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Actualités - OPINION

La réduction de l’âge électoral à 18 ans bloquée jusqu’à nouvel ordre

La proposition de loi sur la réduction de l’âge électoral de 21 à 18 ans se trouve désormais durablement bloquée. Petites causes grands effets : on s’est aperçu que cette modification pouvait aggraver les césures confessionnelles. Dans ce sens que les mahométans verraient leur puissance de feu électorale s’accroître de 74 % contre 27 % seulement aux chrétiens, pour l’édition de l’an 2005. Ces chiffres sont le résultat d’une étude statistique effectuée sur le terrain publiée récemment dans un média. La différence, énorme, signifierait tout simplement qu’il y aurait encore plus à la Chambre de députés chrétiens (ils sont déjà plus d’une vingtaine) qui seraient redevables de leur siège à un électorat mahométan. Qu’ils représenteraient dès lors aux dépens, le cas échéant, des intérêts de leur propre communauté. Nombre de parlementaires chrétiens ont donc posé des conditions précises. Et en attendant qu’elles soient acceptées, ils s’arrangeront, disent-ils, pour provoquer un défaut de quorum pour empêcher la proposition de loi de passer. Ce qui serait d’ailleurs difficile, du moment que le speaker, M. Nabih Berry, a décidé le report sine die du débat. En expliquant que « lorsque la présidence de l’Assemblée constate qu’un sujet prête à discorde, elle préfère le geler ». Pour sa part, le député Boutros Harb, qui était l’un des signataires de la demande de report, affirme que sa position est d’inspiration nationale. Ajoutant que la question ne doit pas être traitée sous un angle confessionnel. Et que la réduction de l’âge électoral provoquerait un déséquilibre de représentation entre chrétiens et musulmans. Le président Hussein Husseini a prié de son côté la présidence de la Chambre d’assumer ses responsabilités. C’est-à-dire de permettre le vote s’il y a suffisamment de députés. Ou alors de décider le report jusqu’à ce que les circonstances deviennent propices. À son avis, « si nous voulons faire chuter la proposition de loi, il nous faut amorcer une opération d’entente de large envergure ». Quant au chef du gouvernement, M. Rafic Hariri, il a déclaré que le texte ne devait pas être abordé d’une manière confessionnelle, sous l’influence du changement démographique et des chiffres. Il a rappelé que Taëf n’a pas pris les statistiques, ou les différences numériques, en compte et que ce pacte commande en premier la coexistence. Le Premier ministre a souligné que « ce pays appartient à tous les Libanais. Les pouvoirs y sont partagés à parité égale, indépendamment des nombres. L’essentiel est que nous continuions à vivre ensemble ». Cependant, la charge pondérale démographique finira par peser un jour ou l’autre, estiment des politiciens. En effet, la Constitution n’impose pas la parité égale à tout jamais. Mais relève qu’« en attendant l’adoption par l’Assemblée nationale d’une loi électorale échappant aux contraintes du confessionnalisme, les sièges parlementaires seront répartis sur les bases suivantes : – à égalité entre chrétiens et musulmans ; – au prorata entre les confessions au sein de chacune de ces deux communautés ; – à la proportionnelle entre les régions ». Au début, le rapport était de 5 à 6 en faveur des chrétiens. Puis sous Chéhab, il est devenu égal, 6 à 6. Les politiciens cités pensent dès lors que l’évolution devrait se poursuivre. Et que pour éviter son impact négatif sur l’échiquier sociopolitique local, il suffit de prendre des mesures compensatoires. Comme l’adoption de la petite circonscription de proximité. Ce qui limiterait énormément le risque de voir des chrétiens parachutés par l’électorat mahométan et inversement. Ensuite, l’accès aux urnes, dans les ambassades ou les consulats, pour les Libanais résidant à l’étranger. Puis la récupération par les émigrés de leur nationalité libanaise, également afin qu’ils puissent voter. Un droit d’autant plus légitime que l’on accorde cette nationalité à tour de bras à des centaines de milliers d’étrangers. Après un tel rééquilibrage à la base, concluent ces politiciens, on pourra songer à ramener l’âge électoral de 21 à 18 ans. Pour que la jeunesse s’implique plus dans la citoyenneté. Émile KHOURY
La proposition de loi sur la réduction de l’âge électoral de 21 à 18 ans se trouve désormais durablement bloquée. Petites causes grands effets : on s’est aperçu que cette modification pouvait aggraver les césures confessionnelles. Dans ce sens que les mahométans verraient leur puissance de feu électorale s’accroître de 74 % contre 27 % seulement aux chrétiens, pour...