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Actualités - OPINION

CELLULAIRE - Les milieux d’affaires se posent des questions Un an pour aboutir à un vague arrangement qui risque de produire des sous-conflits

En refermant bruyamment le dossier, le Conseil des ministres a du même coup soufflé la première bougie du gâteau d’anniversaire, ainsi repartagé, du cellulaire. Il a fallu un an de tiraillements politisés à l’extrême, pour aboutir à un accord. Un arrangement qui ne comporte que sept points. Ce qui alarme les milieux d’affaires. Car, relèvent-ils, l’entente ne porte que sur des généralités plutôt vagues. Alors que dans le domaine financier, économique et technique, ce sont toujours les détails qui font la différence. Il faudra donc en traiter. D’où un risque, quasi certain, de nouvelles empoignades. Car la lutte d’influence, le mot du président Lahoud à Fayadiyé en témoigne, n’est pas terminée. Le tableau où les scores s’affichent n’est donc pas entièrement rempli. Et les haririens, qui rient plutôt jaune aujourd’hui, n’hésitent pas à chuchoter dans les salons que rira bien qui rira le dernier. Ils semblent donc se promettre une rapide revanche. Peut-être sur le cellulaire lui-même, peut-être sur un autre dossier. Et il n’en manque pas, passés, présents ou à venir. On sait en effet que le programme de privatisations englobe non moins de 39 entreprises plus ou moins importantes. Et qu’il y a aussi, en perspective, cette réforme administrative également évoquée par le chef de l’État, que le FMI pose comme l’un des préalables à Paris II. Autrement dit, l’on risque maintenant de toucher à un nœud politicien tout à fait névralgique. Et si l’on parle de lutte d’influence, il n’existe pas de chaudron plus bouillonnant que l’Administration où chacun compte ses billes et ses hommes. Il faudra élaguer, tout le monde en convient. Mais nul, sans doute, n’est disposé à sacrifier sa propre part de fonctionnaires ou de départements, plus ou moins inutiles. Pas question, par exemple, de gommer des offices dispendieux comme le Conseil du Sud et tutti quanti, dont les fonds ou les soi-disant prestations sociales alimentent des popularités partisanes déterminées. Un élément à signaler, ou à souligner : les chancelleries occidentales ont largement fait acte de présence par rapport au cellulaire. Les ambassadeurs se sont beaucoup déplacés de l’un à l’autre et n’ont pas hésité à intervenir publiquement, à travers des déclarations souvent inquiètes, parfois sévères. À part la défense d’intérêts que cette effervescence paradiplomatique reflète, il y a un sincère souci de voir le Liban aborder enfin la voie de son redressement économique. Ainsi, les ambassadeurs, occidentaux mais aussi arabes, ont tous à tour de rôle insisté auprès des autorités pour que ce pays amorce enfin l’application d’un programme cohérent de privatisations. Ils ont également souhaité, discrètement, que l’on adopte un mécanisme raisonnable régulier pour le règlement des conflits intérieurs. En rappelant, ou en laissant entendre, que les litiges doivent être toujours tranchés par le Conseil des ministres, puisque la Constitution libanaise l’ordonne. Bien entendu, les responsables se sont empressés, du moment qu’on est parvenu à un accord, de donner raison aux conseilleurs étrangers. En proclamant en chœur, la main sur le cœur, qu’ils sont désormais déterminés à laisser les institutions s’exprimer et décider. Mais il est évident que si le conflit avait perduré, nul n’aurait songé à recourir au Conseil des ministres, pour qu’il arbitre par voie de vote. Car il n’y a pas de raison que ce qui n’a pas été fait depuis un an, alors que le pouvoir a failli se disloquer, affleure brusquement à l’ordre du jour. Toujours est-il qu’il est sans doute heureux, répétons-le, que les ambassadeurs se soient manifestés. Étrangement, peut-on malicieusement relever, personne n’a crié à la souveraineté outragée quand le représentant des États-Unis a démarché en personne le ministre des Télécoms, M. Jean-Louis Cardahi. Pour indiquer que des entreprises de son pays seraient intéressées par une adjudication. Et pour presser le Liban de développer son plan de privatisations, afin de redresser sa situation financière si compromise. Localement, beaucoup pensent que l’initiative de M. Vincent Battle a produit au moins autant d’effets positifs que la médiation politique assumée par le président Nabih Berry, par M. Ghazi Aridi ou par d’autres amis communs des présidents Lahoud et Hariri. Toujours est-il que les privatisations, deux ans après la prise en charge de l’actuel gouvernement, ne pointent pas encore vraiment le bout de leur nez. Pourtant Paris I avait beaucoup insisté sur cette exigence. Et il est douteux que le FMI fasse un pas en direction de Paris, si l’État libanais ne revend rien avant la fin de l’année en cours. Bien évidemment, la privatisation du réseau GSM ne suffira pas comme passeport, puisque ce secteur n’est qu’en transit aux mains des pouvoirs publics. Surtout que Paris, concerné au premier chef par la conférence, ne sort pas très content de l’affaire du cellulaire libanais où il perd des plumes. Philippe ABI-AKL
En refermant bruyamment le dossier, le Conseil des ministres a du même coup soufflé la première bougie du gâteau d’anniversaire, ainsi repartagé, du cellulaire. Il a fallu un an de tiraillements politisés à l’extrême, pour aboutir à un accord. Un arrangement qui ne comporte que sept points. Ce qui alarme les milieux d’affaires. Car, relèvent-ils, l’entente ne porte...