Conférence « Les Mozarabes d’al-Andalous » : des précisions de Philippe Roisse

Suite à l’article paru dans L’Orient-Le Jour du 13 juin concernant la conférence donnée sur « Les Mozarabes d’al-Andalous », nous avons reçu du conférencier, Philippe Roisse, les précisions suivantes visant, souligne-t-il, à éviter « une interprétation erronée » de ses propos : « Les problèmes identitaires des Mozarabes (chrétiens arabisés d’al-Andalous) sont aussi ceux que peuvent avoir rencontré un certain nombre de communautés du Proche-Orient dans le passé et même encore, d’une manière un peu différente, aujourd’hui. Une lecture idéologique de ce type d’identité (culturelle et confessionnelle) constitue une entrave à la sereine lecture de l’histoire et c’est précisément l’idéologie que je m’efforce d’évacuer de mon analyse. « Les Mozarabes n’ont pas été systématiquement mal traités par les musulmans (même si des vexations et certaines discriminations à leur encontre avaient bien lieu), pas plus qu’ils n’auront bénéficié d’un soi-disant régime de “tolérance” propre à l’islam ou à une époque dorée d’al-Andalous. La coexistence entre les communautés chrétiennes, juives et musulmanes au Moyen Âge, en al-Andalous, a donc été sujette aux circonstances politiques, sociales et économiques de la région à chacune de ces époques, selon les régimes, les dirigeants et les hommes de loi du moment. Le double mythe que je récuse (suite à une étude attentive des sources textuelles tant musulmanes que chrétiennes) est celui de la “tolérance” (mot à la mode) généralisée des musulmans vis-à-vis des chrétiens et – tout autant – celui qui suppose un état constant de victime de la part des chrétiens. Une dernière chose (qui pourrait renforcer la lecture idéologique que je dénonce) : l’aristocratie wisigothe était partisane de l’hérésiarque Arius avant son ralliement à l’Église universelle, à la fin du VIe siècle ; en tant que telle, elle était donc arienne et non – comme cela est rapporté dans l’article – “aryenne”. »