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Actualités - REPORTAGE

Enquête - L’entrée des Libanais dans la vie active et l’émigration Les jeunes (18-35 ans) forment 71 % de l’ensemble des chômeurs

Après l’étude effectuée sur « Les populations déplacées par la guerre », celle relative à la francophonie et les langues en usage au Liban, l’USJ planche sur une enquête portant sur le thème de « L’entrée des jeunes Libanais dans la vie active et l’émigration ». Financé par le Conseil de la recherche de l’USJ, ce travail a été mené dans le cadre du département de sociologie et d’anthropologie, créé en 1996. L’étude a pour objectif de mesurer, de décrire et de comprendre les modalités suivant lesquelles les jeunes ayant quitté le système éducatif entrent dans la vie active et arrivent ou n’arrivent pas à s’intégrer dans le système économique. Elle vise en outre à quantifier et à décrire la nature et l’ampleur de l’émigration pour toutes les catégories d’âge confondues. Soulignant l’importance de la recherche en général et les efforts entrepris par l’université « pour une meilleure connaissance de la société libanaise », le recteur de l’université, le père Sélim Abou, a fait remarquer que cette étude soulève « un problème d’actualité brûlante ». Axés sur trois thèmes fondamentaux, à savoir les caractéristiques de la population libanaise, celles des jeunes Libanais actifs et le profil des émigrés depuis 1975, les premiers résultats de cette enquête ont été présentés lors d’une conférence de presse à l’USJ. En tête des données recueillies, la progression du taux de chômage par rapport à 1997 (8,6 %), le taux des jeunes actifs souhaitant quitter provisoirement le pays ou émigrer définitivement (37 %), c’est-à-dire, plus du tiers des jeunes de 18 à 35 ans et, enfin, les chiffres relatifs à l’emigration, qui montrent que 45,2 % des ménages ont au moins un membre de la famille résidant à l’étranger dont le départ définitif a eu lieu dans la période 1975-2001. De plus en plus de femmes travaillent Après avoir donné un aperçu sur la méthodologie adoptée (i.e. méthode de sondage aréolaire qui consiste à subdiviser le territoires en zones géographiques), Mme Choghig Kasparian, qui a dirigé cette recherche, a expliqué l’intérêt et les limites de cette recherche, qui en est encore à un stade préliminaire. Effectué auprès de 18 243 ménages libanais répartis sur tout le territoire (au niveau national et à l’échelle des mohafazats), le sondage a permis de recueillir des informations individuelles, démographiques et socio-professionnelles, concernant environ 83 000 individus, a précisé Mme Kasparian. « Des données supplémentaires et détaillées ont été collectées auprès de 15 507 jeunes actifs, pour connaître les modalités d’entrée dans la vie active, les trajectoires suivies, les difficultés rencontrées, les raisons du chômage, etc. », précise-t-elle. Des informations relatives à un échantillon de 19 928 émigrés depuis 1975 ayant de la famille au Liban ont été également collectées, tel qu’il apparaît dans une brochure publiée à cet effet par l’université. Parmi les données les plus pertinentes qui ont été retenues, le taux des actifs au sein de la population libanaise, estimé à 35 % de l’ensemble de la population libanaise, ou 50 % de la population en âge de travailler (15-64 ans). Le taux d’activité des hommes étant toutefois supérieur à celui des femmes (75,7 % contre 25 %), l’étude montre que ces dernières sont de plus en plus nombreuses à travailler ou à chercher à travailler (21,7 % en 1997). Quant au taux de chômage, qui s’élève à 11,5 % parmi les actifs âgés de 15 à 64 %, il est plus élevé chez les jeunes de 18 à 35 ans (15,5 %). « La progression du taux de chômage par rapport à 1997 est essentiellement due à l’engagement de plus en plus fréquent des femmes dans la vie active », souligne l’intervenante. Ainsi, le taux de chômage chez les hommes est de 9,3 %, un taux qui ne diffère pas significativement de celui de 1997 (9 %), alors que le taux de chômage des femmes passe de 7,2 % en 1997 à 18,2 % en 2001. À noter que la « population active » regroupe la population engagée dans l’activité économique et les chômeurs. Le taux d’activité est le rapport entre la population active et la population totale, estimée à travers cette étude à 3 935 000 individus. Parmi les caractéristiques qui ressortent en outre de cette étude, celles qui ont trait aux « intentions de départ des jeunes actifs ». Cette tranche de la population, qui fait l’objet principal de la recherche, « est la première à subir les conséquences de la faible capacité de l’économie à créer des emplois. Ainsi, les jeunes âgés de 18 à 35 ans forment 71,3 % de l’ensemble des chômeurs ». Résultat pratique, 37 % des jeunes actifs déclarent souhaiter quitter provisoirement le pays ou émigrer, dont 80 % pour chercher du travail. Quant aux autres raisons qui motivent l’intention de départ chez cette catégorie d’âge, elles varient entre la poursuite des études (1,2 %), le regroupement familial (0,7 %) ou, plus significatif encore, la situation générale (4,7 %). En ce qui concerne les « émigrés depuis 1975 », l’étude montre que 46,2 %, des ménages libanais ont au moins une personne à l’étranger ayant émigré depuis cette date. L’estimation relative au nombre d’émigrés, que Mme Kasparian avance « avec beaucoup de réserve », comme elle dit, est de 600 000 personnes ayant émigré depuis 1975, un taux qui tient compte d’une certaine marge d’erreur. Des chiffres indiquant le profil des émigrés, la date à laquelle ils sont partis et les raisons de ce départ figurent également dans les tableaux présentés. On y découvre que 20 % des émigrés sont installés dans les pays arabes, environ 25 % en Europe, 29 % en Amérique du Nord et 13 % en Australie. Mme Kasparian souligne toutefois que le phénomène d’émigration est généralement le plus difficile à saisir statistiquement. « Il n’existe pas de registres d’émigrés. Par conséquent, si l’on veut connaître et quantifier sérieusement ce phénomène, il faudra effectuer une enquête mondiale, qui couvre tous les pays. Ce qui est évidemment difficile. » À défaut d’une telle enquête, l’équipe de recherche a décidé d’étudier ce phénomène en ciblant au moins les émigrés qui ont encore des liens familiaux au Liban. Ainsi, les données disponibles concernent exclusivement « les émigrés par lien de parenté avec le chef de ménage ». À noter que ceux qui ont émigré avec toute leur famille, ou ceux qui ont perdu contact avec leur famille d’origine, ne sont pas compris dans cette étude, précise encore l’intervenante qui reconnaît les limites de cette recherche. « Les résultats définitifs de l’étude seront publiés en février 2003, conclut Mme Kasparian. Ils seront présentés sous forme de tableaux thématiques accompagnés de commentaires et d’une première analyse approfondie. » Je.J.
Après l’étude effectuée sur « Les populations déplacées par la guerre », celle relative à la francophonie et les langues en usage au Liban, l’USJ planche sur une enquête portant sur le thème de « L’entrée des jeunes Libanais dans la vie active et l’émigration ». Financé par le Conseil de la recherche de l’USJ, ce travail a été mené dans le cadre du...