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Actualités - OPINION

Le dialogue s’annonce ardu Tintamarre de dissonances libanaises, à Damas

Le président Bachar el-Assad a procédé récemment, comme on sait, à un large round de concertations portant sur le dossier libanais, avec des parties et des partis en majorité chrétiens. Il en est sans doute sorti perplexe. Car il a recueilli un incroyable patchwork d’opinions contradictoires. Les uns ont plaidé pour la mise en place d’un gouvernement d’union ou d’entente, dans l’esprit de Taëf. En affirmant que les Trente sont manifestement en deçà des exigences de l’heure. Que cela soit au niveau régional ou pour le traitement des multiples problèmes intérieurs, récession en tête. Il faut donc, à leur avis, une équipe qui soit à la hauteur. C’est-à-dire qui bénéficie de la confiance du pays par sa représentativité. Et dont la composition même mettrait un terme au bras de fer interprésidentiel. En redonnant au Conseil des ministres, et à lui seul, le pouvoir de décision, comme le veut la Constitution. Et en en faisant un Exécutif fort, englobant d’une manière équilibrée les principales forces politiques locales. De manière à amorcer, entre autres objectifs, le processus d’assainissement des relations libano-syriennes. Les autres ont soutenu qu’il est nécessaire de ne garder qu’une tête, à la tête de l’État. Pour eux, cela devrait être le chef de l’État. On devrait, disent-ils, former un cabinet de cohésion, où il disposerait d’une confortable majorité. Pour appliquer, sans entraves, ses vues stratégiques ou politiques, tant dans le domaine extérieur que par rapport à la situation interne. Une orientation à partir de laquelle un programme d’action serait préétabli, notamment en ce qui concerne le redressement économique et financier. Le rassemblement autour de Baabda que ces pôles préconisent signifierait ipso facto qu’il n’y aurait plus de querelles intestines. En ce qui concerne le camp chrétien, ces mêmes pôles estiment que sa participation gouvernementale doit être améliorée, pour atteindre le niveau élevé d’influence dont bénéficie depuis des années la représentation mahométane. Certains ont émis des doutes sur les possibilités concrètes de former un cabinet d’union. Tout en reconnaissant qu’il serait bon de réunir les principales forces actives du pays, ils ont fait remarquer que le dilemme du choix semble insoluble. L’éventail des courants est en effet trop large pour qu’une sélection ne s’impose pas. Et elle est pratiquement impossible, si l’on veut éviter de faire trop de mécontents, donc de dresser pratiquement une partie du pays contre l’autre. Sans compter que le mélange forcé ne permet pas d’envisager un consensus facile autour d’une ligne directrice déterminée, politiquement ou économiquement. Sur un autre plan, l’éventuelle création d’un front chrétien, ou maronite, parallèle (sinon opposé) à Kornet Chehwane, a été évoquée d’abondance à Damas. Des personnalités déterminées ont prié le président Assad de ne pas encourager de telles velléités. Car, à les en croire, un deuxième bloc ne ferait en réalité que renforcer l’emprise populaire de la Rencontre parrainée par Bkerké. Ce qui aurait pour effet de radicaliser encore plus ce mouvement d’opposition. Et d’ajouter qu’en évitant de la doter d’un faire-valoir, ou même de tenter de la contrer par un contre-bloc mahométan, on affaiblirait graduellement la Rencontre de Kornet Chehwane. D’autant que, ces derniers temps, ses liens avec Walid Joumblatt se sont distendus. Dans cette optique, donc, la meilleure tactique à suivre est en somme d’isoler de plus en plus, de marginaliser, la Rencontre. En tentant de la miner un peu de l’intérieur. Et à ce sujet, ces mêmes sources ont estimé de bon conseil que Damas entame un dialogue intensifié avec certains piliers de la Rencontre considérés comme modérés. Mais d’autres visiteurs du président Assad ont réclamé l’accélération des efforts visant à mettre sur pied une coalition maronite nouvelle, pour faire face à la Rencontre. Et pour mieux soutenir à la fois la ligne du régime et l’option d’alliance étroite avec la Syrie. On tracerait de la sorte une ligne divisant en deux l’Est : une force qualifiée de radicale opposante ; et une autre, qui serait majoritaire prétend-on, regroupant modérantistes et loyalistes. Le dialogue ne serait plus circonscrit à la Rencontre, qui n’apparaîtrait plus comme détenant le monopole effectif de la représentation du camp chrétien. Pour ces mêmes personnalités, il est préférable que l’on affronte la Rencontre de l’intérieur, sans lui opposer de contre-front islamique. Pour éviter le risque, dangereux, d’un clivage confessionnel accentué. Par ailleurs, un député influent a pris sur lui d’expliquer au président Assad, qui s’en étonnait, pourquoi la Rencontre n’a pas réagi favorablement aux gestes d’ouverture de Damas. Le chef de l’État syrien avait en effet rappelé, devant ce visiteur, qu’il y a eu le redéploiement et la visite officielle qu’il a rendue au Liban. Pour entendre par la suite des commentaires désobligeants, comme quoi ces démarches ne rendent pas sa souveraineté au Liban. Et comme quoi il vaudrait mieux arranger les choses en établissant des relations diplomatiques entre les deux pays. Ce parlementaire a donc répondu en imputant au pouvoir libanais le fait que la Rencontre n’ait pas considéré les avancées syriennes sous un angle positif. En précisant que les autorités locales auraient dû dialoguer, pour bien expliciter la nature et la portée des avancées syriennes. Et pour faire valoir les raisons régionales stratégiques impératives qui justifient le maintien des troupes syriennes au Liban pour le moment. Le parlementaire a conclu en relevant que si le pouvoir libanais ne s’était pas fait porter aux abonnés absents côté dialogue, le président Assad n’aurait sans doute pas ressenti la nécessité de consulter lui-même les parties libanaises. De l’Est. Émile KHOURY
Le président Bachar el-Assad a procédé récemment, comme on sait, à un large round de concertations portant sur le dossier libanais, avec des parties et des partis en majorité chrétiens. Il en est sans doute sorti perplexe. Car il a recueilli un incroyable patchwork d’opinions contradictoires. Les uns ont plaidé pour la mise en place d’un gouvernement d’union ou d’entente, dans...