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Actualités - CHRONOLOGIE

Société - Comment former des citoyens tout en s’amusant « Corruption » , le nouveau jeu pour apprendre à construire sa cité(photos)

Le Conseil féminin libanais (CFL) organise jeudi prochain un événement pas comme les autres : une séance de jeu, au cours de laquelle ONG et institutions pédagogiques seront conviées à s’initier au nouveau divertissement introduit par le CFL. Intitulé « Corruption », ce nouveau produit pédagogique, principalement dédié aux enfants, sera distribué à 550 associations et orphelinats œuvrant à travers les différentes régions libanaises. «Il s’agit d’un jeu destiné aux petits et aux grands, mais peut-être davantage aux grands qu’aux non jeunes. » C’est en ces termes qu’un adulte a commenté, sur un ton amusé, le nouveau jeu lancé récemment sur le marché local par le CFL. Conçu et développé par Sélim Moawad, conseiller auprès du CFL et consultant en matière de droits de l’homme, « Corruption » est un jeu pédagogique qui a pour but de sensibiliser les jeunes aux méfaits de la corruption tout en leur inculquant la notion de citoyenneté. Ce jeu, sponsorisé principalement par l’Agence américaine de développement international (Usaid) et l’Amideast, se veut être avant tout didactique. Loin des cours classiques et magistraux d’éducation civique que les écoliers trouvent rébarbatifs, Sélim Moawad a imaginé, à travers un superbe jeu de concepts, de formes et de couleurs vives particulièrement attrayantes, des situations tirées de la vie municipale de tous les jours où l’enfant est à la fois acteur et décideur dans sa propre cité. Le concept de base est simple : il s’agit de construire son village à partir d’un système d’achat et de vente, de gain et de perte, à condition de ne pas « user de moyens de corruption », de payer ses impôts et ses dus en bon citoyen, et savoir faire les bons investissements, au bon moment. La construction du village comprend, outre le conseil municipal qui est la pierre angulaire du jeu, une usine, une école, des maisons, une station électrique, un port, une librairie, un hôpital une forêt, etc. Ces « acquisitions », qui se font au fur et à mesure que le jeu avance, prennent toute leur importance du fait qu’elles mettent en exergue des situations relationnelles spécifiques et un certain nombre de conjonctures entre les deux équipes opposées. Le plus important étant évidemment, de ne pas tomber sur la case de la corruption – représentée par un homme et une femme au long nez – qui se manifeste dans les cas suivants : le versement de pots-de-vin aux membres de la municipalité qui ont fermé l’œil sur l’absence du filtre antipollution ; l’utilisation par le contremaître d’une quantité de béton insuffisante pour construire le bâtiment abritant la librairie ; en cas de non-paiement des factures, de fraudes de marchandises à travers le port ; de recel de biens publics, etc. Bref, autant de situations qui feront payer au joueur entre deux et quatre « poissons » d’amende – « l’argent ayant été banni de ce jeu », précise M. Moawad. « Les poissons, payés en guise de sanction à la suite d’un acte de corruption, iront à la rivière commune aux deux villages », dit-il. L’équipe ou le joueur « corrompus » recevront alors un jeton de « Corruption » dont il devront se débarrasser petit à petit au cours du jeu, notamment en passant chez le « contrôleur ». D’autres idées, notamment de « collaboration » au niveau des biens publics, sont également développées dans ce concept ludique. Tout l’intérêt est de faire en sorte que les joueurs, tout en étant en compétition, puissent comprendre que dans certaines conjonctures la coopération est de mise, particulièrement lorsqu’il s’agit « d’intérêts communs ». « Dans le cas d’un désastre naturel au niveau national, par exemple, ce sont les deux équipes qui doivent coopérer pour la reconstruction du pont qui aura été détruit. L’idée est d’inciter les joueurs à l’entraide au niveau de l’ensemble du village », explique Sélim Moawad. En outre, chaque village bénéficie d’une assurance contre les désastres locaux, ou nationaux. Elle sert à couvrir les dégâts occasionnés lors de la catastrophe, « une manière de faire comprendre à l’enfant la notion de prévoyance », souligne le concepteur. Les deux villages ont ainsi des intérêts en commun tels que le pont, la rivière, la prison, le dépotoir, la Banque centrale, le réseau téléphonique, etc. « Toutes ces propriétés doivent être gardées en bonne condition, les deux villages étant responsables de leur entretien. Par conséquent si l’un des joueurs atterrit sur la case “ Coopération ”, il doit tirer la carte équivalente et participer aux frais d’entretien de ces lieux », précise encore Sélim Moawad. Le jeu, qui a été conçu en moins de 8 mois, a été financé par la Usaid et l’Amideast. Anna Czajka, qui a contribué aux illustrations, a offert bénévolement ses services. Des psychologues et des pédagogues ont en outre participé, en tant que consultants, à la mise en place de ce jeu. « Dans un premier temps, 1 500 unités seront distribuées dans différentes institutions et associations pédagogiques gratuitement, a annoncé la présidente du CFL, Mme Iqbal Doughan. Il restera quelque 500 unités qui seront vendues pour un prix extrêmement modique avant de lancer le second set de production, en y apportant les rectificatifs voulus, si nécessaire ». À tous ceux qui estiment que ce jeu – qui est à l’origine destiné aux enfants à partir de l’âge de 12 ans – risque d’être compliqué, Sélim Moawad répond que le jeu a déjà été testé sur plusieurs catégories d’âges, toutes classes sociales confondues. « Les enfants ont tous réagi positivement et avec beaucoup d’enthousiasme », a-t-il affirmé. D’ailleurs, précise Mme Doughan, des sessions de formation seront dispensées gratuitement au sein des écoles et institutions qui en feront la demande. « Corruption » pourra-t-il intéresser les plus grands à l’avenir, notamment les responsables membres des municipalités, à l’instar du jeu du Monopoly devenu par la suite un jeu tout âge ? « Bien sûr, répond Sélim Moawad. Nous avons également testé ce jeu avec les grands qui y trouvent autant d’intérêt que les plus jeunes. Toutefois, pour ce qui est des municipalités, ce module ne correspond pas tout à fait à leurs règles et lois. Pour cela nous avons prévu un projet à venir. Un jeu de “ Corruption ” spécialement adapté aux conseils municipaux. On n’attend plus que le financement », a-t-il conclu. À vos jetons, prêts… Qui sera le plus corrompu de vos enfants ? Jeanine JALKH
Le Conseil féminin libanais (CFL) organise jeudi prochain un événement pas comme les autres : une séance de jeu, au cours de laquelle ONG et institutions pédagogiques seront conviées à s’initier au nouveau divertissement introduit par le CFL. Intitulé « Corruption », ce nouveau produit pédagogique, principalement dédié aux enfants, sera distribué à 550 associations et...