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THÉÂTRE À l’Irwin Hall-LAU « Al-Kadem », de Walid Ikhlassi, entre raison et folie(PHOTO)

Une œuvre déroutante, audacieuse, avant-gardiste. Elle nous vient en droite ligne de Bahreïn. Qu’on se le dise, la culture fait florès, semble-t-il, aux pays du Golfe... Dans le cadre du cinquième Festival universitaire international du théâtre de Beyrouth et après une série de pièces, une dizaine dont Les Chaises de Ionesco et En attendant Godot de Beckett, voilà le tour d’une œuvre expérimentale qui sort des chemins battus. Al-Kadem (L’arrivant), de Walid Ikhlassi, s’inscrit dans le sillage d’un théâtre de l’absurde au discours faussement décousu et constamment soutenu par un humour corrosif. Dans un décor original, composé de trois carrés où se placent les acteurs comme dans des boîtes à marionnettes, cette œuvre à la trame un peu extravagante et abstraite illustre, sur un ton grinçant et nerveux, les conflits entre préoccupations intellectuelles et monde vaniteux de la consommation. Les premières images du spectacle sont frappantes comme une toile surréaliste. Dans leur cage en bois coupée au niveau de la ceinture sur fond noir, deux jeunes gens au torse nu sont cadrés par d’autres personnages recouverts de bandelettes comme des momies. Noir. Lumière sur les artistes. Et le flot de paroles, aves des grimaces simiesques, déferle sur les spectateurs. Flot ininterrompu de mots et de vocables emportant tout sur son passage comme un torrent impétueux. S’égrènent pêle-mêle les souvenirs doux-amers des espoirs déçus, des élans brisés, des intermittences du cœur, des rêves fous, de la vie de société accaparante et oiseuse. Humour acide, ironie et cynisme pour dire, telle la toile le Cri de Munch, toute la déraison de vivre… Images fortes, langage moderne et gestuelle mécanisée pour s’entretenir de toute cette agitation, entre sagesse et folie, qui nous tient vivants (et parmi les vivants). Changer de vie ? Quoi choisir ? La pièce pose des interrogations multiples et vitales mais ne propose ni ne suggère aucune solution. À chacun sa solitude, son salut ou sa perdition. Les acteurs (Mahmoud al-Saffar, Bassel Hussein, Hussein al-Oreiby, Najib Baker, Mounzir Gharib) sont fantastiques pour un texte absolument difficile et déluré dans ses multiples embranchements, aux confins parfois de l’onomatopée ! Palme d’honneur à cette mise en scène d’Ibrahim Khalfan vigoureuse, inventive, d’un dynamisme remarquable et pleine de trouvailles scéniques amusantes qui secouent le spectateur et le forcent à réagir. Du bon travail, gâté toutefois par quelques photographes amateurs ou professsionels, allez savoir, aux flashs aveuglants dont ils ont abusé, sans à aucun moment penser qu’ils déconcentrent bien cavalièrement public et acteurs. Edgar DAVIDIAN
Une œuvre déroutante, audacieuse, avant-gardiste. Elle nous vient en droite ligne de Bahreïn. Qu’on se le dise, la culture fait florès, semble-t-il, aux pays du Golfe... Dans le cadre du cinquième Festival universitaire international du théâtre de Beyrouth et après une série de pièces, une dizaine dont Les Chaises de Ionesco et En attendant Godot de Beckett, voilà le tour d’une...