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Actualités - CHRONOLOGIE

Patrimoine - AIST mobilise des spécialistes en faveur de l’un des fleurons du littoral libanais Préserver le passé de Tyr et préparer son avenir

Le symposium organisé à l’Université Saint-Joseph par l’Association internationale pour la sauvegarde de Tyr (AIST), présidée par Mme Maha Chalabi, a regroupé de nombreux spécialistes. MM. Pierre el-Khoury, Georges Tohmé, Sami Masri, Christophe Morhange, Mourad el-Hammouri et Mme Honor Frost se sont penchés sur la réhabilitation de Tyr et l’étude environnementale et géo-archéologique de ses ports antiques. Le frère Ildefonse Sarkis a raconté l’histoire de la cité millénaire à travers ses sarcophages ; alors que dans son allocution d’ouverture, M. Fouad Tabet soulignait que l’AIST poursuit son action, œuvrant « loin de toute polémique politique », pour préserver un héritage commun. D’innombrables vestiges seront sauvés de l’explosion urbaine, par un plan d’aménagement conçu par le bureau d’architecture de Pierre el-Khoury et approuvé par le ministère de la Culture, le Conseil du développement et de la reconstruction et la Banque mondiale. Alors comment sera Tyr au XXIe siècle ? Tout d’abord, un « code du bâtiment » pour la vieille ville a été établi. Il vise à réhabiliter, restructurer, réorganiser le cadre bâti, en conciliant harmonieusement la mémoire du passé et le développement socio-économique. Ainsi, « les informalités saillantes qui ne peuvent être intégrées dans le tissu urbain ou régularisées seront éliminées », a dit Pierre el-Khoury. De même, « toute activité de remembrement sera interdite, afin de préserver la spécificité du tissu urbain », a -t-il ajouté, expliquant que la zone classée « vieille ville » a été divisée en 19 secteurs, chacun ayant une utilisation et des coefficients d’exploitation du sol déterminés. Pierre el-Khoury a indiqué que l’étude du réaménagement de la cité a été basée sur quatre axes : social, urbain, archéologique et patrimoine bâti (ancien ou moderne). Mettant l’accent sur la désintégration du tissu urbain, il a souligné qu’« il n’existe plus une lecture uniforme de la ville, mais l’évidence d’une juxtaposition originale et complexe de trois plans, trois systèmes urbains ». En effet, sur moins de 100 hectares, s’accolent la vieille ville dont le tissu traditionnel bien délimité est issu des périodes mamelouk et ottomane, la ville romaine et ses édifices publics et la ville récente avec ses constructions relativement élevées. En substance, le projet prévoit de « recoudre l’ouest et l’est de la ville et de les articuler autour d’un noyau historique de centralité, fédérateur sur le plan urbain et économique », signale l’architecte qui préconise aussi un accès au port en régulant la circulation et le parc automobile, de réorganiser la forme du bassin intérieur ; de créer le musée de la Pêche ; de restructurer la façade maritime ; d’organiser un espace public qui sera relié aux souks. Au programme également, la restauration de la façade historique de la Bawaba (côté est) et un parking. La conservation et la mise en valeur du tissu urbain de la rue Hamra qui deviendra « La promenade » des piétons, et ce jusqu’à la fontaine de Hiram, site intégré au parcours archéologique. La restitution du « caractère nodal » à l’ancienne place du Hammam. Quant aux khans (el-Rabu et el-Achkar) très dégradés, ils seront restaurés afin d’accueillir les produits de l’artisanat local. La ville sera en outre dotée d’un « parcours culturel ». La place Manara abritera ainsi le « Café » et la « Maison de la ville », sorte de musée affichant l’histoire urbaine de Tyr. Les services de la Direction génerale des antiquités (DGA ) et l’Institut supérieur d’archéologie pour l ’enseignement et la recherche occuperont deux anciens bâtiments, à la cité insulaire. Chapitre littoral, tout un programme de protection et de gestion des espaces naturels et urbains a été établi. Côté « réserve de Tyr », le Pr Georges Tohmé, ancien recteur de l’Université libanaise, auteur de plusieurs ouvrages sur la faune et la flore, a indiqué que l’invasion humaine menace ce laboratoire de la nature, milieu important pour la production micro-organisme. Il a répertorié 271 plantes aquatiques dont sept sont en voie de disparition au Liban et trois autres caractéristiques de Ras el-Aïn : l’Eupatorium cannabinum syriacum ; la Vigna luteola et l’Ipomoea pulmata (communément appelée en arabe sitt el-hisn). Quant aux tortues qui ont un grand impact sur la vie marine et dont la fonction importante est de nettoyer l’eau de mer des méduses, M. Tohmé en dénombre quatre espèces : deux tortues de mer ; une d’eau douce (Ras el-Aïn) ; et l’Acanthodactylus shreiberi, caractéristique des sables de Tyr. Une politique de repeuplement de la réserve serait souhaitable, selon M. Tohmé. De même, l’interdiction d’extraire le sable et de remblayer la mer. Chapitre « ports antiques », le Dr Christophe Morhange, de l’Univesité des sciences Aix-Marseille III, a expliqué, en substance, que la prospection sous-marine enclenchée le 1er juillet 2002 s’inscrit dans le cadre du projet franco-libanais Cèdre. Son but est l’étude géomorphologique de quatre ports antiques du Liban (Sidon, Byblos, Beyrouth et Tyr) et l’élaboration d’une cartographie sous-marine préliminaire des structures portuaires. L’étude sera complétée par des travaux de carottage. Aujourd’hui, la mission d’expertise vise à « la reconnaissance des vestiges anthropiques déjà cartographiés par Poidebard et Honor Frost ; la cartographie des structures archéologiques portuaires et la détermination des zones à préserver », souligne M. Morhange. Signalons que cette mission scientifique programmée par Christophe Morhange regroupe deux éminents spécialistes : Jean-Yves Empereur et Honor Frost (pour la direction scientifique). Des archéologues et topographes sous-marins étrangers et libanais, Mourad Hamouri (Alexandrie), Myriam Seco, Marie Marquet, Ibrahim Noureddine, Michel Hélou, Assaf Seif et Ali Badaoui. L’intervenant devait indiquer que la documentation réunie permettra la localisation des lignes de rivage, des quais et des jetées. De ce fait, « les résultats aideront à mieux envisager la mise en valeur des ports antiques et apporteront des éléments de grande importance à l’étude en cours par la Banque mondiale pour l’aménagement du site de Tyr », a conclu M. Morhange. May MAKAREM
Le symposium organisé à l’Université Saint-Joseph par l’Association internationale pour la sauvegarde de Tyr (AIST), présidée par Mme Maha Chalabi, a regroupé de nombreux spécialistes. MM. Pierre el-Khoury, Georges Tohmé, Sami Masri, Christophe Morhange, Mourad el-Hammouri et Mme Honor Frost se sont penchés sur la réhabilitation de Tyr et l’étude environnementale et...