Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

En privé, les officiels donnent des explications (détaillées) qui se veulent rassurantes

La sécurité, unique fleuron de la couronne républicaine, va-t-elle choir de son piédestal ? L’instabilité qui frappe le politique et l’économique risque manifestement de contaminer ce secteur vital. En privé, un pôle du pouvoir admet que l’attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie à Jihad Ahmed Jibril et la découverte du corps décomposé de Ramzi Irani, tué de deux balles, mettent l’opinion en émoi. Et provoquent une psychose tout à fait compréhensible, après tant d’années de quiétude sécuritaire. Les gens, ajoute ce responsable qui oublie un peu les juges de Saïda ou les morts de Dennyé, ont le droit de se poser des questions après les deux événements qui ont marqué le dernier lundi. Ils peuvent commencer à craindre que la sécurité ne se trouve ébranlée et que cela n’entraîne une aggravation d’une situation économique, ou même politique, déjà mal en point sur le plan de la stabilité. Mais, martèle avec force ce dirigeant, la réalité ne justifie pas d’aussi fortes appréhensions. Car, à l’en croire, le meurtre de Jibril s’inscrit dans une série réciproque mettant aux prises le Mossad israélien et les organisations palestiniennes actives. Autrement dit, il s’agit là de la guerre de l’ombre entre services secrets. Selon la personnalité citée, si ces protagonistes ont choisi Beyrouth, ce n’est pas parce que c’est le maillon faible de la chaîne « mais parce que c’est la capitale d’un État démocratique qui ne réprime pas les libertés et n’applique pas un système policier pour les enfreindre ». Un drôle de raccourci, on en conviendra, qui signifie que même la liberté de tuer, ou de faire du terrorisme, est respectée dans ce pays. Se rattrapant tout de suite, l’officiel ajoute que les autorités locales et leurs services qualifiés doivent redoubler de vigilance pour contrer tout mouvement suspect. Évoquant ensuite l’affaire Irani, cette personnalité relève qu’il faut attendre les résultats des investigations en cours, en évitant les spéculations et les reproches concernant les responsabilités. Surtout s’il apparaît, insinue le responsable, que les mobiles du crime ne sont ni politiques, ni partisans, ni sectaires. Ses répercussions, ajoute-t-il, ne devraient pas susciter de discorde mettant en péril la paix civile. Poursuivant son plaidoyer, la personnalité citée rappelle que de tels drames, ou encore bien pires, surviennent dans des pays autrement mieux armés sécuritairement que le Liban. Dont la principale défense consiste, si on y regarde bien, à l’extrême sensibilité de ses fils quant à l’importance d’une sécurité mise à mal pendant les longues années de guerre domestique. Mais du même coup, leurs nerfs sont particulièrement tendus et ils sont toujours prêts à craindre un retour des vieux démons. Afin d’y parer au mieux, conseille cet officiel, il est donc nécessaire de renforcer l’unité, la solidarité nationales. D’autant, glisse-t-il, qu’Israël est toujours à l’affût, cherchant à susciter ou à exploiter toute fissure libanaise intérieure. Pour gâcher la célébration libanaise de la libération, il y a deux ans. La population doit réagir en faisant échec à toutes les tentatives d’altérer sa confiance dans le Liban, à tous les coups portés pour ébranler la stabilité intérieure et mettre en danger la paix civile. Cette personnalité, qui ne dit pas ce que le pouvoir lui-même fait dans ce sens, répète en conclusion que l’union et l’entente nationales sont indispensables pour consolider la sécurité. Et éviter l’exploitation de la scène locale pour des règlements de compte extérieurs. Un point de vue que partage de son côté un pôle des organismes économiques. À cette nuance près que, pour sa part, il rappelle d’abord au pouvoir ses propres obligations. Dont la nécessité de prêcher d’exemple en matière de solidarité, en cessant ses sempiternelles querelles internes. Les dirigeants doivent harmoniser leurs rapports, coordonner leurs efforts, pour guider la population ainsi que la société civile sur la voie d’un redressement économique fondé sur la confiance. Une démarche rendue doublement urgente, d’abord par le fait qu’il faut gommer les séquelles des dernières empoignades présidentielles ; ensuite par la soudaine fragilisation, extrêmement préoccupante en termes de retombées économiques, de la sécurité. Émile KHOURY
La sécurité, unique fleuron de la couronne républicaine, va-t-elle choir de son piédestal ? L’instabilité qui frappe le politique et l’économique risque manifestement de contaminer ce secteur vital. En privé, un pôle du pouvoir admet que l’attentat à la voiture piégée qui a coûté la vie à Jihad Ahmed Jibril et la découverte du corps décomposé de Ramzi Irani,...