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Actualités - CHRONOLOGIE

Terrorisme - Baabda assure que la question des camps d’entraînement n’avait pas été évoquée avec le sénateur US Stupéfaction à Beyrouth après les accusations de Bob Graham

La bombe lancée dimanche par le sénateur démocrate américain Bob Graham, président de la commission du Renseignement au Sénat, qui a affirmé que des camps terroristes se développent au Liban et en Syrie, suscite l’inquiétude mais aussi la stupéfaction dans les milieux officiels libanais. M. Graham, qui avait visité le Liban la semaine dernière à la tête d’une délégation sénatoriale, a estimé, dans une interview à la chaîne américaine NBC qu’il était plus important pour Washington de chercher à éliminer les « camps d’entraînement de terroristes » au Liban et en Syrie que d’attaquer l’Irak. « Nous avons des choses à faire qui sont plus urgentes » que de renverser Saddam Hussein, a déclaré M. Graham. «L’une d’entre elles est de s’occuper de ces camps d’entraînement qui se sont développés, particulièrement en Syrie et au Liban, où on prépare la prochaine génération de terroristes», a ajouté le sénateur de Floride. « Cela constitue une menace bien plus immédiate pour les États-Unis, à mon sens, que Saddam Hussein », a-t-il dit. Accompagné des sénateurs Mike DeWine (républicain, Ohio) et Evan Bayh (Démocrate, Indiana), M. Graham était venu mercredi dernier au Liban, dans le cadre d’une « mission de reconnaissance » dans plusieurs pays du Proche-Orient, y compris Israël. L’étape libanaise avait été marquée par deux incidents mineurs: d’abord, M. Bayh a quitté le Liban « pour une destination inconnue » aussitôt après son arrivée. Ce départ précipité avait été justifié, à en croire des sources informées, par « des raisons personnelles relatives à sa sécurité ». Ensuite, M. Graham, pris d’un malaise lors de son entretien avec le président de la République, Émile Lahoud, a laissé son collègue, M. DeWine, s’exprimer à sa place devant la presse à sa sortie du palais de Baabda, puis se rendre seul chez le Premier ministre, Rafic Hariri, et le président de la Chambre, Nabih Berry. Ce n’est que le lendemain, avant leur départ du Liban, que les deux sénateurs ont été reçus ensemble par M. Hariri. C’est en se fondant sur ce qui s’était dit lors de la rencontre à Baabda qu’une source proche de la présidence de la République a fait part hier de son « étonnement » en prenant connaissance des déclarations du sénateur à la NBC. « Je peux vous assurer que devant le président Lahoud, la délégation sénatoriale n’a pas abordé cette question » a-t-on indiqué de même source. « Ils n’ont même pas prononcé le mot “camp” », a-t-on ajouté. Dans l’entourage du Premier ministre, on s’est refusé à tout commentaire, en indiquant seulement que la question de la présence de camps d’entraînement au Liban n’avait pas été discutée. Le Liban comparé à l’Afghanistan Des sources bien informées, citées par notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane, indiquent que les dirigeants libanais ont été stupéfaits par les propos de M. Graham, celui-ci s’étant fondé dans ses affirmations sur des « renseignements bien précis » faisant état de la présence au Liban et en Syrie de terroristes à l’entraînement, capables de menacer la sécurité des États-Unis. Les responsables libanais sont d’autant plus surpris que le sénateur a appelé les autorités des deux pays à « faire le ménage chez eux » et à fermer ces camps d’entraînement. On estime, à Beyrouth, que M. Graham est allé trop loin en considérant que ces camps, dont il n’a pas précisé s’il s’agissait d’installations libanaises ou bien palestiniennes, étaient plus dangereux pour les États-Unis que le problème de l’Irak et qu’il fallait en finir avec eux avant de s’en prendre à Saddam Hussein. De même, on déplore dans les sphères du pouvoir libanais que le sénateur ait pu établir une comparaison entre la situation qui prévaut, selon lui, au Liban et en Syrie, et la menace que représentait l’organisation el-Qaëda en Afghanistan, M. Graham ayant fait le rapprochement entre le mutisme de Washington sur ces camps et son inaction au cours de la décennie précédente alors que fusaient les informations sur les bases d’el-Qaëda en territoire afghan. Quoi qu’il en soit, on se dit conscient dans les milieux officiels libanais que le ton utilisé par M. Graham à la télévision américaine est fortement nuisible au Liban et à la Syrie, qui se trouvent ainsi placés par les États-Unis sur le banc des accusés au sujet du terrorisme. Ce qui ajoute à la surprise des responsables à Beyrouth, c’est l’attitude adoptée par le sénateur Evan Bayh. Ce dernier a admis, au cours de la même émission télévisée, que la Syrie coopérait avec les États-Unis pour ce qui est des informations au sujet des éléments d’el-Qaëda, mais s’est rangé aux côtés de M. Graham en accusant le Liban de « fermer les yeux non seulement sur les bases terroristes de la Békaa, mais aussi sur les centres de terrorisme présents dans les villes et qui ne sont pas seulement au service du Hezbollah, mais aussi des terroristes internationaux de passage, tout comme ce qui se passait en Afghanistan ». On souligne dans les milieux officiels la nécessité d’une initiative diplomatique libanaise pour riposter à toutes ces accusations, en estimant que cette campagne menée par les sénateurs est probablement due à ce qu’ils ont entendu au cours de l’étape israélienne de leur voyage au Proche-Orient. À noter que M. Graham n’est pas tout à fait étranger au Liban, étant marié à une Américaine d’origine libanaise et disposant de nombreuses amitiés au sein de la classe politique du Liban. Par ailleurs, le Hezbollah a estimé que les propos du sénateur américain illustraient « l’inquiétude que suscite la cohésion populaire autour de la Résistance et le soutien qui lui est exprimé par toutes les parties». « Ces propos signifient que la cohésion autour du Hezbollah les dérange, donc ils recourent aux accusations et aux menaces que nous rejetons», a indiqué lors d’un rassemblement cheikh Naïm Kassem, numéro deux du parti intégriste.
La bombe lancée dimanche par le sénateur démocrate américain Bob Graham, président de la commission du Renseignement au Sénat, qui a affirmé que des camps terroristes se développent au Liban et en Syrie, suscite l’inquiétude mais aussi la stupéfaction dans les milieux officiels libanais. M. Graham, qui avait visité le Liban la semaine dernière à la tête d’une...