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Actualités - REPORTAGE

SANTÉ - Nous vivons dans un environnement particulièrement bruyant et non réglementé, souligne un spécialiste La nuisance sonore, un fléau de notre siècle(PHOTOS)

Vous souffrez du bruit du trafic ? Des motards ont la fâcheuse habitude de faire pétarader leur moto sous vos fenêtres la nuit ? La musique tonitruante vous a empêché de lier conversation avec votre voisin de table, hier, au restaurant ? Votre environnement domestique ou professionnel est beaucoup trop bruyant ? Vous souffrez, en fait, d’un vrai problème et vous n’êtes pas le seul. Les nuisances sonores sont un fléau de la vie moderne, où les machines de toutes sortes, devenues indispensables dans notre vie quotidienne, nous privent toutefois de la quiétude. En fait, qui dit pollution pense automatiquement aux substances nocives dans l’air, aux métaux lourds et autres matières dangereuses qui affectent la qualité de l’eau... Mais la pollution provenant des bruits et des sons est d’autant plus insidieuse qu’on n’y fait pas vraiment attention. Quand ils dépassent un certain seuil d’intensité, les bruits sont certes gênants, mais leur nocivité ne s’arrête pas là : il faut savoir qu’ils peuvent aussi s’avérer dangereux pour l’oreille et qu’ils sont capables d’affecter l’audition à longue échéance. Même si l’audition est, dans le meilleur des cas, un sens qu’on a tendance à perdre avec l’âge, une exposition permanente à une intensité sonore trop forte peut aggraver la situation. Préférant parler de nuisance sonore plutôt que de pollution (parce que les effets du bruit s’arrêtent dès que celui-ci s’interrompt, contrairement à d’autres genres de pollution), Joseph Zeidan, audioprothésiste, nous confie ses inquiétudes concernant les niveaux d’exposition de la population libanaise au bruit. De par son métier – il fabrique et installe des appareils aux malentendants – M. Zeidan a la possibilité de côtoyer des catégories sociales vulnérables et de mesurer le danger que courent les Libanais dans leur environnement. Et ce risque n’est pas mince, selon lui. «Nous vivons dans un environnement particulièrement bruyant, constate-t-il. Les recherches et les statistiques sont pratiquement inexistantes dans ce domaine au Liban, mais certaines mesures que j’ai moi-même prises montrent que l’intensité moyenne de sons à laquelle nous sommes exposés est de 80 dB (décibels). Elle se situe autour de 60 dB en Europe !» M. Zeidan souligne que la majorité des Libanais sont concernés par la nuisance sonore. Beaucoup d’entre eux sont affectés par les tirs des chasseurs. Une grande majorité a vécu la guerre et les bombardements. Sans compter la musique tonitruante des boîtes de nuit, l’intensité sonore des baladeurs et les bruits du trafic... «Dans les restaurants, on ne peut quasiment pas se parler entre voisins», dit-il. M. Zeidan ne s’est pas contenté de simples observations. Il a effectué des mesures avec ses appareils spécialisés qui ont confirmé ses craintes. «Un test mené à Dora a montré que les habitants et les passants dans ce secteur sont exposés à des bruits d’une intensité moyenne de 87 dB, ce qui est énorme, bien au-delà du seuil qui devrait être toléré, s’indigne-t-il. Un soir que j’étais au cinéma, il m’a semblé que le son était tellement haut qu’il en devenait gênant. Poussé par la curiosité, je suis alors sorti de la salle pour chercher mes appareils de mesure. Quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai découvert que l’intensité du son atteignait les 112 dB par moments dans le film !» Selon ce spécialiste, l’exposition permanente à une intensité de son aussi importante peut avoir des conséquences graves, comme la baisse de l’acuité de l’audition ou carrément la surdité (dans un cas extrême, évidemment). Celle-ci, aussi étonnant que cela puisse paraître, peut être causée par une exposition à long terme à une intensité sonore importante. «Il existe deux causes principales de surdité de transmission due à l’exposition à une intensité sonore supérieure aux normes tolérées, explique M. Zeidan. D’une part, les sons trop forts font vibrer le tympan, qui fait trembler à son tour les osselets à l’intérieur de l’oreille. C’est ainsi que des problèmes de transmission de sons apparaissent. D’autre part, chaque exposition sonore nuisible tue une certaine quantité de cils, ces petits poils qu’on trouve à l’intérieur de l’oreille. À la longue, l’acuité de l’ouïe s’en trouve affectée.» Si Joseph Zeidan soulève ce problème, ce n’est pas pour le plaisir d’ajouter un souci à l’esprit déjà bien chargé de ses compatriotes, mais pour pousser les autorités à élaborer des lois qui protégeraient la population des excès dans ce domaine. En effet, un pays comme la France a un texte de loi qui réglemente l’exposition au bruit, qu’il ait pour origine une personne, une chose dont elle a la garde ou un animal. À titre d’exemple, la nuit (de 21h30 à 6h30), une intensité de plus de 3dB est considérée comme gênante, alors qu’une intensité de plus de 5dB devient problématique les dimanches. Un décret spécialement conçu pour le milieu industriel, où les bruits peuvent s’avérer encore plus destructeurs, a été adopté. Des sanctions sont prévues en cas d’infraction, sous forme de contraventions et même d’emprisonnement dans certains cas. Au Liban, comme on nous l’a précisé de source judiciaire, aucune réglementation concernant l’intensité du bruit n’a été prise, seule existe une loi portant sur le tapage nocturne. Suzanne BAAKLINI
Vous souffrez du bruit du trafic ? Des motards ont la fâcheuse habitude de faire pétarader leur moto sous vos fenêtres la nuit ? La musique tonitruante vous a empêché de lier conversation avec votre voisin de table, hier, au restaurant ? Votre environnement domestique ou professionnel est beaucoup trop bruyant ? Vous souffrez, en fait, d’un vrai problème et vous n’êtes pas...