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Actualités - CHRONOLOGIE

MÉDIAS - Télé-Lumière risquerait-elle la fermeture ? Les stations religieuses à nouveau en conflit avec l’État

La guerre des médias a-t-elle repris ? Parallèlement au conflit qui oppose depuis une semaine la LBC à l’État, suite aux accusations portées contre cette chaîne d’incitation aux dissensions confessionnelles, un autre désaccord est apparu entre le ministère de l’Information et certains médias à caractère religieux, considérés comme « illégaux ». La Voix de la Charité (Sawt el-Mahabba), la Voix du Coran (Sawt el-Coran al-Karim) et Télé-Lumière, trois médias qui ont bénéficié jusqu’ici de « circonstances atténuantes » aux dires des autorités concernées, devront bientôt se plier à la récente décision du ministre de l’Information qui stipule la fermeture des médias fonctionnant sans autorisation, d’ici au 15 septembre prochain. Tel n’est pourtant pas l’avis des responsables de ces médias, qui assurent que leur statut est on ne peut plus légal, puisqu’ils ne font qu’appliquer la décision ministérielle n° 33 de 1996, autorisant les deux radios religieuses à diffuser sur les ondes de Radio-Liban et de Télé-Lumière sur les fréquences de Télé-Liban. Quant à la condition requise par cette décision, elle contraint Télé-Lumière à partager les heures de diffusion avec une télévision musulmane, chacune ayant droit à 12 heures d’antenne. L’État en contrepartie s’engage à payer des subventions à la télévision religieuse. « Cette décision n’a pas été appliquée jusqu’à présent », affirme le président du Conseil national de l’audiovisuel, Abdel Hadi Mahfouz, qui estime qu’il est temps de mettre un peu d’ordre dans le paysage audiovisuel. « Pour une fois que l’on décide de réguler ce secteur, on s’attend au moins à ce que les instances religieuses suivent et donnent le bon exemple », affirme M. Mahfouz. De son côté, le directeur du Centre catholique de l’information, le père Abdo Abou Kasm, qui suit de près le dossier de l’information religieuse, persiste à dire que Télé-Lumière, aussi bien que la Voix de la Charité et la Voix du Coran se sont pliées aux exigences de la décision ministérielle de 1996. « C’est l’État qui n’a pas respecté ses engagements, puisqu’il n’a jamais avancé les aides promises à Télé-Lumière», dit-il, ajoutant : « Quant à la clause relative à la diffusion sur les ondes et fréquences de Radio et Télé- Liban, elle n’a pas pu être exécutée par ces médias, dans la mesure où, à l’époque, ils n’avaient pas techniquement les moyens de collaborer avec nous .» Reste la question du partage de l’antenne entre les deux communautés, une clause que refusent en chœur les instances religieuses des deux bords. « Je ne vois pas où est le problème, puisque Dar el-Fatwa, qui est directement concernée, n’est pas non plus d’accord sur cette formule. D’ailleurs, la communauté sunnite est en train de mettre sur pied sa propre télévision », répond le père Abou Kasm, en laissant entendre que l’idée de partage est pratiquement « imposée d’en haut». Selon lui, la décision ministérielle de 1996 est toujours valable, et les trois médias ne sont aucunement concernés par la fermeture des médias illégaux. « Pourquoi avoir adopté cette décision de 1996 s’ils (les responsables) ne veulent plus la prendre en considération ? » s’interroge le père Kasm, en rappelant que ce texte avait été décidé en concertation avec le patriarcat maronite. Abdel Hadi Mahfouz persiste et signe : « La loi doit être appliquée à tous. On ne peut pas interdire certaines radios non autorisées et permettre à d’autres de continuer. » Le président du CNA affirme que l’État est disposé à n’épargner aucun effort pour trouver une solution à l’amiable, à condition qu’elle ne se fasse pas aux dépens de la légalité. « Les trois médias ont actuellement le choix entre appliquer à la lettre la décision ministérielle, ou se plier à la loi en vigueur et soumettre une demande d’autorisation au Conseil des ministres. Cela signifie qu’ils doivent payer leurs droits à l’État et remplir les conditions stipulées dans le cahier des charges », indique M. Mahfouz. Les médias religieux rétorquent qu’ils n’ont pas les moyens de s’acquitter d’une telle somme – 125 millions de LL pour l’obtention de l’autorisation et 25 millions d’abonnement annuel –, n’étant pas des entreprises commerciales et ne bénéficiant pas, par conséquent, de rentrées publicitaires. « Le gouvernement sait pertinemment que nous représentons des médias à vocation spirituelle, pédagogique et nationale et que nous n’avons pas les moyens matériels nous permettant d’obtenir une autorisation », rappelle le père Abou Kasm, qui craint que la position du gouvernement ne soit « motivée » par des considérations politiques. « C’est une manière de faire pression sur les médias religieux », conclut-il. Jeanine JALKH Poursuites contre la MTV Le procureur général près la Cour de cassation de Beyrouth, Joseph Maamari, a engagé hier des poursuites contre la MTV pour atteinte aux relations avec la Syrie, à la dignité du chef de l’État Émile Lahoud et propagande électorale illicite. M. Maamari a traduit en justice le responsable des programmes politiques, Boulos Haddad, le présentateur d’un programme intitulé Sondage, Ziad Noujeim, « ainsi que toute personne qui s’avérerait être complice », selon une source judiciaire. Selon M. Maamari, le programme « Sondage » contient des séquences qui « troublent les relations du Liban avec un pays frère (la Syrie), qui portent atteinte à la dignité du chef de l’État, qui sont des insultes à l’encontre des services de sécurité et qui troublent l’ordre public ». Le juge d’instruction Hatem Madi a été chargé d’interroger les accusés. Les prévenus risquent des peines de un à trois ans de prison et des amendes de 50 millions à 100 millions de livres libanaises. M. Maamari accuse en outre la MTV de propagande électorale illicite lors de la législative partielle du Metn en juin. Cette plainte est la conséquence d’une ouverture le 29 mai, sur ordre du procureur général de la République, Adnan Addoum, d’une information judiciaire contre la MTV, dont le propriétaire, Gabriel Murr, a été élu député. M. Addoum avait alors remis à M. Maamari un rapport de la Sûreté générale sur la diffusion par la MTV de clips électoraux en faveur de son propriétaire. Si la justice décide qu’il s’agit d’une infraction à l’article 68 de la loi sur les imprimés et de propagande électorale illicite, elle peut décider la suspension de la MTV ou sa fermeture définitive. Gabriel Murr sur Internet Le député du Metn, Gabriel Murr, sera l’invité ce soir à 22h de Loubnan al-Mouwahad, un forum de discussion sur Internet auquel participeront des Libanais résidents ou à l’étranger. Ce forum œuvre à unifier les positions des citoyens de différentes confessions autour des thèmes de la liberté, de l’indépendance et de la souveraineté du pays. Pour participer à la discussion, il suffit d’ouvrir l’adresse suivante www.free-lebanon.net et de télécharger le programme paltalk. Rappelons que Loubnan al-Mouwahad a déjà accueilli de nombreuses personnalités politiques, notamment MM. Gebrane Tuéni, George Haoui, Dory Chamoun, le général Michel Aoun, Raffi Madayan, Nasser Kandil et d’autres. Aridi : « Nous avons agi au nom de la loi » « Nous nous trouvons à l’avant-garde pour ce qui est de la protection de l’information et des journalistes », a déclaré hier le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, au cours du lancement du Festival des pins, à Ras el-Metn. Faisant part de son espoir de voir « collaborer » toutes les parties en présence « afin d’éliminer les sensibilités et de mettre en échec les calculs de ceux qui cherchent à créer des provocations », le ministre a rappelé qu’il a de tout temps défendu les médias. Faisant allusion au conflit qui l’oppose depuis une semaine à la LBC, M. Aridi a ajouté : « Lorsque nous avons agi de la sorte , nous nous sommes référés à la seule légalité (...), loin de l’arbitraire et des règlements de comptes. » Évoquant les critiques et les accusations qui lui ont été adressées à ce sujet, il a affirmé qu’elles ne sont pas justifiées. « Nous sommes loin d’avoir instauré ce que certains ont appelé un “système médiatique sécuritaire” », a poursuivi le ministre, en précisant qu’il cherche plutôt à « sécuriser » l’information. Par ailleurs, M. Aridi a tenu hier une réunion avec les représentants de quelques radios autorisées qui n’ont pas pu obtenir le droit de diffusion sur des ondes déterminées. Le ministre de l’Information a demandé à ces radios d’arrêter leurs émissions jusqu’à ce que le ministère des Télécommunications finalise le plan directeur de l’audiovisuel, qui doit être mis en place d’ici à septembre prochain. Les participants ont fait part de leur volonté de coopérer, exprimant l’espoir que le problème soit réglé au plus tôt. Quant à la réunion prévue avec les représentants des radios politiques, elle a été reportée à aujourd’hui, à la demande de ces derniers qui ont en outre réclamé la participation des représentants de tous les médias audiovisuels.
La guerre des médias a-t-elle repris ? Parallèlement au conflit qui oppose depuis une semaine la LBC à l’État, suite aux accusations portées contre cette chaîne d’incitation aux dissensions confessionnelles, un autre désaccord est apparu entre le ministère de l’Information et certains médias à caractère religieux, considérés comme « illégaux ». La Voix de la...