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Actualités - CHRONOLOGIE

FÊTE DE LA MUSIQUE - Un 21e anniversaire dans le centre-ville avec une extension à la rue Monnot À faire tomber les murs(photo)

Il est 20h le 21 juin au centre-ville, un peu plus animé que d’habitude en ce début de week-end, pour cause de fête de la musique. Le plan de route est très élaboré cette année : les rues et les espaces principaux ont été quadrillés en secteurs thématiques : musique classique et orientale aux cathédrales Saint-Louis et Saint-Georges, du monde, aux Thermes romains, itinérante dans les environs de Maarad, rap et rock place de l’Étoile, rock et pop place des Martyrs et jazz et blues dans les environs des rues Foch et Allenby. Il suffit donc de se rendre à l’heure convenue à l’emplacement sonore choisi. Très agréable, l’idée de transformer le cœur de Beyrouth en radio géante, où les pas servent de tuner. C’est vrai que c’est le principe fondateur de cette fête, mais il a été très bien géré dans la capitale : aucune performance n’écrase l’autre et chaque secteur est étanche. Bref, quand on écoute du blues assis sur les dalles, on est assuré d’en profiter complètement. Comme ce secteur est encore en préparation technique, je me dirige vers la place de l’Étoile, où des poids lourds de la jeune scène locale sont très attendus. Petits plaisirs Au son de l’horloge, Charbel Habre et le reste des Scrambbled Eggs entament le tour de chauffe : un petit plaisir live, en attendant la sortie imminente de leur prochain album, qui va en laisser plus d’un étonné. Un autre petit crochet par le blues puis direction les Thermes romains. Plus une place pour s’asseoir devant la scène, je me contente des côtés pour écouter ce qui, à mon humble avis, a constitué la partie la plus excitante de tout l’événement : des musiciens francophones du Mali, du Sénégal, du Vietnam, de Bulgarie, de France et du Liban réunis pour un « concert francophone ». Présenté comme cela, on imagine une apocalypse cacophonique. C’est tout le contraire qui est arrivé, grâce à la participation inspirée, discrète et efficace de François Picard, ethnomusicologue et arrangeur de grand talent. Une heure unique où l’on a pu se remplir de sonorités nouvelles (j’ai maintenant un faible pour la flûte hongroise et la cornemuse bretonne). J’ai tout juste le temps de rejoindre la place de l’Étoile, noire de monde après le passage des agités du Scrambbled et attendant de pied ferme le duo électronique Soap Kills. Les puissantes basses du séquenceur de Zeid Hamdane, enveloppées par la voix insaississable de Yasmine Hamdane, résonnent encore pendant que la place des Martyrs se rapproche. Musique inquiétante Il est presque 21h45, il est donc bien trop tôt pour le grand rassemblement. Troisième abordage de la place de l’Étoile où la relève musicale libanaise sait rameuter les foules. Mais personne n’excelle dans cet exercice autant que le rap et quand il s’appelle Kitaa B., on est à peu près sûr du résultat. Les MC’s se succèdent et les trois membres du Secteur B. en entraînent d’autres sur scène avec eux, pas stars pour deux sous. Sous le feu, la glace, un ami me confie son impression, que je retranscris fidèlement pour sa ressemblance avec la mienne, très enfouie elle. Pour lui, c’est une musique « inquiétante, qui pourrait faire tomber les murs des immeubles ». Sans commentaire et pour se faire une idée de ce qu’est le rap local – mais où était donc Ak’sser, l’autre trio de rap au phrasé chargé ? –, il suffit, là aussi, d’attendre la sortie prochaine de leur premier album, très attendu. C’est évidemment impossible de tout suivre, mais la rue Monnot vaut le détour. Ici, c’est la sono à fond, installée et dirigée par une des plus grosses radios anglophones, qui a attiré son public à coups de matraquage sur les ondes depuis des semaines. Grand attendu de la soirée : un DJ anglais. Les flâneurs de la rue animée d’Achrafieh, retranchés dans les restaurants, semblent un peu effrayés. C’est aussi mon cas et je n’ai plus 15 ans, hélas, pour digérer tous ces décibels en furie. Tout ce que je retiens de cette 21e fête de la musique, c’est que les organisateurs, les producteurs et autres sponsors, par ces temps inquiets, commencent timidement à tendre la main à ces musiciens qui, sans avoir atteint la trentaine, font plaisir à entendre et à voir. Histoire de saper le moral à un satané complexe d’infériorité qui, trop souvent, nous fait miroiter le reste du monde comme étant la référence universelle. De vrais auteurs et interprètes vivent dans le même pays que le nôtre et ce pays, c’est ici. Et pas ailleurs. Diala GEMAYEL
Il est 20h le 21 juin au centre-ville, un peu plus animé que d’habitude en ce début de week-end, pour cause de fête de la musique. Le plan de route est très élaboré cette année : les rues et les espaces principaux ont été quadrillés en secteurs thématiques : musique classique et orientale aux cathédrales Saint-Louis et Saint-Georges, du monde, aux Thermes romains,...