Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Celui qui avait « vu » l’enlèvement du jeune ingénieur serait un charlatan Toute l’histoire du « faux témoin », Fawzi Zahreddine

C’était la piste sérieuse des enquêteurs des SR et elle semble désormais tourner court. Le prétendu témoin qui avait affirmé avoir vu trois voitures enlever l’ingénieur Ramzi Irani dans une rue du secteur ouest de Beyrouth semble être un charlatan, qui inventerait des informations pour soutirer de l’argent à des proies affaiblies par la crainte ou le chagrin. Selon ceux qui ont eu affaire avec lui, Fawzi Zahreddine (alias Abou Hussein) est petit de taille, sombre avec un air toujours traqué et il ne regarde jamais son interlocuteur dans les yeux. Tendu à l’extrême, il se méfie des fenêtres, exige que les rideaux soient fermés et évite de donner la moindre indication sur sa personne. C’est cet homme mystérieux qui s’est présenté chez la famille de Ramzi Irani, avant la découverte de son corps, pour dire à ses proches qu’il a assisté à son enlèvement et qu’il s’agirait de membres des renseignements syriens. Perdue, la famille a écouté les confidences du témoin miracle et a demandé aux avocats de le rencontrer. Ceux-ci l’ont écouté attentivement, avant de contacter les enquêteurs pour leur demander de recueillir sa déposition. Fawzi Zahreddine est alors emmené à Yarzé pour y être entendu, et c’est là qu’il aurait révélé avoir inventé les détails pour soutirer de l’argent à la famille. Il aurait même révélé avoir tenté le coup avec d’autres personnalités. Il aurait ainsi tenté de se rendre à Bkerké, mais un prêtre lui aurait interdit la porte d’entrée, lui donnant toutefois un peu d’argent pour ses déplacements. Il se serait alors rendu chez l’évêque maronite de Beyrouth, Mgr Boulos Matar. Mais le plus intéressant dans ses confidences, c’est qu’il aurait rencontré à plusieurs reprises le fils du chef des Kataëb, Jihad Pakradouni. Pakradouni fils a donc été entendu par les SR samedi dernier et il a été confronté au fameux Fawzi. Selon lui, le témoin l’aurait bel et bien contacté, il y a six mois, sans lui donner son nom et aurait demandé à le voir d’urgence. « Je sais qui a tué Hobeika » Jihad lui a donné rendez-vous au Sodeco Square et le petit homme mystérieux lui aurait confié détenir des informations sur un plan syrien de tuer son père. Pour accréditer ses dires, il aurait même révélé des numéros de plaques d’immatriculation et d’autres détails. Jihad a mené sa propre enquête, la peur au ventre, et toutes les informations se sont avérées fausses. Au lendemain de l’assassinat d’Élie Hobeika, Fawzi entre de nouveau en contact avec Jihad et lui dit avoir des informations qui pourraient l’intéresser. Nouveau rendez-vous et Fawzi affirme connaître l’assassin de l’ancien ministre et député. « Je l’ai vu, aurait dit Zahreddine. Il apparaît derrière la voiture piégée, dans la vidéo prise au moment de l’explosion ». Jihad lui aurait alors proposé de revenir le lendemain, le temps pour lui de se procurer la vidéo en question. Mais Zahreddine n’a plus donné signe de vie. Devant les enquêteurs, Jihad lui demande d’ailleurs pourquoi il n’est pas revenu le voir et l’autre répond : « J’avais compris que je ne pourrais pas vous soutirer de l’argent ». Jihad Pakradouni avait d’ailleurs senti que l’homme était louche et en tout cas peu crédible, c’est pourquoi il n’avait jamais cherché à en savoir plus sur lui. Reste aujourd’hui à convaincre la famille Irani que les informations de Fawzi Zahreddine sont fausses. C’est d’autant plus difficile que, pour l’instant, les enquêteurs ne possèdent aucune piste sérieuse et l’enquête semble piétiner et s’enliser dans les rumeurs. Pour Karim Pakradouni, qui n’a pas d’éléments non plus mais possède une vision particulière des choses, ce crime s’inscrit dans le cadre des pressions exercées sur le Liban actuellement. Il y a d’abord eu, selon lui, des pressions politiques puis économiques et maintenant sécuritaires. Elles viseraient à pousser le Liban à accepter les conditions exigées à l’heure actuelle : envoyer l’armée au Sud, démanteler le Hezbollah et dissocier le volet libanais de celui syrien. Karim Pakradouni relève que les incidents sécuritaires touchent les milieux chrétiens (l’assassinat de Hobeika et maintenant celui de Ramzi Irani) car là, il est plus facile de montrer du doigt les Syriens. Pakradouni considère donc qu’il s’agit d’un crime politique et Irani a été choisi parce qu’il n’avait justement pas d’ennemis et sa disparition fait peur parce qu’elle reste inexpliquée. Ce qui est en tout cas sûr, c’est que ces assassinats montrent qu’il existe encore des cellules actives que les divers services libanais et syriens ne parviennent pas à identifier et qui sont en mesure de planifier et d’exécuter des attentats dans toutes les régions du Liban... Scarlett HADDAD
C’était la piste sérieuse des enquêteurs des SR et elle semble désormais tourner court. Le prétendu témoin qui avait affirmé avoir vu trois voitures enlever l’ingénieur Ramzi Irani dans une rue du secteur ouest de Beyrouth semble être un charlatan, qui inventerait des informations pour soutirer de l’argent à des proies affaiblies par la crainte ou le chagrin. Selon ceux...