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Actualités - CHRONOLOGIE

Meeting - Gemayel, Chamoun, Aoun, G. Murr et Jean Aziz principaux orateurs Toute l’opposition présente à Antélias pour commémorer le 7 août 2001

Toute l’opposition a participé hier au meeting oratoire commémorant le 7 août 2001, tenu à l’initiative du Courant patriotique libre (CPL) à la salle de réceptions de l’église Saint-Élie à Antélias. Les représentants de l’opposition, qui ont pris la parole, notamment l’ancien président de la République Amine Gemayel, le chef du PNL Dory Chamoun, le député Gabriel Murr, le cancérologue Philippe Salem, le représentant des Forces libanaises dissoutes Jean Aziz, le général Michel Aoun, ont réclamé l’instauration d’un gouvernement d’union nationale qui serait issu d’une véritable réconciliation entre tous les Libanais. Une réconciliation possible, selon eux, grâce à des élections libres et représentatives, au retour d’exil du général Aoun et à la libération de Samir Geagea et de Toufic Hindi. Ils ont appelé à l’application de la 520 qui implique le retrait de toutes les forces étrangères du territoire libanais et au rééquilibrage des relations libano-syriennes, refusant encore que « le Liban soit gouverné par Damas ». Les représentants de l’opposition se sont également penchés sur la situation économique du pays ainsi que l’atmosphère confessionnelle qui y règne. Très critique envers le gouvernement libanais, le général Michel Aoun, qui s’est adressé à l’assistante par téléphone à partir de Paris, a, dans une allusion indirecte au président Lahoud et au chef du gouvernement, accusé le premier d’être « le parrain des services qui terrorisent les citoyens » et le second de « pratiquer une politique de paupérisation, tous les deux bénéficiant de la protection de l’occupation », a-t-il indiqué. On comptait environ 2 000 personnes hier à Antélias. Il y avait, certes, les représentants de l’opposition, notamment les membres de Kornet Chehwane, Nassib Lahoud, Farès Souhaid, Mansour Ghanem el-Bone, Samir Frangié, Farid el-Khazen, Simon Karam, Nadim Salem, Camille Ziadé, les députés Pierre Gemayel, Nehmetallah Abi Nasr, les représentants du CPN arrêtés au cours des rafles du 7 août, le général Nadim Lteif et Hikmat Dib, Mmes Solange Béchir Gemayel et Claude Toufic Hindi, le militant FL arrêté durant quatre mois à l’issue des rafles de l’année dernière Selmane Samaha, les anciens candidats aux législatives 2000 Massoud Achkar et Rafi Madayan, et beaucoup d’autres. Huées et slogans hostiles Il y avait aussi des jeunes, beaucoup de jeunes militants du CPL, des FL, de la base Kataëb et du PNL, qui ont brandi leurs drapeaux et leurs portraits habituels. La plupart des personnes emprisonnées l’année dernière, à l’issue des arrestations du 7 août ainsi que des jeunes qui ont été passés à tabac devant le Palais de justice le 9 août 2001 ont également assisté au meeting oratoire. La foule présente au salon et sur le parvis de l’église Saint-Élie, à Antélias, a longuement hué le nom du président de la République Émile Lahoud lors du discours prononcé par M. Gemayel. Et comme d’habitude, des slogans hostiles à la Syrie ont également été scandés à plusieurs reprises. Mais la foule qui brandissait ses drapeaux en applaudissant ou encore qui huait la Syrie en fonction de la teneur des propos des orateurs a réussi, à l’initiative de Dory Chamoun, à observer une minute de silence à la mémoire de l’ancien président Camille Chamoun, des martyrs de l’indépendance et des victimes de la tuerie de Mazraa le 31 juillet dernier. Premier à prendre la parole, le président Gemayel a d’abord souligné qu’il aurait été de loin préférable que le meeting (d’hier) ait eu pour objectif de « célébrer la réconciliation historique qui a eu lieu dans la montagne le 3 août (2001) plutôt que de commémorer le coup de force du 7 août qui avait pour objectif de torpiller une telle réconciliation ». « Au lieu d’œuvrer afin que cette réconciliation s’étende à tout le pays, ils se sont empressés de la réprimer sauvagement en se livrant à des centaines d’arrestations », a-t-il déclaré. « Ce pouvoir, a ajouté le président Gemayel, ne cesse d’apporter la preuve qu’il est l’antithèse de la réconciliation nationale. Il prétend œuvrer en vue de la réconciliation, mais en réalité il semble la craindre. On a l’impression que la raison d’être de ce pouvoir est la division entre les Libanais (...) L’État