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Actualités - CHRONOLOGIE

Audiovisuel - Le ministre de l’Information soutient que personne ne prend pour cible les médias au Liban Aridi ignorait tout des poursuites contre la MTV...

Il y a quatre jours, une source ministérielle a fait comprendre à L’Orient-Le Jour, à propos des sanctions contre la LBC après la tuerie de Mazraa, que tout cela « n’est qu’un paravent ». Que c’est « la MTV qui est surtout visée ». La source en question a évoqué « ces flagorneurs, ces flatteurs, qui gravitent autour de Baabda, qui en veulent à la MTV comme jamais, et qui n’ont eu de cesse de convaincre le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, de fermer cette chaîne de télévision ». « Sans succès, ce dernier refusant catégoriquement les excès de zèle des voyous et des terroristes », a-t-elle ajouté (voir L’Orient-Le Jour du mercredi 7 août). La réaction des contempteurs ultrazélés de la MTV ne s’est pas fait attendre longtemps. L’occasion offerte par le « dérapage » de la LBC (bétonnée par la volonté de l’État d’appliquer, après le 11/07/2002 et stricto sensu, la loi sur l’audiovisuel) était trop belle pour la laisser passer. Avant-hier jeudi, le procureur général près la Cour de cassation de Beyrouth, Joseph Maamari, avait engagé des poursuites contre la MTV pour atteinte aux relations avec la Syrie, à la dignité du chef de l’État, Émile Lahoud, et pour propagande électorale illicite. Selon lui, le programme Sondage (Istifta’) de Ziad Noujeim, diffusé il y a deux semaines, contient des séquences qui « troublent les relations du Liban avec un pays frère (la Syrie), qui portent atteinte à la dignité du chef de l’État, qui sont des insultes à l’encontre des services de sécurité et qui troublent l’ordre public ». Une source autorisée à la MTV, interrogée par L’Orient-Le Jour, explique que l’accusation doit être appréhendée en deux parties. « La première ressemble à celle qui a visé la LBC. Elle s’inscrit dans le cadre de l’après-11 juillet et dépend du Tribunal des imprimés. L’émission de Ziad Noujeim a eu lieu trois jours après l’entrée en vigueur de la loi, le dimanche 14 juillet. C’était un excellent programme. Nous n’avons absolument pas dérapé. Dans tous les cas, nous ne sommes responsables que des propos tenus par notre animateur. L’autre problème est beaucoup plus gros. Ils sont remontés deux mois en arrière, pour nous accuser de publicité électorale illicite. C’était donc avant le 11 juillet. Tout cela sachant que le Conseil des ministres a décidé d’amnistier toutes les fautes commises avant cette date. Ce qu’il y a de très grave, c’est que si la justice décide qu’il s’agit d’une infraction à l’article 68 de la loi sur les imprimés et de publicité électorale illicite, elle peut décider la suspension de la MTV ou sa fermeture définitive », rappelle la source précitée. Éminemment politique « Vous avez entendu l’ancien bâtonnier, Chakib Kortbawi. Qui a souligné que même un criminel a le droit de se défendre. Et que les avocats n’accepteront pas que la MTV soit fermée sans qu’elle puisse se défendre. Il a également déclaré que dans l’esprit de la loi, celle-ci n’a plus aucun effet. Puisque légalement, ils auraient dû fermer la chaîne de télévision durant la période qui a précédé les élections, c’est-à-dire celle au cours de laquelle la “publicité électorale illicite” a eu lieu. Et puis imaginez ce pouvoir, ces prérogatives que vous donnez à un seul juge, alors que ni le Conseil national de l’audiovisuel ni le Conseil des ministres n’en disposent », ajoute la source autorisée à la MTV. « Dans tous les cas, le ministre de l’Information a demandé à la direction de notre chaîne de patienter. Qu’il allait s’en occuper. Mais je doute qu’il puisse faire quelque chose, face à eux... » Eux ? « Élias Murr, Jamil es-Sayyed, etc. Et puis comme le Premier ministre est en voyage... », rappelle la source précitée. Vous ne pensez pas alors que les raisons de toutes ces attaques contre vous (qui ne sont évidemment pas liées à des considérations d’information) ont transcendé même le politique, pour devenir personnelles ? « Non, pas vraiment. C’est éminemment politique. » Tellement politique que le ministre de l’Information lui-même a reconnu, au cours d’une conférence de presse (au sortir de sa réunion avec les responsables de médias audiovisuels), qu’il n’était absolument pas au courant des poursuites engagées contre la MTV par le juge Maamari. « Sur demande de la Sûreté générale », a-t-il précisé. « Personne ne m’a mis dans l’ambiance. Personne ne m’a averti au préalable », a-t-il renchéri. Soulignant à l’une des journalistes que cet acte, s’il « n’outrepasse pas les prérogatives » du ministre de l’Information, n’en est pas moins « un sujet très délicat, qui s’est répété plusieurs fois. C’est la manière avec laquelle