EXPOSITION Dix-sept décorateurs font « La fête » à la villa Audi(PHOTOS)

L’exposition The Showhouse organisée par la Fondation nationale du patrimoine à la villa Audi (Achrafieh) a été inaugurée hier. Jusqu’au 17 juin, ce beau bâtiment du XIXe siècle (attenant au Centre Sofil) prête ses salles, ses coins et recoins, jusqu’à sa terrasse, aux très belles réalisations des 17 meilleurs décorateurs et designers du pays. Chacun d’entre eux a ainsi choisi un espace déterminé dans lequel il laisse libre cours à sa fantaisie. Ce qui donne au final une impression de promenade à travers une demeure enchantée où, de pièce en pièce, on passe d’une époque à une autre, d’un lieu à son extrême opposé, d’une ambiance à une autre, dans une atmosphère festive et raffinée. Impossible de décrire en détail et de manière exhaustive tous les projets exposés. On peut cependant signaler : – L’impressionnante Borne temporelle de Jean-Louis Mainguy, qui offre aux visiteurs de l’exposition un passage obligé... vers l’émotion ! En effet, ce fût pyramidal en bois, sorte de gouffre vertical qui s’élève au centre du hall et qui atteint le plafond du deuxième étage, entraîne les personnes qui s’engouffrent dans son passage étroit vers une fête spirituelle et cosmique. – Plus terriennes, voire épicuriennes, les riches soirées vénitiennes, baroques ou antiques et orientales, reconstituées par Élie Gharzouzi, Claude Missir ou Serge Brunst, déploient des trésors de raffinement et d’harmonie. – Les bêtes en liberté, de Michel Harmouche, qui a placé dans une pièce verdoyante un étonnant bestiaire sculptural (sauterelle géante en métal cuivré, moutons en pierre, etc.), introduisent dans cette maison patricienne une note de fantaisie et d’insolente fraîcheur. – Un peu dans le même registre ludique et audacieux, Hubert Fattal et Rabih Keyrouz ont transformé une des pièces latérales du premier étage de la demeure en « chambre d’une femme des années cinquante qui se prépare pour une fête ». Du nécessaire de toilette, à la robe de bal, tout est prêt pour le grand soir. Les jeunes designers ont placé dans le cadre de la porte une serrure géante, qui donne aux visiteurs de l’exposition l’impression d’être des voyeurs. D’autant qu’à la cérémonie d’inauguration, une jeune femme, en chair et en os, s’est prêtée au jeu de... l’habillage. – La fête est synonyme de joie, de gaieté, de liberté, de banquet, mais elle peut aussi avoir une signification plus mystique et spirituelle. Dory Hitti, par exemple, la conçoit comme une « célébration avec Dieu ». Une célébration reproduite par un aménagement de style futuriste, zen, architectural, où les matériaux froids se conjuguent avec les lueurs des cierges, plantés dans du sable. Et où les bruitages, sons et chants religieux semblent émaner des silhouettes peintes sur les murs. – Hommage à Klimt, aux fêtes d’antan, aux banquets romains, l’alcôve aménagée par May Geha Badawi recrée une ambiance à la fois intime, inspirée du passé, mais bâtie sur une structure très moderne. – La fête est assimilée à L’obsession orientale chez Joe Tohmé, qui exprime à travers un mélange luxuriant de meubles « orientalistes » –« dans le sens où ce sont des pièces imaginées et conçues par des Occidentaux fascinés par l’Orient », explique-t-il – l’incarnation d’un fantasme européen, d’une fantaisie décorative. – À côté, sur la terrasse, ambiance méditerranéenne conçue par Dani Bridi Mégarbané, qui a mélangé, harmonieusement, meubles de jardin, voilages, plantes et pièces rapportées de voyage. Pour conclure en beauté ce petit voyage au pays magique de la décoration. À ne pas rater. Z.Z. *La villa Audi est ouverte tous les jours de 16h à 22h. Liste des exposants Dix-sept architectes d’intérieur, décorateurs et designers exposent à la villa Audi. Il s’agit de Paula Acra, Dany Bridi Mégarbané, Serge Brunst, Michel Chidiac, Nabil Dada, Hubert Fattal, May Géha Badawi, Élie Gharzouzi, Rabih el-Hage, Michel Harmouch, Dory Hitti, Anabelle Kassar, Galal Mahmoud, Jean-Louis Mainguy, Claude Missir, Chakib Richani et Joe Thomé.