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Actualités - CHRONOLOGIE

Sécurité - Un conseiller de Hariri tabassé, la voiture d’un député lapidée Incidents d’Ouzaï : l’État défié et bafoué(photo)

L’État et les forces de l’ordre ont été une nouvelle fois bafoués. Le plus grave étant qu’à la tête de manifestants qui ont exercé hier leur chantage à la violence et bloqué la cérémonie de pose de la première pierre du projet de construction du pont d’Ouzaï, figuraient des députés, supposés être les gardiens des lois et les garants de la démocratie. On pourrait se demander ce qu’aurait été la réaction des autorités publiques si ce qui s’est passé hier sur la sortie sud de Beyrouth s’était produit dans d’autres régions. Se demander aussi pour quelle raison c’est uniquement dans la banlieue-sud que l’autorité de l’État est défiée et les projets de développement bloqués. La présence, sur les lieux, de députés en grande majorité chiites a donné à cette confrontation l’allure d’une épreuve de force entre leur communauté et le Premier ministre Rafic Hariri. En réalité, le lamentable et inexcusable spectacle d’hier illustre la faiblesse de l’État face au désordre de groupements toujours plongés dans l’ordre milicien. À l’issue de cette nouvelle déconfiture des pouvoirs publics il était question de soulever la question aujourd’hui en Conseil des ministres. La désorganisation et l’incompétence des forces de l’ordre, qui ont assisté au spectacle plutôt que de remplir leur mission, leur évidente passivité devant la foule qui les poursuivait, pendant qu’ils faisaient fuir M. Fawaz, est d’autant plus inexcusable que le climat était à la confrontation dès la veille, avec la publication par le Conseil du développement et de la reconstruction (CDR), d’un communiqué qui s’en prenait vivement aux « forces de facto » qui, depuis une dizaine de semaines, bloquent la réalisation du pont et celle d’un collecteur d’eaux usées pour le littoral sud. Ainsi, dès les premières heures du matin, il paraissait évident que la journée ne se passerait pas sans incidents, au cas où le premier coup de pioche était donné. Plusieurs centaines de manifestants, et parmi eux des députés du Hezbollah, s’étaient attroupés dès l’aube sur les lieux où devait se dérouler la cérémonie, déterminés à l’empêcher de force. Les manifestants avaient à leur tête des députés d’Amal, du Hezbollah, du PSNS et du Baas. On reconnaissait dans la foule les ministres MM. Mohammed Beydoun (Énergie) et Ali Abdallah (Agriculture) ainsi que MM. Ayoub Hmayed, Ali Hassan Khalil, Ali Khreiss, Mahmoud Abou Hamdan, Ali Bazzi, Marwan Farès, Hassan Hajje Hassan, Mohammed Raad, Abdallah Kassir, Ali Ammar et Ammar Moussaoui. Le Hezbollah avait été accusé la veille, par le CDR, de tenter d’imposer l’abandon du pont suspendu, d’une longueur de 2,5 km, au profit de projet d’élargissement de la route d’Ouzaï, qui coûterait 72 millions de dollars, dont 42 millions pour les expropriations. Le plus scandaleux étant que les terrains à exproprier sont, souvent, propriété publique sur lesquelles des squatters chittes se sont installés. Les premier heurts ont éclaté vers 8 heures, avec l’arrivée de M. Fady Fawaz, conseiller du Premier ministre pour l’aménagement du territoire, accompagné des experts de la société koweïtienne Khourafi, l’entreprise en charge du projet, qui est supervisé par le CDR, et financé par le Fonds arabe de développement économique et social (FADES) et le Fonds koweïtien pour le développement économique arabe. Les manifestants ont déversé leur colère sur M. Fawaz, honteusement désigné du doigt par Ali Ammar, un député du Hezbollah, qui les incitait « à le piétiner ». Après une course-pousuite entre les manifestants et les forces de l’ordre, ce dernier a été bousculé, jeté à terre et roué de coups. Presque lynché. Plusieurs gendarmes qui tentaient de le défendre et de l’éloigner des lieux, sous prétexte que « sa présence excitait la colère de la foule », ont également reçu des coups. Finalement, une vigoureuse intervention des forces de l’ordre a permis de l’extraire des mains de ses agresseurs et de l’entraîner à l’intérieur du poste de gendarmerie d’Ouzaï. Celui-ci a alors été encerclé par les manifestants, qui l’ont lapidé avec des pierres, des œufs et divers objets. Toutefois, un député du mouvement Amal, M. Hassan Khalil, devait intervenir pour sauver M. Fawaz de la colère des manifestants. M. Khalil a embarqué ce dernier à bord de sa voiture et l’a conduit à l’Hôpital américain. Entre-temps, les manifestants s’en étaient pris à la voiture de Walid Eido, député membre du bloc de M. Hariri, arrivé sur les lieux. Le véhicule a été labouré de coups de pied et de poing, avant d’avoir la vitre avant brisée par une pierre. De même, les manifestants ont lapidé des véhicules des forces de l’ordre et les équipements de la société d’ingéniérie en charge du projet ainsi que la vitre d’une voiture qui portait un autocollant représentant M. Hariri. Juchés sur le plateau d’une camionnette, les députés du Hezbollah haranguaient, de leur côté, les manifestants au moyen de porte-voix et lançaient des slogans que la foule reprenait en chœur, réclamant notamment la démission du chef du gouvernement. Avec le départ des officiels venus pour la cérémonie, la tension devait baisser et la foule se disperser, ce qui a permis la réouverture de la route du littoral Sud, complètement bloquée dans les deux sens, durant plusieurs heures. Poursuites Régissant à chaud aux incidents d’Ouzaï, le directeur général des FSI, le général Marwan Zein, a ordonné, hier, l’arrestation des citoyens qui ont agressé les forces de l’ordre et lancé des pierres sur le poste d’Ouzaï, endommagé des véhicules des FSI et agressé le conseiller du Premier ministre. Pour sa part, le chef du gouvernement s’est rendu au Parlement, où il s’est réuni avec le président de la Chambre Nabih Berry, dont l’attitude ambiguë vis-à-vis du projet a retenu l’attention, puisqu’il avait adressé aux manifestants, par le bais du député Ayoub Hmayed, un message d’appui et de félicitations pour leur mobilisation « en faveur de leurs droits ». En quittant, M. Hariri s’est contenté de renvoyer les journalistes qui l’assaillaient de questions aux images de l’incident diffusées par les médias audiovisuels.
L’État et les forces de l’ordre ont été une nouvelle fois bafoués. Le plus grave étant qu’à la tête de manifestants qui ont exercé hier leur chantage à la violence et bloqué la cérémonie de pose de la première pierre du projet de construction du pont d’Ouzaï, figuraient des députés, supposés être les gardiens des lois et les garants de la démocratie. On...