Washington conseille aux Arabes de prendre franchement position contre les attentats-suicide Les ministres réunis à Beyrouth décident de lancer une campagne internationale(photo)

Le comité spécial sur l’initiative arabe de paix avec Israël a décidé samedi de lancer une campagne internationale en direction des principaux membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu. « Le comité va prendre contact avec les États-Unis, la Russie et la présidence (espagnole) de l’Union européenne pour leur soumettre les termes de l’initiative de paix arabe », a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, au cours d’une conférence de presse tenue à la clôture d’une réunion de ce comité à Beyrouth. Il a précisé que des ministres arabes des Affaires étrangères prendront contact avec Washington, Madrid et Moscou, sans donner plus de précisions. M. Moussa a indiqué que les membres du comité de suivi n’ont pas pris de décision concernant une éventuelle réunion d’une conférence de paix sur le Proche-Orient évoquée le 2 mai à Washington par les États-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’Onu. « En ce qui concerne la conférence internationale, nous poursuivons nos contacts afin d’obtenir des détails mais nous éprouvons des difficultés à intensifier les efforts de paix avec la poursuite de l’agression et de l’occupation israéliennes », dans les territoires palestiniens, a-t-il dit. De son côté, le chef de la diplomatie libanaise, Mahmoud Hammoud, a affirmé que les Arabes « restent attachés à l’initiative de paix arabe dont les termes constituent un plafond et un tout indissociable malgré les obstacles israéliens, notamment la poursuite de leur agression contre les Palestiniens ainsi que le refus du Likoud (le parti du Premier ministre israélien Ariel Sharon) de la création d’un État palestinien ». Pour sa part, le chef du département politique de l’OLP, qui tient lieu de ministère des Affaires étrangères, Farouk Kaddoumi, a indiqué que les pays arabes souhaitent que leur initiative soit adoptée par le Conseil de sécurité de l’Onu « pour qu’elle devienne une initiative internationale ». Rappelons que le comité spécial est composé des ministres des Affaires étrangères de huit pays (Arabie saoudite, Bahreïn, Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie, Yémen) et de l’Autorité palestinienne, ainsi que de M. Moussa. Ce comité s’est réuni pendant quelques heures samedi à l’hôtel Phoenicia, à Beyrouth. Le lancement international de cette initiative « aurait dû avoir lieu juste après le sommet arabe, mais il a été retardé par les obstacles posés par Israël », a affirmé M. Moussa. L’avis de Washington Des sources ministérielles citées par notre chroniqueur diplomatique Khalil Fleyhane indiquent par ailleurs que les ministres saoudien, jordanien et marocain ont communiqué à leurs homologues arabes la teneur des entretiens que leurs chefs d’État respectifs ont récemment effectués à Washington. De ces entretiens, il ressort surtout que « la position américaine à l’égard de la situation au Proche-Orient s’est quelque peu améliorée. Mais elle reste insuffisante dans la mesure où le président George Bush n’est pas le seul décideur ». Selon le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud el-Faycal, « il convient en effet de promouvoir aussi l’initiative de paix arabe auprès de l’Administration américaine, du Congrès, de l’opinion publique et des médias ». La visite du prince héritier Abdallah ben Abdel-Aziz aux États-Unis a certes permis de créer une « brèche dans le mur américain », ajoute le ministre saoudien. Il estime toutefois qu’il reste encore beaucoup à faire et qu’il convient d’adopter « un nouveau discours politique face à un lobby sioniste déterminé à torpiller tous les efforts déployés par les dirigeants arabes ». Par ailleurs, les autorités américaines ont conseillé à ces derniers de prendre franchement position contre les attentats-suicide dans la mesure où ces opérations ne se justifient en aucun cas aux yeux de l’opinion publique américaine. Les sources susmentionnées ont justifié enfin l’absence d’un communiqué commun à l’issue de la réunion ministérielle en indiquant que les participants ont adopté une série de recommandations secrètes qui seront soumises à l’actuel président du sommet arabe, le général Émile Lahoud.