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Actualités - CHRONOLOGIE

PROFESSIONS - Congrès à la NDU sur les défis rencontrés lors de l’exercice du métier Les outils électroniques, un plus pour les traducteurs

L’importance des outils électroniques pour le traducteur, la nécessité d’une formation spécialisée et le rôle des traducteurs automatiques dans la profession… des sujets sur lesquels insistent Mme Nadia Rahab, professeur à l’Université de North London, et Mme Souleima Boustany, professeur à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour. Mmes Rahab et Boustany avaient participé au congrès sur « Les défis de la traduction et de l’interprétation au troisième millénaire » organisé par le département d’anglais, de traduction et d’éducation de la faculté des sciences humaines de la NDU. Ce congrès, dont les travaux se sont déroulés deux jours durant dans les locaux de l’université à Zouk Mosbeh, a regroupé des professionnels libanais et internationaux. « De nos jours, les outils électroniques comme l’Internet, les dictionnaires et les encyclopédies électroniques constituent une condition importante pour devenir traducteur ou même exercer cette profession », explique Mme Nadia Rahab. « Bien sûr, le traducteur peut consulter les sources traditionnelles, mais l’usage des outils électroniques lui permet d’économiser du temps, d’autant plus que la vitesse constitue un facteur important pour la satisfaction du client. » « L’utilisation de ces outils permet également au traducteur d’avoir accès à plus de ressources », ajoute Mme Rahab, qui souligne qu’un module consacré à l’apprentissage et à l’utilisation de ces outils devrait être introduit dans le cursus universitaire. À eux seuls, ces outils ne permettent toutefois pas au traducteur de traiter tous les textes qui lui sont confiés. « Nombreux sont ceux qui pensent qu’il suffit d’avoir une formation de traducteur généraliste pour pouvoir traduire tous les textes spécialisés qu’on nous propose », déplore Mme Rahab. « Cette formation à elle seule est insuffisante », poursuit-elle. « Chacun des domaines spécialisés a une terminologie propre et des structures spécifiques, qui ne sont pas fournies dans la formation d’un généraliste. À mon avis, il faudrait que le traducteur poursuive sa formation en se spécialisant dans un domaine spécifique. D’ailleurs, ce sont des cours qui sont étalés sur un an d’étude. Dans l’université où j’enseigne, nous avons mis en place huit spécialisations, dont le droit, le tourisme, les médias, le business, la médecine et la gestion ». Évoquant le statut du traducteur, Mme Rahab explique qu’il change d’une région du monde à l’autre. « Le traducteur est plus reconnu en Europe que dans le monde arabe ou dans les pays en voie de développement », indique-t-elle. « De plus, comparée à l’Europe, la formation dans l’hémisphère Sud n’est pas très appropriée. Dans notre région, le traducteur ne possède pas vraiment les qualifications, les diplômes et la formation qu’il faut. Donc la qualité du travail en souffre en général ». Elle indique enfin que la globalisation ne mettra pas fin au métier du traducteur, mais elle changera sa nature. Ce qui, selon Mme Rahab, a déjà commencé puisqu’on lui demande de plus en plus de traduire des documents sous forme électronique comme les softwares et les web pages. Et de conclure : « Je crois que dans le futur, il va y avoir un changement de direction et le traducteur aura plus d’outils à utiliser. Il s’agit à ce stade de bien choisir sa spécialisation et sa combinaison de langues dès le début de sa formation ». La machine ne remplacera pas l’homme Aussi importants soient-ils, les outils électroniques, notamment le traducteur automatique, ne peuvent remplacer l’homme dans l’exercice de la profession. C’est ce qu’affirme Mme Souleima Boustany, qui explique qu’il est difficile pour une machine de prendre en considération le contexte dans lequel se fait la traduction. « Un seul mot a plusieurs significations, la machine ne pourrait jamais prendre le sens nécessaire pour le mettre dans le bon contexte », insiste-t-elle. Selon le dictionnaire Oxford, par exemple, le mot « House » signifie une maison, un lieu pour garder les animaux, une communauté religieuse, une église, une famille royale, un théâtre, etc. De même, le mot arabe « beit » signifie une maison, une famille, une société commerciale, une enveloppe ou une couverture, un centre ou le siège principal d’une société ou d’un parti, un vers, etc. Devant cette prolifération d’informations, seul le traducteur saura choisir le vrai sens du mot pour le mettre dans le bon contexte. « La machine aide certainement le traducteur à économiser le temps », indique Mme Boustany. « Elle lui facilite la recherche, mais le choix des mots doit être opéré par le traducteur lui-même. » Un autre problème qui se pose au niveau du traducteur automatique demeure celui des liaisons des phrases et de leur structure. « La machine peut former des syntaxes simples », constate Mme Boustany. « Mais certaines phrases nécessitent des syntaxes plus compliquées. Seul le traducteur peut faire ce travail .» En ce qui concerne les défis que doit relever le traducteur au Liban, Mme Boustany affirme que le problème principal se pose notamment au niveau du client. « Ce dernier est un peu trop exigeant, car il connaît les trois langues principales avec lesquelles nous travaillons », note-t-elle. « C’est un grand problème que nous rencontrons car le client pense qu’il est traducteur lui-même. D’ailleurs, il ne cesse de répéter qu’il nous donne les documents à traduire “parce que je n’ai pas le temps de le faire moi-même”. » Mme Boustany indique enfin que le problème des traducteurs qui ont été formés sur le tas et qui continuent à exercer cette profession n’a pas été encore réglé. « Nous essayons de créer un syndicat pour les traducteurs diplômés à l’instar de celui qui a été formé pour les traducteurs non diplômés », note-t-elle. « Ceci ne signifie pas qu’il n’existe pas de bons traducteurs qui se sont formés sur le tas, mais je considère que la traduction est un domaine qui nécessite beaucoup d’efforts, de travail et d’études, d’où la nécessité de cette formation .» N.M.
L’importance des outils électroniques pour le traducteur, la nécessité d’une formation spécialisée et le rôle des traducteurs automatiques dans la profession… des sujets sur lesquels insistent Mme Nadia Rahab, professeur à l’Université de North London, et Mme Souleima Boustany, professeur à l’Université Notre-Dame de Louaizé (NDU), dans une interview accordée à...