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Actualités - OPINION

Dialogue - Les contacts se multiplient Le processus connaît une amorce prometteuse

Le pouvoir, le régime plus exactement, récuse la poursuite du dialogue avec l’Est opposant. Pour le motif, logique, que nombre de questions-clés, comme la présence militaire syrienne ou le déploiement de l’armée au Sud, ne sont pas négociables. Et aussi parce qu’il ne peut pour sa part s’arrêter aux revendications d’une seule fraction. Ce qui ne veut pas dire que tout échange est bloqué : Baabda réaffirme que ses portes restent ouvertes à tous, s’il s’agit d’évoquer autre chose que les sujets qui fâchent. Cela étant, les parties en quête d’ouverture ont entamé un cycle intensif de rencontres tous azimuts préparatoires. Dans ce cadre, deux campagnes, qui se veulent complémentaires dans leur finalité, sont menées en parallèle par le groupe de Kornet Chehwane et par M. Walid Joumblatt. Ce dernier met cependant l’accent, d’une façon prioritaire, sur les circonstances régionales, les pressions extérieures. Qui à son avis requièrent sur le plan intérieur un maximum de concertations et de coordination. Tandis que l’Est de son côté est plutôt en quête d’un consensus qui lui permettrait à terme de sortir de son isolement, de l’exclusion qui le frappe, pour ne pas dire de son ghetto politique. Les objectifs immédiats ne sont donc pas tout à fait identiques. D’autant que Kornet Chehwane a deux soucis supplémentaires à se faire. Il lui faut d’abord rassurer l’Ouest, après les fâcheuses répercussions qu’a pu avoir le virulent manifeste maronite de Los Angeles. Il lui faut ensuite régler de nombreuses contradictions internes, en tentant également de raffermir les diverses alliances que la partielle du Metn a pu dégager dans l’ensemble du camp chrétien. D’où, par exemple, les rendez-vous avec le général Aoun. Mais, en définitive, les deux projets sont confluents. Et aussi bien M. Joumblatt que la Rencontre souhaitent voir triompher une ligne de raison modérantiste qui unirait le gros du pays politique. À moyen terme, l’opposition espère inspirer au pouvoir une modification sensible de son approche actuelle, marquée par trop de conflits. En termes concrets, cela devrait se traduire par une nette détente sur des dossiers symboliques importants, comme la libération du Dr Samir Geagea, celle du Dr Toufic Hindi, de ses consorts ou encore le retour du général Michel Aoun. Le tout en vue, et en prélude, à une véritable réconciliation nationale, gage d’entente durable. À l’heure actuelle, nombre de loyalistes observent avec sympathie ces mouvements de fond, dans la mesure où ils sont promoteurs de détente stabilisatrice sur le front intérieur. Ainsi, M. Khalil Hraoui, ministre de la Défense, relève qu’il faut approuver toute action visant à favoriser le dialogue entre toutes les composantes de la mosaïque libanaise. À son avis, le climat positif ainsi généré ne peut qu’avoir d’excellentes retombées sur les prestations du pouvoir lui-même. Dans ce sens que les dirigeants se trouveraient encouragés à traiter sans tarder, et sans complications, les dossiers litigieux qui les opposent. En se référant à l’esprit des institutions plutôt qu’à des positions arc-boutées de luttes intestines. M. Hraoui rappelle qu’il a lui-même toujours milité activement pour des contacts élargis à tous les bords, à tous les leaderships, sans les limiter à telle ou telle fraction. Il pense que la détente ne peut naître que de la globalité du dialogue. Qui, à son avis propre, doit se dérouler sous l’ombrelle de l’État comme de Taëf. Il relève avec satisfaction qu’après la partielle du Metn, il n’y a plus de forces qui s’excluent de la vie civique et politique. Pour en revenir à Kornet Chehwane, nombre de loyalistes lui conseillent de ne pas limiter ses contacts à l’Ouest et de sonder également les cœurs du côté chrétien. C’est-à-dire de prendre langue sans tarder avec toutes les instances qui ne font pas partie de la Rencontre, aussi éloignées qu’elles en soient. C’est là un clin d’œil manifeste au camp de M. Michel Murr comme à celui de M. Sleiman Frangié. Une démarche d’autant plus nécessaire, estiment ces sources, qu’il ne faut pas que de tels leaders se sentent mus par une hostilité encore plus grande à l’égard de la Rencontre à cause du communiqué de LA. De fait, ce brûlot, œuvre d’émigrés, en a indisposé plus d’un du côté chrétien et même maronite. Ainsi, à part MM. Murr et Frangié, on peut signaler les réserves émises par le bloc de M. Farès Boueiz, le bloc de Bécharré, le parti des Kataëb, le député M. Robert Ghanem, les parlementaires indépendants chrétiens. Et, bien sûr, par les ministres MM. Khalil Hraoui et Georges Frem. Il s’agit donc, en quelque sorte, que l’exclu ne frappe pas lui-même autrui d’exclusion. C’est-à-dire que les personnalités ou formations citées ne doivent pas se sentir ignorées par la Rencontre, qui tire son importance comme on sait de la caution que Bkerké lui apporte. Ce qui ne l’autorise pas, selon ces sources, à monopoliser de fait la représentation du camp chrétien. D’autant que l’une des raisons d’être du Liban, et de toutes ses composantes, reste le respect des pluralismes. Même, ou surtout, au sein d’une seule fraction. Un mouvement sui generis qui favorise au fond le sens national bien compris, à travers un dialogue permanent. Comme c’était le cas jadis, lorsque parmi les fleurons du parti chamounien on pouvait citer un Kazem el-Khalil ou des Haïdar et des Osman au sein de la direction du Bloc national. En bref, par le modérantisme il devient relativement facile d’évoluer du confessionnalisme étroit vers le laïcisme. Politique et civique. Philippe ABI-AKL
Le pouvoir, le régime plus exactement, récuse la poursuite du dialogue avec l’Est opposant. Pour le motif, logique, que nombre de questions-clés, comme la présence militaire syrienne ou le déploiement de l’armée au Sud, ne sont pas négociables. Et aussi parce qu’il ne peut pour sa part s’arrêter aux revendications d’une seule fraction. Ce qui ne veut pas dire que tout...