PARTIELLE DU METN - Gabriel Murr, Ghassan Moukheiber et Gebrane Tuéni se retrouvent autour de la même table L’opposition appelle le pouvoir à assumer ses responsabilités pour éviter la crise (photo)

L’opposition, toute l’opposition chrétienne, s’est retrouvée hier, à 17h30, au siège du PNL, à la rue du Liban, à Achrafieh. Parlementaires, membres de Kornet Chehwane, leaders de courants politiques, rivaux de la partielle du Metn… Gabriel Murr, Ghassan Moukheiber et Gebrane Tuéni se sont assis autour de la même table ; il fallait prendre une seule et unique position : appeler le pouvoir à assumer ses responsabilités, en proclamant Gabriel Murr vainqueur des élections du Metn, pour éviter une crise nationale grave. Et, pour que le choix des électeurs soit respecté, l’opposition usera de tous les moyens démocratiques. Certains ont proposé des démissions parlementaires, des manifestations, des grèves, voire la désobéissance civile. Hier, personne n’a manqué le rendez-vous donné au siège du PNL. Les représentants de l’opposition ont attendu l’arrivée, venant de Bkerké, des députés Nassib Lahoud et Salah honein, du chef du PNL, Dory Chamoun, de l’ancien député Camille Ziadé, et de l’ancien ambassadeur Simon Karam, tous membres de Kornet Chehwane, pour entamer la réunion. La grande surprise a été créée par deux autres membres du Rassemblement, le député Boutros Harb et le PDG du Nahar, Gebrane Tuéni, qui ont fait ensemble leur entrée au siège du PNL. Ils seront suivis quelques instants plus tard par le Amid du Bloc national, Carlos Eddé. Le candidat à la partielle du Metn, Ghassan Moukheiber, est arrivé, lui, vers 18 heures Il a fallu un peu moins d’une heure à l’opposition pour rédiger un communiqué commun qui sera lu par M. Antoine Haddad, secrétaire général du Mouvement du renouveau démocratique. M. Haddad a souligné que « les représentants de l’opposition ont passé en revue les dangers découlant de l’insistance du ministre de l’Intérieur, Élias Murr, à vouloir fausser les résultats de l’élection partielle du Metn et à spolier la grande victoire de l’opposition ». Les personnes réunies « refusent catégoriquement de tels agissements », car elles « sont attachées à la victoire de Gabriel Murr, comme l’avait annoncé la haute commission de décomptes des voix (lundi à l’aube) en présence des deux députés du Metn, Nassib Lahoud et Pierre Gemayel ». Dans son communiqué, l’opposition a rappelé qu’elle « a déjà mis en garde contre les agissements du ministre de l’Intérieur, plus dangereux que les événements du 7 août dernier ». Et d’appeler le pouvoir « à assumer ses responsabilités, en respectant les lois et les électeurs, et en proclamant la victoire de Gabriel Murr ». « Pour éviter une crise nationale grave, les autorités doivent immédiatement mettre un terme aux tentatives du ministre de l’Intérieur de falsifier le scrutin », a souligné le texte. L’opposition, qui s’est déclarée en session ouverte, a appelé les Libanais à réagir de manière démocratique lorsque les résultats du scrutin seront annoncés par les autorités. Des sources proches des personnes réunies au siège du PNL ont fait savoir qu’un recours à l’escalade est à envisager, au cas où les résultats de la partielle seraient falsifiés. Elles n’ont pas exclu des démissions de députés et de hauts fonctionnaires et ont souligné l’importance d’une réaction en chaîne. Même un appel à la désobéissance civile a été évoqué. Certaines sources n’ont pas écarté la possibilité que le mouvement déclenché au Metn, en cas de fraude électorale, atteigne d’autres régions. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Nassib Lahoud a mis en garde contre « une crise nationale grave, en cas de fraude des résultats », sans pour autant donner des précisions sur la forme que prendra cette crise. L’ex-président des Kataëb, Élie Karamé, a indiqué que « les réactions iront crescendo ». M. Dory Chamoun a insisté sur « les réactions démocratiques autorisées par la loi ». Il n’a pas exclu que ces réactions touchent d’autres régions du pays. « Une fraude électorale concerne tous les Libanais. Le pouvoir devrait assumer ses responsabilités et respecter la loi », a-t-il dit. Le député du Metn, Pierre Gemayel, a, pour sa part, relevé que « l’on ne peut pas falsifier le vote de plus de 34 000 électeurs ». « Le gouvernement devrait apprendre à accepter la défaite », a-t-il dit. Le Metn et ses électeurs, le Liban entier, se sont réveillés lundi matin avec la victoire du candidat de l’opposition Gabriel Murr. Hier en soirée l’on attendait toujours les résultats officiels de la partielle. Que faut-il prévoir pour les jours à venir ? Le pouvoir permettra-t-il à l’opposition de relever les défis ? Les démarches du Amid Le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, est entré en contact par téléphone, hier, avec le président Émile Lahoud, le chef du Législatif, Nabih Berry, le Premier ministre, Rafic Hariri, et le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, à qui il a exposé le climat politique et populaire qui accompagne les développements en rapport avec le scrutin partiel du Metn-Nord. De source proche du Amid, on précise que M. Eddé a notamment demandé au président Lahoud ainsi qu’à MM. Berry et Hariri de veiller à ce que la volonté des électeurs du Metn soit respectée. Il a souligné la nécessité, sur ce plan, de prendre en considération le climat qui entoure cette opération électorale, affirmant que si le résultat du scrutin est trafiqué, « cela ne pourra qu’affaiblir les voix chrétiennes modérées ». les personnalités présentes La réunion au siège du PNL hier a rassemblé pratiquement tous les représentants de l’opposition chrétienne. Étaient présents Nassib Lahoud, l’ancien président Amine Gemayel, Mme Solange Béchir Gemayel, les candidats à la partielle du Metn Gabriel Murr et Ghassan Moukheiber, les membres du Rassemblement de Kornet Chehwane, Dory Chamoun, Farès Souhaid, Samir Frangié, Salah Honein, Pierre Gemayel, Mansour Ghanem el-Bone, Antoine Ghanem, Boutros Harb, Nadim Salem, Camille Ziadé, Gebrane Tuéni, Farid el-Khazen, Simon Karam, Carlos Eddé, Chakib Cortbaoui, l’ancien secrétaire du Parti communiste Georges Haoui, l’ancien bâtonnier Antoine Klimos, l’ancien gouverneur de la Banque du Liban Michel Khoury, l’ancien candidat aux législatives du Metn Rafi Madayan, l’ancien candidat aux législatives de Beyrouth Massoud Achkar, l’ancien chef des Kataëb Élie Karamé, l’ancien chef des FL Fouad Abou Nader, Michel René Mouawad, Nadim Lteif du CPL et Selmane Samaha, responsable de la section estudiantine des FL, et beaucoup d’autres. Patricia KHODER