cela a été fait qui est inadmissible. M’avertir aurait été la moindre des choses, ne serait-ce que pour un minimum de coordination, face aux médias et à l’opinion publique », a-t-il souligné. Martelant ensuite qu’il « faut laisser la justice travailler. Personne n’a quelque chose contre ce travail, ni la LBC ni la MTV. Et quel que soit notre avis à propos de deux émissions incriminées, Pierre Daher et Michel (Gabriel) Murr ont été plus que positifs durant nos réunions. Maintenant, il faut que les choses suivent leur cours naturel, que tout cela se calme. Que tout se fasse sous l’ombrelle de la loi, qui, je vous le dis, protège les libertés publiques, individuelles et médiatiques », a assuré Ghazi Aridi. Qui a estimé qu’il existait bel et bien « une campagne contre la Syrie, contre l’État, contre le président de la République et contre le régime, de la part de certaines personnes qui se sont autoproclamées défenseurs d’une communauté ou d’une fraction libanaise donnée ». Confessant également que ces deux dossiers l’ont « peiné », et que « personne ne veut viser les médias au Liban ». Le communiqué de la MTV Il n’empêche, la direction de la MTV a publié hier un communiqué, explicitant cette nouvelle attaque contre les médias en général et contre elle en particulier. « La MTV a refusé la soumission et le clientélisme. C’est un îlot de lumière, en plein dans cette obscurité que le pouvoir a installée dans le pays. Pourquoi cette incessante haine à notre égard ? Parce que nous avons refusé de couvrir l’échec cuisant de ce pouvoir et de ses Services dans la gestion des affaires politiques et économiques, nous avons refusé de maquiller la laideur et les horreurs du pouvoir, notamment en ce qui concerne la répression des libertés. La MTV n’a pas bafoué la loi. Ce sont les gens du pouvoir qui bafouent la loi. Ce sont eux qui dilapident les ressources de l’État. Ce sont eux qui se critiquent les uns les autres. Ce sont eux qui ternissent les relations du Liban avec les pays amis, qui souillent l’image du Liban, qui effraient les investisseurs. Et après chacun de leurs combats, vains et haineux, ils se retrouvent pour “épancher leurs cœurs”... Mais avec quoi ? Avec le sang des Libanais, avec leur sueur, leurs biens, l’avenir de leurs enfants, tout en préparant le prochain conflit », ajoute le communiqué. Qui promet ensuite aux Libanais que la MTV « gagnera, une nouvelle fois, grâce à la loi. Et le Liban ne sera que comme le souhaitent ses habitants : une oasis de libertés, le porte-voix des hommes libres ». Quant au président du conseil d’administration de la LBC, Pierre Daher, il a longuement raconté hier, au cours du JT de sa chaîne, ce qui s’est passé le mercredi 31 juillet entre lui et Ghazi Aridi (voir L’Orient-Le Jour du mercredi 7 juillet). Demandant en outre à ce que « l’on arrête de faire l’autruche. Il y a un problème confessionnel, parlons-en et essayons de le régler. D’autre part, le ministre Aridi dit qu’il n’était pas au courant pour la MTV ? Mais qui est responsable de l’information alors ? Est-ce que quelqu’un est en train de travailler à son insu ? » s’est demandé Pierre Daher. À cette question, il ne serait pas difficile de répondre par l’affirmative. Il n’y a pas de hasard. Que la LBC serve de paravent (pas tant que ça tout de même : il suffit de se souvenir de la campagne tous azimuts menée contre le Premier ministre), que la MTV soit la véritable cible à abattre par tous ceux qui ont rayé de leur vocabulaire les mots liberté et démocratie, que certains s’accrochent à leur volonté de niveler les médias audiovisuels et la presse écrite, au Liban, par le bas, en les rêvant point par point identiques à tout ce que l’on trouve dans les crypto-dictatures voisines ou régionales, tout cela est bien secondaire... L’État est en train de fouler aux pieds, de nouveau, l’un des principes les plus élémentaires qui fait les pays civilisés. La liberté de leurs médias. Un concept qui doit certainement faire glousser, ou ricaner, plus d’un pôle du pouvoir. Mais dont le viol de plus en plus répété, aussi outrancièrement et pour des motifs politiques bassement revanchards de surcroît, risque d’enfoncer le Liban, encore plus loin, dans cet obscurantisme où se complaisent sans états d’âme des « pays frères ». Adieu, alors, veaux, vaches, cochons, Paris II, partenariat euromed, investisseurs, etc. La bêtise n’a jamais sied à un État. Surtout lorsqu’il est en voie de développement. Ziyad MAKHOUL
Il y a quatre jours, une source ministérielle a fait comprendre à L’Orient-Le Jour, à propos des sanctions contre la LBC après la tuerie de Mazraa, que tout cela « n’est qu’un paravent ». Que c’est « la MTV qui est surtout visée ». La source en question a évoqué « ces flagorneurs, ces flatteurs, qui gravitent autour de Baabda, qui en veulent à la MTV comme jamais,...