Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Au-delà de la secousse, un avertissement économique

Slogan itératif du pouvoir en place : la sécurité est une ligne rouge. Sang. En une même journée, deux chocs distincts mais aussi traumatisants l’un que l’autre. Et qui font écho, en semblant y être reliés l’un et l’autre par un côté déterminé, à l’assassinat d’Élie Hobeika. Qui avait paru, le 24 janvier, annoncer la couleur, rouge et noir, de l’année qui commençait. Aujourd’hui même, le Liban économique, qui reprenait péniblement son souffle après la tempête dans un verre d’eau des querelles byzantino-taëfistes, reprend son teint gris des jours de crise. De confiance. Car si la sécurité même n’y est plus, comment veut-on que le pain (quotidien) y soit. En fait, on se félicitait dans les milieux d’affaires que le jeu se fût calmé au Sud. Et l’on a été soufflé de constater qu’il restait encore une source de péril à l’intérieur même du pays. Danger pour l’activité économique, pour les finances publiques, pour la monnaie nationale et pour cette problématique planche de salut qu’est Paris II. Bien sûr, les tendances nombrilistes de tout secteur amènent les politiciens à crier à la conspiration contre l’État. Tandis que les cercles financiers subodorent de leur côté une conjuration contre le redressement, ou plus exactement contre la survie économique, de ce malheureux petit pays. Il reste que, relativement occulté par l’intensité du double drame dévoilé lundi, le coup porté au marché est aussi sévère que sournois. Dans ce sens que s’il ne devait plus y avoir de regrettables événements sur le terrain, la psychose publique serait rapidement amortie et ses effets politiques vite récupérés. Alors que les X tracés, toujours en rouge, en marge du bulletin de notes économique du Liban par les sociétés internationales de cotation spécialisées, qui font la pluie et le beau temps en termes de crédits comme d’investissements, ne pourraient pas être effacés avant de longs mois. Car, bien évidemment, l’un des principaux critères d’évaluation de ces sociétés reste la crédibilité d’un État dans tous les domaines, sécurité en tête. Et plus un pouvoir se glorifie de n’avoir été confronté qu’à quelques faits divers ou, au pire, à quelques meurtres de juges à Saïda, plus il devient la cible de dures critiques quand le sort frappe. En d’autres termes, les dirigeants en place se sont posés eux-mêmes un piège en ne cessant de crier sur les toits qu’ils ne laisseraient aucune main toucher à la sécurité sans la trancher. Nul, après les quinze ans de guerre domestique, ne leur en demandait autant. Car aujourd’hui ils doivent répondre à une question qui fuse de tous côtés : d’où teniez-vous votre assurance, votre inébranlable confiance dans vos capacités à protéger le pays contre les fauteurs de troubles, les criminels de tout acabit, les assassins, les provocateurs, les manipulateurs de bombes à retardement et les terroristes ? Autrement dit, qu’est-ce qui a été fait au niveau institutionnel pour consolider la décision, de nature évidemment politique, de cessation des hostilités prise à Taëf. À l’actif du pouvoir, notent les observateurs, les opposants et certains diplomates, une prophylaxie essentiellement passive. C’est-à-dire, précisent ces sources, qu’il s’est contenté de garder les forces syriennes, d’équiper et d’augmenter ses propres unités à des fins dites intérieures, donc policières, sans les déployer à la frontière. Ce qui aurait constitué, de l’avis de ces personnalités, un premier rempart politique réel pour la stabilité du Liban, sécurité comprise. Pour résumer ce raisonnement, on pourrait dire que dans la mesure même où les services secrets sionistes sont pointés localement du doigt, tant pour Hobeika que pour Jibril, le respect de ses obligations 425 par le pouvoir libanais l’aurait mis à l’abri des machinations du Mossad. Plus globalement, le Liban, maillon faible de la chaîne régionale, reste une lice idéale pour les règlements de comptes entre les États antagonistes de la contrée. Voire entre organisations d’une même nationalité opposées entre elles. Mais il faut ajouter que les causes purement locales, c’est-à-dire les déséquilibres et les discriminations qui ont suivi Taëf, sont également à prendre en compte. Des bavures policières, du reste reconnues par les autorités, des dérapages institutionnels aussi comme M. Hariri a pu s’en plaindre en août dernier, ne sont produits qu’en raison des ratonnades visant l’Est militant, aounistes, FL ou autres. Ces événements, faut-il le rappeler, ont à chaque fois affecté l’économie, presque autant que les fameuses prises de bec entre présidents. Et on relève sans étonnement, cette année comme les années précédentes, que le cocotier se trouve durement secoué chaque fois que l’on aborde le virage de la saison touristique d’été. Philippe ABI-AKL
Slogan itératif du pouvoir en place : la sécurité est une ligne rouge. Sang. En une même journée, deux chocs distincts mais aussi traumatisants l’un que l’autre. Et qui font écho, en semblant y être reliés l’un et l’autre par un côté déterminé, à l’assassinat d’Élie Hobeika. Qui avait paru, le 24 janvier, annoncer la couleur, rouge et noir, de l’année qui...