Certains députés pourraient remettre en question leur mandat Nassib Lahoud fait planer la menace d’une réaction lourde de conséquences

Avant de tenir une réunion au siège du PNL, les dirigeants de l’opposition ont entrepris une série de contacts avec les leaderships politiques et religieux pour les mettre au courant des développements de la nuit et des premières heures de la matinée. MM. Nassib Lahoud, Salah Honein, Camille Ziadé, Dory Chamoun et Simon Karam se sont rendus à Bkerké pour un entretien avec le patriarche maronite le cardinal Nasrallah Sfeir. Dans le même temps, les députés Farès Souhaid et Mansour el-Bone se sont rendus, place de l’Étoile, où le président de la Chambre, Nabih Berry, discutait avec le chef du gouvernement, Rafic Hariri, des remous consécutifs aux élections partielles dans le Metn. À Bkerké d’abord : sur le perron du siège patriarcal, M. Lahoud a lancé une véritable mise en garde à l’État contre toute manipulation des résultats du scrutin, accusant sans ambages le ministère de l’Intérieur de « tenter de spolier la victoire de l’opposition en annulant le décompte des voix d’une urne » et laissant entendre que celle-ci pourra passer à l’action pour exprimer son mécontentement, au cas où « le jeu démocratique serait faussé ». « Nous mettons en garde le ministre de l’Intérieur : il doit annoncer les résultats des travaux de la haute commission de décompte des voix qui fait état (dans son rapport de l’aube) de la victoire de Gabriel Murr par trois voix contre sa rivale Myrna Murr, sinon, il y aura une crise nationale importante », a déclaré M. Lahoud en insistant : « Ces tentatives (du ministère de l’Intérieur) vont provoquer un fossé énorme – que nous ne souhaitons pas – entre la population et le pouvoir (...). Elles mettront plusieurs blocs populaires dans une situation de confrontation – que nous voulons éviter à tout prix – avec les autorités. Nous sommes attachés à nos relations avec les institutions au sein desquelles nous assumons notre rôle politique. » M. Lahoud a précisé qu’il était présent aux côtés de MM. Michel Murr et Pierre Gemayel lorsque le président de la haute commission de décompte des voix « nous a annoncé que Gabriel Murr a une avance de trois voix sur la candidate du pouvoir ». « Le fait d’annoncer les résultats aux candidats ou à leurs représentants avant de les confier au mohafez pour qu’il les remette au ministère de l’Intérieur fait partie de ses responsabilités. Le seul rôle du ministère est, conformément à la loi, d’annoncer officiellement à la population ce qu’il a réceptionné, en vertu d’une décision officielle, de la haute commission », a poursuivi le député qui s’est dit étonné de ce que ce département soit engagé dans une correspondance avec cette commission au sujet de ses conclusions. « Immaturité politique » En réponse à une question de la presse, M. Lahoud a indiqué que les mesures qui pourraient être prises au cas où le rapport de la commission ne serait pas retenu ne seront pas annoncées pour le moment, en déclarant cependant que certains députés membres des Assises de Kornet Chehwane remettent en question l’opportunité de leur présence à la Chambre dans les circonstances actuelles. À la question de savoir si l’opposition appellera à des rassemblements populaires, il a répondu : « Tout est possible. L’opposition se déclare en session ouverte ». Prenant à son tour la parole, M. Chamoun a appelé le chef de l’État à intervenir et à trancher, estimant que le général Lahoud devrait convoquer « son gendre, le ministre de l’Intérieur, qui a fait montre jusqu’aujourd’hui d’immaturité politique ». Pour le chef du PNL, ce qui se passe ne manquera pas de « se répercuter (négativement) sur la présidence de la République et sur ses rapports avec la population ». Place de l’Étoile, les députés Farès Souhaid et Mansour el-Bone se sont joints à la réunion tenue par MM. Berry et Hariri à qui ils ont expliqué que la haute commission de décompte des voix avait retenu à l’aube les voix de l’urne de Hemlaya et annoncé la victoire de Gabriel Murr. Les deux parlementaires ont attiré l’attention des deux dirigeants sur la gravité des répercussions de cette affaire sur le double plan politique et populaire. Ils se sont ensuite rendus à Bkerké pour communiquer au patriarche le résultat de leurs entretiens avec MM. Berry et Hariri.