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Actualités - CHRONOLOGIE

Transports - Les coûts ont triplé, les moteurs de rechange sont rares L’interdiction des véhicules utilitaires à mazout a lourdement pesé sur l’industrie et le commerce

De l’interdiction des vans et petits camions au mazout (depuis le 15 juillet dernier), on aura surtout retenu les manifestations des chauffeurs de minibus de transport en commun, qui ont débouché sur une loi, adoptée par le Parlement, pour le rachat des véhicules interdits par le gouvernement. On aura relativement peu évoqué les charges supplémentaires qui ont pesé, depuis l’application de la loi n° 341 sur la lutte contre la pollution de l’air, sur les secteurs industriel et commercial. Ceux-ci avaient acquis de nombreux vans conçus pour fonctionner au diesel depuis 1995, année au cours de laquelle l’importation de ce genre de véhicules a été autorisée par la loi, pour le transport des marchandises, notamment des produits alimentaires frais. Selon certaines sources, suite à l’arrêt de ces vans, la production industrielle aurait été réduite de près de moitié en raison du coût accru du transport de la marchandise et de la rareté des moteurs de rechange sur le marché. Le président de l’Association des industriels, Fadi Abboud, était injoignable hier pour confirmer ces données. Comment les différentes compagnies ont-elles procédé pour compenser l’arrêt de leurs vans, surtout que la grande majorité des agences de voitures ayant fourni ces véhicules ne peut procurer des moteurs de rechange, lesquels n’existent tout simplement pas ? Interrogé, un responsable dans une grande entreprise commerciale qui a requis l’anonymat explique que la cinquantaine de vans que possède cette société ne sont plus utilisés depuis l’application de la loi. « Il nous faut 3 000 dollars pour la transformation de chaque moteur », déclare ce responsable, qui précise en outre que la société n’espère pas obtenir le rachat de ses vans du fait qu’ils ne sont pas munis d’une plaque rouge. Il ajoute que la société en est réduite à la location de vans de remplacement, en attendant une solution durable. Même son de cloche à la société Liban Lait qui, comme son nom l’indique, livre des produits laitiers frais tous les jours au marché. Avec 30 % de ses véhicules réfrigérés à l’arrêt (soit la proportion de ses vans qui fonctionne au mazout), la société fait face à des difficultés dans la livraison et à une augmentation des frais de transport. Nadia Karam, directrice des ventes, souligne que « nos employés sont obligés d’effectuer deux va-et-vient par jour pour fournir le même travail qu’avant ». Cela signifie que « le rendement des employés a doublé (la dernière voiture rentre à 22h), tout comme les frais de transport, puisque nous payons l’essence qui est trois fois plus chère que le mazout ». Là aussi, il est impossible à la société de toucher des indemnités puisqu’il faut, pour cela, présenter la preuve qu’on a changé de moteur. « Or les moteurs de rechange n’existent pas, même en Europe où sont manufacturés ces véhicules censés être si polluants », précise, non sans ironie, Mme Karam. Par ailleurs, Sélim Saad, membre de l’Association des importateurs de voitures, soulève un autre problème qui touche autant les agences que les banques, celui des traites non payées pour les véhicules achetés, et qui totaliseraient 50 millions de dollars. « Nous travaillons en intelligence avec le gouvernement pour mettre au point un mécanisme d’indemnisation qui rende justice autant aux pourvoyeurs et aux sources de financement qu’aux consommateurs eux-mêmes », dit-il. M. Saad met en garde contre l’installation, par les propriétaires de minibus, de moteurs à essence usagés et moins chers, non conçus pour les véhicules que l’on trouve sur le marché. « D’une part, cela est dangereux (deux minibus ont déjà pris feu sur la route, selon lui), d’autre part, les chauffeurs vont être confrontés à un refus lors du futur contrôle mécanique de leur véhicule, d’où l’apparition d’un nouveau problème », indique-t-il. S.B.
De l’interdiction des vans et petits camions au mazout (depuis le 15 juillet dernier), on aura surtout retenu les manifestations des chauffeurs de minibus de transport en commun, qui ont débouché sur une loi, adoptée par le Parlement, pour le rachat des véhicules interdits par le gouvernement. On aura relativement peu évoqué les charges supplémentaires qui ont pesé, depuis...