sécuritaire s’est substitué à l’État de droit et des institutions, mais la sécurité n’a toujours pas été rétablie et les assassinats politiques ou autres se multiplient comme du temps de la guerre, alors que les relations entre les communautés restent marquées par la méfiance. » L’ancien chef de l’État a souligné que « la réconciliation nationale, qui n’a toujours pas été réalisée, doit se faire entre les communautés, lesquelles sont seules habilitées à se prononcer sur le principe de la représentation confessionnelle au niveau du pouvoir. La tension confessionnelle est due à l’absence de participation à la décision politique. Si la réconciliation nationale avait été réalisée, nous n’aurions pas assisté à des surenchères confessionnelles ». Après avoir souligné que « les Libanais devraient être en mesure de choisir leurs représentants en toute liberté », le président Gemayel a déclaré que « le déséquilibre dans les relations libano-syriennes est dû à la présence d’une classe politique qui ne se sent pas responsable devant les Libanais ». Après avoir déploré le fait que « le Liban soit gouverné à partir de Damas », le président Gemayel a déclaré : « Nous ne comprenons pas pourquoi le déploiement de l’armée libanaise à la frontière sud servirait la sécurité d’Israël alors que le déploiement de l’armée syrienne sur le front du Golan ne sert pas la sécurité d’Israël. » Chamoun : « Les vrais criminels se baladent dans des îlots de sécurité » M. Dory Chamoun, chef du PNL, s’est arrêté sur les événements du 7 août, l’année dernière, « lorsque la visite du patriarche maronite dans la montagne islamo-chrétienne s’est terminée par l’arrestation de dizaines de Libanais qui ont appelé au rétablissement de la souveraineté et de l’indépendance, contrariant ainsi ceux qui maîtrisent l’indépendance et la souveraineté du pays ». « Ces gens ont été jetés en prison, insultés et torturés, et, parmi eux, certains croupissent toujours en prison alors que de vrais criminels se baladent au sein d’îlots de sécurité qui défient chaque jour l’État et la loi », a-t-il ajouté. Selon M. Chamoun, ce qui s’est passé à cette date n’est « en fait que la reproduction de ce qui se passe depuis 365 jours et depuis que le pouvoir a été spolié, le 13 octobre 1990, lorsqu’un groupe de dirigeants, qui n’a rien à voir avec le pouvoir et le concept de gouvernement, a été imposé au pays ». Après avoir mis en garde contre les conséquences de la détérioration « financière, économique, sociale, politique, juridique, administrative, morale et de sécurité » dans le pays, le chef du PNL a reproché à ceux qu’il critique de se prévaloir de l’accord de Taëf « alors qu’ils sont les premiers à avoir bafoué ses principes et ses résolutions ». Il s’est indigné de ce que les appels au rétablissement de la souveraineté, au respect des droits humanitaires et internationaux constituent une trahison pour ces gens. M. Chamoun a appelé à l’organisation d’un congrès national au terme duquel un gouvernement réduit représentant toutes les parties serait formé. Ce gouvernement, a-t-il estimé, devra superviser le déroulement d’élections législatives libres et régulières, conformément à une loi électorale qui prévoit la petite circonscription. Lorsque le nouveau député du Metn, Gabriel Murr, a pris la parole, il a commencé par rappeler que le 7 août, c’est la date à laquelle « les services et ceux qui les soutiennent ont décidé de faire main basse sur la démocratie, pour entraîner le pays et le régime vers la militarisation. Ainsi, le Liban aurait été gouverné par tous ces profiteurs, soumis au bon plaisir d’une puissance étrangère dont ils auraient appliqué les décisions et les préceptes », a souligné Gabriel Murr. Quelques minutes plus tard, il posera tout haut cette question à laquelle d’aucuns pensent avoir trouvé la réponse : « Est-ce que tout cela a été décidé juste pour cacher l’amère réalité qui prévaut dans le pays ? Pour faire oublier que notre souveraineté est amputée, que notre indépendance est hypothéquée, que la décision n’est pas la nôtre, que nous ne faisons qu’exécuter les ordres sans ronchonner ? » Gabriel Murr finira par exhorter les responsables à mettre sur pied un comité de dialogue national, qui prendrait contact avec l’ensemble des forces, partis et personnalités politiques, dans le but « de sauver le Liban, de lui permettre de recouvrer toute son indépendance et sa souveraineté ». Présent à Beyrouth, le cancérologue