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Actualités - CHRONOLOGIE

Devant la MTV, une opposition unie derrière l’image de « son » député(photo)

Le mur de la peur est tombé. Brisé en mille morceaux, hier, entre Antélias et Naccache, sur la route qui mène aux locaux de la MTV. Sitôt après la conférence de presse du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, les Libanais sont descendus dans la rue. Les jeunes, les étudiants, les partisans, bien sûr. Mais aussi des gens âgés, démobilisés depuis plusieurs années, qui ont tout laissé pour participer avec leurs enfants à la grande manifestation spontanée devant les studios de la MTV, pour fêter la victoire de Gabriel Murr, qu’ils perçoivent avant tout comme « un triomphe sur la terreur ». Sourire aux lèvres, ils arrêtent leurs voitures à Antélias et s’engagent par centaines dans la montée d’Antélias à Naccache en scandant des slogans aounistes, kataëb et Forces libanaises (FL). Certains responsables de l’opposition n’hésitent pas à faire de même, devant le trafic qui bouche l’accès à la MTV, à l’image du coordinateur du Courant aouniste, le général Nadim Lteif. Tous les courants de l’opposition ultra à « l’occupation syrienne du Liban » se sont rassemblés derrière la candidature et l’image de Gabriel Murr. Un phénomène de masse inédit depuis au moins douze ans, si l’on excepte peut-être l’accueil fait au patriarche Sfeir en 2001 à l’issue de son périple américain. Les portraits de Gabriel Murr, du général Michel Aoun, de Samir Geagea, de Nassib Lahoud, de cheikh Pierre, Amine, Béchir et Pierre Jr Gemayel, de Camille, Dany et Dory Chamoun, du patriarche Sfeir et de Ramzi Irani se côtoient. Un immense drapeau libanais a été recouvert de toutes ces photos, preuve que l’unité dans les rangs est le maître mot. L’installation sonore diffuse des hymnes aounistes, FL, kataëbs, et la chanson composée à la mémoire de Dany Chamoun, « Le rêve volé ». Entre chacun de ces hymnes partisans, c’est la chanson écrite par Habib Younès pour la MTV qui passe. À force de l’entendre, ces deux dernières semaines, l’opposition, tous courants confondus, la reprend. L’atmosphère est à la liesse, et, de tous les côtés, on espère que l’euphorie qui fédère toutes ces parties va durer. À un moment, l’une des chansons diffusées est accompagnée d’un montage reprenant des morceaux de discours de Béchir Gemayel. Les gens, surpris, regardent en direction de la scène : ils n’ont pas pris conscience qu’il s’agit d’un enregistrement et pensent, une fraction de seconde, qu’on les interpelle. Il s’ensuit un moment d’intense émotion : un discours posthume du président-martyr où il affirme que « les Libanais ne se tairont jamais devant la Syrie qui veut leur imposer son diktat... » À son arrivée à Naccache, le député Gabriel Murr prend la parole devant les manifestants. Il les appelle à exprimer civiquement leur joie et, surtout, à ne pas aller du côté de Bteghrine. Ces appels au calme seront répétés plusieurs fois durant la soirée. Et pour cause, les services de renseignements en civil sont infiltrés parmi les protestataires. Lundi soir déjà, l’un des agents qui avaient tabassé les jeunes devant le Palais de justice l’an dernier avait été identifié par l’un des aounistes, dans la foule. Il portait un brassard du Courant aouniste. Devant son refus de quitter les lieux, une bagarre s’ensuit. Résultat : le aouniste, originaire de Baskinta, est, depuis, recherché par les SR. Il avait déjà reçu des menaces par téléphone avant les élections de dimanche. On lui avait dit qu’en cas de participation il « disparaîtrait pour toujours, comme d’autres avant lui ». Sous-entendu, comme Ramzi Irani. Dans la soirée, l’ancien chef du Parti communiste, Georges Haoui, harangue la foule. « Nous réclamons le retour du général Michel Aoun, la libération de Samir Geagea, un gouvernement d’union nationale, le rétablissement de la souveraineté : la route est longue. Le PCL est avec vous », hurle-t-il, couvert par la foule qui scande : « La Syrie dehors. » Il est ensuite recouvert par une marée humaine et plusieurs personnes se précipitent pour l’embrasser et lui serrer la main. Le député Gabriel Murr reprend la parole pour faire un discours dirigé contre les agissements du député Michel Murr. « Vous avez choisi entre la liberté et la carrière à la Sûreté de l’État et dans les FSI », dit-il. D’autres après lui s’adresseront à la foule, parmi lesquels le général Michel Aoun. Au-delà de l’enjeu électoral, la MTV est devenue hier, pendant quelques heures, un espace public de liberté pour plusieurs milliers de Libanais. C’est tout un camp politique brimé depuis douze ans qui a cristallisé ses aspirations dans Gabriel Murr, le premier député que l’opposition unie propulse au Parlement. Le souhait profond de toutes les personnes présentes à Naccache, hier, était que cette unité ne disparaisse pas au profit d’intérêts particuliers, une fois l’ivresse de la victoire dissipée. C’est l’image de cette opposition réunie au siège du PNL, samedi, à Sodeco, qu’ils veulent désespérément fixer dans leurs têtes. Michel HAJJI GEORGIOU
Le mur de la peur est tombé. Brisé en mille morceaux, hier, entre Antélias et Naccache, sur la route qui mène aux locaux de la MTV. Sitôt après la conférence de presse du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, les Libanais sont descendus dans la rue. Les jeunes, les étudiants, les partisans, bien sûr. Mais aussi des gens âgés, démobilisés depuis plusieurs années, qui...