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Actualités - CHRONOLOGIE

FRAUDE - De gros nuages planent sur la croissance mondiale L’affaire WorldCom replonge les marchés dans la tourmente

Le risque d’aggravation de la crise de confiance qui ébranle les marchés financiers, après la dernière affaire des comptes truqués de WorldCom, et la baisse rapide du dollar présentent un danger réel pour une reprise économique américaine et mondiale encore hésitante, selon des économistes. « Cette crise de confiance des investisseurs et du grand public fait planer un gros nuage sur la croissance aux États-Unis et dans le reste du monde », estime Catherine Mann, une économiste de l’Institute for International Economics, un institut de recherche privé de Washington. La méfiance des investisseurs, des consommateurs et des institutions financières face à la valorisation des entreprises est de plus en plus profonde, alors que dans le seul secteur des télécommunications, les détenteurs d’actions ont vu ces dernières années la valeur de leurs actifs fondre de plus de 2 000 milliards et qu’un demi-million de salariés se sont retrouvés au chômage. La crainte est d’autant plus grande après WorldCom que la dette des entreprises non financières américaines se montait à 4 870 milliards de dollars au 1er trimestre, soit près de la moitié du produit intérieur brut des États-Unis, souligne John Lonski, le principal prévisionniste de Moody’s, la firme de notation financière. Pour Catherine Mann, la forte baisse des valeurs boursières résultant de cette crise de confiance pourrait porter un mauvais coup au redémarrage des investissements des entreprises, l’élément- clé manquant dans la reprise actuelle et qui est jugé essentiel pour en assurer la viabilité en créant des emplois. Le recul des valeurs boursières et le climat d’incertitude qui l’accompagne ont déjà érodé la confiance des consommateurs comme l’a montré la forte baisse notée en juin. Selon Catherine Mann, les scandales vont probablement coûter un point de croissance au deuxième semestre 2002 et freiner l’expansion en 2003. Le PIB devrait croître de seulement 2,5 % en rythme annuel de juillet à décembre au lieu des 3,5 % prévus auparavant, a-t-elle précisé. Au 1er trimestre, le PIB a crû de 6,1 %, selon la dernière révision publiée hier par le département du Commerce contre une précédente estimation de +5,6 %. Cette forte hausse s’explique surtout par la fin de la liquidation des stocks des entreprises. « L’affaire WorldCom risque d’avoir un impact dévastateur sur la manière dont les investisseurs étrangers perçoivent le marché américain, ce qui pourrait les décourager d’y investir et donc de financer les déficits extérieurs des États-Unis », estime John Lonski. Une telle réticence, si elle se généralisait, pourrait accélérer le mouvement de baisse du dollar qui jusqu’à présent reste ordonné, a-t-il dit. « Nous sommes actuellement à la limite d’un déclin salutaire du dollar et le risque d’un décrochage avec ses effets déstabilisateurs sur les États-Unis et le reste du monde », estime Robert Hormats, directeur général de la firme d’investissement Goldman Sachs International. Une dépréciation progressive du billet vert – environ 9 % sur l’euro depuis avril – permet de doper les exportations américaines et de conforter la croissance, tandis qu’en Europe un euro plus fort réduit les tensions inflationnistes, évitant à la Banque centrale européenne de relever ses taux. « Mais un plongeon du dollar saperait les exportations européennes et japonaises, précipitant l’économie de la zone euro et du Japon dans une récession », selon M. Lonski. Aux États-Unis, la Réserve fédérale serait probablement contrainte de relever ses taux pour attirer les capitaux étrangers nécessaires au financement des énormes déficits extérieurs, avec un effet néfaste sur la reprise, ajoute-t-il.
Le risque d’aggravation de la crise de confiance qui ébranle les marchés financiers, après la dernière affaire des comptes truqués de WorldCom, et la baisse rapide du dollar présentent un danger réel pour une reprise économique américaine et mondiale encore hésitante, selon des économistes. « Cette crise de confiance des investisseurs et du grand public fait planer un...