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Actualités - CHRONOLOGIE

Funérailles - Saïda a rendu un dernier hommage au député qui était devenu le symbole du courage Moustapha Saad a achevé son dernier voyage, après une vie vouée à la tragédie

Au cours de sa courte vie, pleine de tragédies et d’épreuves, Moustapha Saad avait eu, à plusiers reprises, l’occasion de mesurer sa popularité auprès des habitants du Sud et plus particulièrement ceux de Saïda. Mais il n’aurait sans doute pas imaginé que sa disparition plongerait sa ville tant aimée dans une si grande douleur. Depuis l’annonce de sa mort, jeudi, vers midi, c’est comme si Saïda avait, elle aussi, cessé de respirer. Une chape de plomb s’est abattue sur la ville, et les habitants, comme égarés, se dirigeaient spontanément vers le centre Maarouf Saad ou vers le domicile du défunt, là où avait explosé en 1985 la voiture piégée qui l’avait privé de sa vue et de sa fille. Mais c’est hier au crépuscule, lorsque la dépouille du député a été inhumée, que la tristesse a atteint son apogée. Saïda, notables et anonymes confondus, s’est vraiment sentie orpheline. Lorsqu’en janvier 1985, une voiture piégée a explosé devant son domicile, la vie de Moustapha Saad ne tenait plus qu’à un fil. Mais un fil qui a quand même résisté et, pour tous les habitants de Saïda, il était devenu un symbole de courage et de détermination. Pourtant, depuis ce jour, il a passé plus de temps dans les hôpitaux que chez lui, enchaînant les traitements et essayant de survivre dans les meilleures conditions possibles, pour remplir le rôle de politicien héros que les gens attendaient de lui. Il a même trouvé le temps de se marier avec son amour d’enfance, Najla, et de lui faire un enfant, comme un défi à la mort. Il a été aussi présent dans toutes les batailles électorales, législatives ou municipales, pour rester fidèle à la ligne de son père et à celle de sa famille. Et Saïda ne l’a jamais déçu, s’arrangeant toujours pour lui réserver une place à part dans le paysage politique du Sud, en pleine mutation. Aujourd’hui, la maladie a finalement eu raison de lui et s’il laisse deux fils, Maarouf et Nadim, et un frère, prêts à prendre la relève, sa place restera toujours intacte dans les cœurs. Décrétant trois jours de deuil, la municipalité a voulu marquer l’événement et, d’ailleurs, qui aurait eu le cœur d’entreprendre la moindre activité ? Hier, en tout cas, Saïda retenait son souffle, tous ses efforts déployés pour assurer à son héros un enterrement digne de ses souffrances. Les trois présidents s’étaient bien sûr fait représenter et de nombreux députés ont tenu à assister aux prières. Mais c’est surtout la masse anonyme, retenant difficilement ses larmes, qui offrait le spectacle le plus poignant. La peine ne s’est d’ailleurs pas limitée à Saïda, car, tout au long du chemin emprunté par le convoi mortuaire, de l’hôpital américain à Beyrouth jusqu’à Saïda, la foule attendait, saluant avec des prières et des cris, le passage de la dépouille. À Jiyé et à Barja, les habitants ont même tenu à porter le cercueil. À Saïda, devant le caveau familial, des hommes de religion musulmans et chrétiens ont prié de concert pour la paix de son âme. Une paix qu’il a bien méritée après une vie si riche en drames. Les condoléances ont aussitôt afflué, celles du président de la République et du président de l’Autorité palestinienne d’abord, et toutes les autres ensuite. Et cela continuera encore pendant plusieurs jours, tant Moustapha Saad avait su gagner le respect, grâce à son courage, à son opiniâtreté et à sa fidélité aux mêmes principes. Le Liban ne l’oubliera pas de sitôt et il attend beaucoup de ses héritiers. S.H.
Au cours de sa courte vie, pleine de tragédies et d’épreuves, Moustapha Saad avait eu, à plusiers reprises, l’occasion de mesurer sa popularité auprès des habitants du Sud et plus particulièrement ceux de Saïda. Mais il n’aurait sans doute pas imaginé que sa disparition plongerait sa ville tant aimée dans une si grande douleur. Depuis l’annonce de sa mort, jeudi, vers midi,...