu’elle participe au scrutin de 2000, on l’accuse de miser sur les données régionales. » « Si nous tentons de défendre l’accord de Taëf, on nous fait passer pour des traîtres, et si nous critiquons Taëf, nous sommes aussi des traîtres », a-t-il encore lancé. Pierre A. Gemayel, autre député du Metn, a souligné que « la faute reprochée aux médias est d’avoir fait la lumière sur certains aspects des pratiques et politiques néfastes qui auraient dû rester secrètes ». Enfin, le PNL a dénoncé « une tentative d’étouffer la presse et de la domestiquer en muselant l’opposition et en imposant la pensée unique ».