Philippe Salem, qui vit depuis plusieurs dizaines d’années aux États-Unis, a pris la parole à titre d’indépendant. « Nous ne pouvons pas attendre une paix globale dans la région afin d’œuvrer pour la résurrection du Liban, qui a bien souffert du terrorisme et qui devrait être un exemple de coexistence entre les diverses communautés », a-t-il dit. « Il faudra convaincre la communauté internationale qu’un Liban ainsi reconstruit est la seule garantie contre le terrorisme et le fondamentalisme en Orient », a-t-il ajouté. « Cette responsabilité est celle des citoyens libanais et non du pouvoir, car comment peut-on lui demander de prendre une telle initiative quand on sait qu’il n’est pas libre et que la souveraineté du pays ne sert pas ses intérêts », a-t-il poursuivi. Appelant à l’application de la 520, il a indiqué que la bataille pour un pays libre et souverain ne devrait pas être menée sur une base de confessionnalisme chrétien mais sur une base nationaliste, regroupant tous les Libanais. À son tour, le représentant des Forces libanaises, Jean Aziz, s’est adressé « aux musulmans, nos partenaires au sein de la nation libanaise, pour qu’ils disent clairement s’ils acceptent de vivre sans indépendance et sans souveraineté ou encore dans un Liban dépourvu de ses chrétiens ». Il les a encore appelés à « rencontrer les chrétiens qui leur tendent la main et briser les chaînes que les gens du pouvoir veulent leur imposer ». « Nous refusons que le Liban soit gouverné à partir de Damas », a indiqué M. Aziz. Relevant que « les deux pays ont certes des intérêts communs dans la région », il a cependant souligné que « la présence d’un État armé dans un autre État, ainsi que l’absence de la souveraineté et de la sécurité au Liban nuisent aux intérêts des deux pays ». Le président de la Fondation des droits de l’homme et des droits humanitaires, (FDHDH), Waël Kheir, a passé en revue les événements déclenchés le 7 août dernier en dressant un état des lieux des droits de l’homme dans le pays. Il a souligné que « les associations étrangères qui observent la situation des droits de l’homme au Liban soulignent que la justice dans ce pays ne respecte pas les normes de l’équité internationales ». L’ancien Premier ministre Michel Aoun a commencé par demander que l’on n’oublie pas « tous les 7 de chaque mois depuis douze ans », lorsque le pouvoir s’employait « à terroriser, emprisonner et torturer » les citoyens. Affirmant qu’en lieu et place d’un État de droit qui aurait protégé les citoyens et leur aurait garanti tout ce à quoi ils sont en mesure de prétendre, le Liban est devenu un « État arbitraire, dont les responsables terrorisent et appauvrissent les citoyens à qui mieux mieux. » Il s’en est pris ensuite aux ministres, « dénués de tout sens des responsabilités, assoiffés de pouvoir », et qui, « au lieu de démissionner, prennent soin de préserver ce binôme installé au pouvoir, représenté par le parrain des services chargés de terroriser les citoyens et par un Premier ministre qui pratique une politique de paupérisation – tous deux bénéficiant de la protection d’une occupation qui est en train de mener le pays à l’anéantissement ». Dénonçant ensuite les campagnes dont sont victimes les médias, il enfourche à son cheval de bataille – la souveraineté –, martèle que le partage de cette dernière est « un concept improvisé pour justifier l’injustifiable » et condamne véhémentement « le suivisme des collaborateurs » à l’égard de la Syrie, un suivisme qui ne peut mener « qu’à l’esclavagisme, à la haine, à l’opposition puis à la révolution ». Rappelant qu’en 1989 il était le seul à s’opposer aux États-Unis qui soutenaient la Syrie, il a affirmé qu’il « ne pariait pas du tout aujourd’hui sur les USA » et demandé à la communauté internationale de revenir à la résolution 520 de l’Onu. Soulignant qu’un retour à la souveraineté totale du Liban et à son indépendance politique sur l’ensemble de son territoire « fait partie des intérêts sécuritaires nationaux des États-Unis », il a conclu par une pensée à tous les prisonniers politiques.
Toute l’opposition a participé hier au meeting oratoire commémorant le 7 août 2001, tenu à l’initiative du Courant patriotique libre (CPL) à la salle de réceptions de l’église Saint-Élie à Antélias. Les représentants de l’opposition, qui ont pris la parole, notamment l’ancien président de la République Amine Gemayel, le chef du PNL Dory Chamoun, le député...