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Actualités - OPINION

Les modérés invitent le pouvoir à cesser ses gesticulations médiatiques

La mode est à la repentance. Aussi, les modérés du cru invitent-ils le pouvoir à faire amende honorable. En tentant de réparer le mal causé au pays, notamment sur le plan socio-économique, par des déchirements internes inadmissibles. Et qui prêtent parfois à rire (jaune) quand ils se traduisent par des petites phrases empoisonnées. Échangées tantôt à travers de soi-disant révélations répercutées par des visiteurs amis, tantôt par le biais de prétendues sources autorisées. Résultat des courses, un pays et une livre aux abois. Les sages répètent que les dirigeants auraient dû laver leur linge sale en famille. D’autant que la Constitution leur en fait obligation. Puisque c’est en Conseil des ministres, puis devant l’Assemblée nationale, que tout débat sur des affaires publiques doit se dérouler. Et que toute décision doit être prise, soit à l’amiable, soit par une procédure de vote. Sans compter qu’une discussion, prétendument engagée par les deux parties, au seul nom de l’intérêt du Trésor, ne doit sortir ni du calme sentier de la vertu républicaine ni des quatre murs de l’État. Car la sauvegarde de la confiance, indispensable en matière de finances, supporte mal l’indiscrétion. La règle du jeu institutionnel, soulignent encore ces vétérans, veut que la majorité décide. Lorsque le chef de l’État n’est pas d’accord, il garde le droit de prier le Conseil de revoir sa copie dans un délai de quinze jours. Si le Conseil s’obstine dans ses choix, le président de la République peut se tourner (art. 53 C, alinéa 10) vers l’Assemblée nationale. Pour lui signaler, dans un message circonstancié, les défauts de la cuirasse et lui demander d’en tenir compte quand elle devra voter le projet de loi transmis par le gouvernement. Le président Hussein Husseini, père de Taëf, indique que les législateurs ont estimé à ce propos qu’étant à la tête de tous les pouvoirs, le chef de l’État doit pouvoir les réguler, veiller à leur coordination en même temps qu’à leur séparation. Protecteur de l’indépendance, de l’intégrité territoriale, symbole de l’unité nationale, gardien de la Constitution, il doit s’efforcer de gommer toute transgression. D’assurer la participation ainsi que les droits de l’État et du Trésor. C’est bien pourquoi, s’il estime que le gouvernement fait fausse route, il peut essayer de faire corriger la trajectoire par la Chambre des députés. Dans le même esprit, Taëf prévoit que le président de la République peut également adresser des mises en garde publiques, pour que l’opinion en connaisse, au Parlement quand ce dernier semble dévier de la juste voie. Le président Hraoui, rappelle M. Husseini, a usé une fois de telles prérogatives constitutionnelles. Il a en effet relancé la Chambre par écrit au sujet du mariage civil facultatif qu’il défendait. Et qui avait été récusé en Conseil des ministres. Cependant, la présidence de l’Assemblée n’avait pas soumis le message présidentiel aux députés réunis, se contentant d’en donner acte à la présidence de la République. Une entorse à l’esprit des lois rendue possible, comme tant d’autres dérapages, par le flou du règlement intérieur de la Chambre. Par suite de quoi, le Parlement a voté une proposition du président Husseini. Aux termes de laquelle un article a été rajouté à l’article 145 du susdit statut. Pour préciser qu’en cas de message présidentiel direct, la Chambre en prend connaissance puis se retrouve vingt-quatre heures plus tard pour en débattre. Et en cas de message par le truchement de la présidence de l’Assemblée, la convocation doit se faire dans les trois jours. Bref, le Parlement ne peut plus être tenu officiellement dans l’ignorance de ce que la présidence de la République a voulu lui dire. Aujourd’hui, les modérés pensent que le président Lahoud devrait adresser, à propos du cellulaire, une missive à l’Assemblée, si les décisions potentielles du Conseil des ministres ne devaient pas lui convenir. En détaillant son propre point de vue, le chef de l’État le communiquerait à l’opinion, par l’entremise constitutionnelle des représentants du peuple. Ce qui, à leur avis, serait de loin préférable aux indications distillées officieusement par ses proches en direction des médias, avec réplique à la clé du bureau informationnel du président du Conseil et polémique ouverte sur la scène publique. Des pratiques que les modérés réprouvent. Tant parce qu’elles nuisent économiquement au pays que parce qu’elles trahissent l’esprit même de la Constitution. Émile KHOURY
La mode est à la repentance. Aussi, les modérés du cru invitent-ils le pouvoir à faire amende honorable. En tentant de réparer le mal causé au pays, notamment sur le plan socio-économique, par des déchirements internes inadmissibles. Et qui prêtent parfois à rire (jaune) quand ils se traduisent par des petites phrases empoisonnées. Échangées tantôt à travers de...