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Actualités - CHRONOLOGIE

AFFAIRE DE SAÏDA - La polémique bat son plein entre les responsables palestiniens, et l’armée maintient sa pression sur le camp Maqdah et Abou el-Aynaïn s’opposent, sur la forme comme sur le fond

L’armée libanaise maintenait hier la pression sur le camp de réfugiés palestiniens d’Aïn el-Héloué, pour que lui soit livré le meurtrier présumé de trois militaires, l’intégriste libanais Badih Hamadé, alias Abou Obeida. Et entre-temps, c’est la vraie cacophonie entre les différents chefs palestiniens au Liban. Mounir Maqdah et Sultan Abou el-Aynaïn ne sont d’accord ni sur le fond (l’un prétend que Badih Hamadé est sorti de Aïn el-Héloué, l’autre qu’il y est toujours) ni sur la forme (l’un veut éviter tout recours à la force, l’autre menace d’un bain de sang s’il le faut pour capturer le présumé meurtrier). Les soldats contrôlaient étroitement trois des accès du camp, le plus grand du pays avec quelque 50 000 habitants, et procédaient à l’interpellation de dizaines de Palestiniens. La plupart d’entre eux étaient relâchés après avoir été interrogés sur le meurtrier présumé, qui s’était réfugié dans le camp jeudi dernier après avoir tué trois agents des services de renseignements de l’armée, selon des services de sécurité. Les deux autres accès, qui mènent aux quartiers est du camp, fief des islamistes où Abou Obeida se serait réfugié, sont complètement bouclés depuis samedi. Les forces de l’ordre, rappelons-le, s’interdisent d’entrer dans les camps palestiniens, qui bénéficient d’un régime d’autosécurité depuis 1969. Pour éviter l’effusion de sang, un comité regroupant des délégués de toutes les factions présentes dans le camp a été chargé de mobiliser la population pour obtenir la reddition du meurtrier présumé. C’est d’ailleurs dans cet esprit-là qu’il faudrait inscrire la déclaration de Mounir Maqdah, le chef des dissidents du Fateh à Aïn el-Héloué. « (Abou Obeida) est peut-être entré dans le camp, mais aux dernières informations, il est sorti d’Aïn el-Héloué. Et si jamais il y est, nous l’arrêterons, mais sans effusion de sang et sans menaces. Pourquoi voulez-vous que l’on use de la force ? Contre qui ? Moi seul je l’arrêterai, mais que l’on me dise où il est. Nous n’avons pas besoin d’armes. Une fois que l’on sait où il est, les femmes et les enfants d’Aïn el-Héloué le captureront et le livreront à l’État libanais », a affirmé, le plus sérieusement du monde, Mounir Maqdah. Ce n’est pas du tout l’avis de Sultan Abou el-Aynaïn, le secrétaire général du Fateh au Liban, qui a réitéré sa certitude que le meurtrier présumé se trouve bien dans le camp, et qu’il est prêt à tout pour l’arrêter. « Mes soldats n’hésiteront pas une seconde à utiliser toute la force possible pour arrêter ce microbe – le meurtrier des trois militaires qui a fui et qui s’est caché dans le camp d’Aïn el-Héloué », a-t-il asséné. Et au cours d’une conférence de presse dans le camp (rival) de Rachidiyé, il a annoncé tout de go les deux hypothèses telles qu’il les voit : « Soit on lève la couverture politique et l’on livre le coupable, soit nous le capturerons de force, fut-ce au prix d’un bain de sang. Nous ne permettrons pas que nos camps se transforment en îlots de sécurité », a-t-il ajouté. Prenant ainsi le contre-pied total de Mounir Maqdah. Signalons d’autre part que les responsables libanais ont été assurés, au cours du week-end écoulé, « du soutien absolu » de Damas, qui a déclaré refuser catégoriquement « que l’on touche à l’intégrité de l’armée libanaise ou à la stabilité intérieure du Liban ». Le Liban qui, dit-on de sources proches de l’armée, tend à ne plus coller au présumé meurtrier le label « most wanted », c’est-à-dire à ne plus le considérer comme aussi dangereux qu’au premier jour, ou comme ayant des liens avec le réseau el-Qaëda. Quoi qu’il en soit, force est de constater que cet incident-là intervient une semaine ou presque après les propos du sénateur américain Bob Graham, le président de la commission sénatoriale de Renseignements, qui avait déclaré le 7 juillet, à l’issue d’une tournée proche-orientale, qu’il était plus urgent « de s’occuper des camps d’entraînement » au Liban et en Syrie, « où l’on prépare la prochaine génération de terroristes », que du président irakien, Saddam Hussein.
L’armée libanaise maintenait hier la pression sur le camp de réfugiés palestiniens d’Aïn el-Héloué, pour que lui soit livré le meurtrier présumé de trois militaires, l’intégriste libanais Badih Hamadé, alias Abou Obeida. Et entre-temps, c’est la vraie cacophonie entre les différents chefs palestiniens au Liban. Mounir Maqdah et Sultan Abou el-Aynaïn ne sont...