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Actualités - OPINION

Récession - Les difficultés exploitées à des fins sordides Le rapport économie-politique va dans le mauvais sens

C’est la politique qui doit être au service de l’économie, et non l’inverse. Surtout, souligne une source gouvernementale, quand cette politique est purement politicienne. Et qu’en exploitant, à des fins démagogiques ou tactiques, les thèmes de la récession, elle en aggrave les effets. Ce volet ressort tout particulièrement aujourd’hui. Parce que le front du Sud, habituellement perturbateur, source d’inquiétude et handicap économique majeur, baigne depuis quelque temps dans un calme providentiel. Parallèlement, la saison touristique d’été s’annonce bonne. Tandis que le pays se trouve réhabilité par le Gafi et que l’accord de partenariat avec l’Union européenne doit commencer à porter ses fruits. De même, alors que Beyrouth se prépare à accueillir le sommet de la francophonie, le président Chirac nous promet Paris II pour bientôt. Toutes ces tendances positives se trouvent troublées, voire compromises, par les sempiternelles luttes d’influence, ou même d’inimitié personnelle, dont les pôles en vue se font une spécialité. Le climat relationnel déplorable qui règne au sein même du pouvoir est un fardeau que le pays porte depuis trop de temps. Il y a deux ans, déjà, le président de la Banque mondiale, M. Wolfensohn, en visite à Beyrouth, dénonçait en toute franchise l’accumulation d’empoignades nocives entre les tenants du pouvoir. Et les invitait à se rabibocher, pour promouvoir une solide entente intérieure. Bien entendu, les organismes économiques ont abondé dans le même sens. Dans le mémorandum remis aux trois présidents, ils les priaient de « protéger l’économie des tiraillements qui se produisent à tous les niveaux. Et qui ont un impact négatif, autant sur l’activité économique que sur le facteur de la confiance, essentiel pour le redressement. La consolidation passe par l’arrêt des prises de bec entre dirigeants. Pour renforcer une stabilité politique indispensable aux intérêts économiques supérieurs du pays. Les conflits politiques menacent ce que l’économie libanaise garde comme force. En entravant les efforts de relance du secteur privé en direction de la croissance. Les organismes économiques attendent des pouvoirs qu’ils prennent de fermes décisions, veillent à les faire appliquer efficacement, assurent un climat propice à la stabilité politique autant que sécuritaire. Tout cela dans le cadre de stratégies établies d’un commun accord. » Les organismes économiques soulignent enfin que les propositions pratiques qu’ils font dans leur mémoire ne peuvent être réalisées qu’à travers une solide stabilité politique. De son côté, le gouverneur de la Banque centrale, M. Riad Salamé, ne cesse de mettre en garde contre les retombées néfastes des tensions intérieures, sur le plan économique et financier. Mais ces avertissements, les intéressés n’en ont cure. Ils continuent à se tirer dans les pattes, plus ou moins ouvertement. Bien plus par médias ou sous-fifres interposés que dans le cadre des institutions, comme cela devrait être. Sans jamais hésiter à utiliser la carte économique. En développant une fausse controverse sur l’opportunité d’un plan quinquennal ou triennal. D’après le ministre précédemment cité, on peut estimer qu’un tel programme existe de fait. Puisque devant le congrès bancaire arabe, le président Hariri a indiqué les étapes suivantes : privatisations pour quelque cinq milliards de dollars ; Paris II, qui doit en rapporter autant, le tout servant à alléger la dette publique ; mesures pour consolider la monnaie nationale, qu’il n’est pas question de dévaluer ; réfutation par les actes des thèses pessimistes. – Quoi qu’il en soit, ajoute cette même source, Damas commence à être fatigué, écœuré même, par l’impénitente pugnacité querelleuse des dirigeants libanais. Qui ne tardent jamais à violer les trêves que les Syriens leur imposent. Sans tenir compte de la gravité de la situation régionale, ni de la crise économique. En se disputant parfois sur des broutilles. De guerre lasse, ajoute cette source, les Syriens ont décidé de ne plus arbitrer les conflits. De laisser les protagonistes s’arranger entre eux, en leur conseillant de ne pas y manquer. C’est cette attitude qui aurait été adoptée, à en croire le ministre, pour l’affaire du pont d’Ouzaï comme pour celle du cellulaire. À en croire la même personnalité, si les Syriens sont déçus par les prestations du pouvoir, ils le sont aussi par les opposants. Car ces derniers n’auraient pas bien répondu aux gestes d’ouverture effectués dans leur direction par Damas. Dont le redéploiement ordonné au printemps dernier. Et placé à dessein, pour la toute première fois, sous le justificatif officiel de l’application de Taëf. De même, la Syrie a accepté que, pour une première fois également, le Conseil supérieur mixte tînt ses assises au Liban. Et, au cours d’un sommet, également sans précédent, à Baabda, le président Assad avait annoncé une série de dispositions économiques favorables au Liban. Toutes ces avancées, souligne le loyaliste, n’ont été accueillies qu’avec réserve, ou même avec suspicion, par les opposants. Et la Syrie en reste amère, dit-il. Émile KHOURY
C’est la politique qui doit être au service de l’économie, et non l’inverse. Surtout, souligne une source gouvernementale, quand cette politique est purement politicienne. Et qu’en exploitant, à des fins démagogiques ou tactiques, les thèmes de la récession, elle en aggrave les effets. Ce volet ressort tout particulièrement aujourd’hui. Parce que le front du Sud,...