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Actualités - CHRONOLOGIE

SÉCURITÉ - Sin-in d’étudiants FL en signe de solidarité avec l’ingénieur disparu Irani s’était rendu compte qu’il était filé et avait donné l’alerte

Hier midi, un sit-in a rassemblé une centaine d’étudiants FL, à Achrafieh, devant la maison des parents de Ramzy Irani, l’ingénieur disparu en plein Beyrouth, mardi dernier. Employé au siège de l’entreprise française Total, Irani, militant FL de la branche proche de Samir Geagea, est responsable de la section estudiantine du mouvement à l’Université libanaise. Mardi 7 mai, Ramzy Irani avait quitté son bureau, rue Clemenceau, vers 16h30. C’est le concierge de l’immeuble où est situé le siège de Total qui l’a vu en dernier. « Il remontait la rue pour regagner sa voiture, une Golf Polo noire, elle était stationnée hors du parking, sur le trottoir », rapporte Jessie, l’épouse de Irani. Cet après-midi-là, Irani – âgé de 36 ans – devait raccompagner sa belle-sœur qui l’attendait à l’hôtel Phoenicia, afin de prendre part à la célébration d’un anniversaire à la maison : Yasmina, la fille aînée de Irani, devait souffler ses 5 bougies. Mais Ramzy a manqué le rendez-vous. Son épouse a donné l’alerte le soir même, vers 20 heures. « Étre en retard n’est pas dans ses habitudes », dit-elle répétant ce qu’elle a dû rapporter des dizaines de fois déjà à la famille proche et lointaine, aux amis, et aux enquêteurs. Comme tous les partisans des groupes de l’opposition, Ramzy Irani était surveillé... Mais, il y a un peu plus d’un mois, des inconnus rôdaient autour de sa maison dans la région de Bellevue, non loin de Aoukar, au Metn. « Le gardien de l’immeuble nous a alertés en disant que des gens posaient des questions sur Ramzy : À quelle heure part-il au travail, quand est-ce qu’il rentre à la maison, qui fréquente-t-il ? », déclare Jessie en relevant qu’une « fois au courant, Ramzy a alerté les services de renseignements ». « Il voulait tout simplement savoir si c’étaient eux qui le filaient », dit-elle. Leur réponse fut négative. Il y a quelques semaines, les Irani ont réussi à relever le numéro de la plaque d’immatriculation de l’une des voitures dont les occupants surveillaient l’ingénieur. Ils ont, encore une fois, alerté les autorités. Mercredi dernier, les amis de l’ingénieur ont tenté de le joindre en composant son numéro de téléphone mobile. Ce dernier était fermé au moment de sa disparition. Ce mercredi-là, le téléphone du militant FL avait sonné en vain. Selon les enquêteurs, vendredi dernier également, le téléphone mobile de Ramzy Irani a été utilisé. Ils ont réussi à déterminer l’emplacement d’où l’appel téléphonique a eu lieu : Mreijé, dans la banlieue-sud de Beyrouth. Mme Aimée Irani, la mère de Ramzy, indique que « son fils n’a pas d’ennemis personnels, ni au travail ni ailleurs ». « Il n’a jamais eu de problèmes avec les gens. C’est un militant modéré », poursuit-elle, en indiquant qu’à « Harissa, dernièrement, au cours d’un rassemblement FL, il avait incité les étudiants à poursuivre leurs études et à s’ouvrir aux autres, et il avait appelé à la libération de Samir Geagea, est-ce là son crime ? » Aimée voudrait simplement savoir où est passé son fils cadet et pour quelles raisons il a disparu. « Il est temps qu’il rentre à la maison », dit-elle. Jessie, comme tous les membres de la famille Irani, croit dur comme fer que son époux n’est pas dans l’une des prisons de l’État libanais. « S’ils l’avaient arrêté, il aurait subi un rude interrogatoire mais j’aurais su au moins où il est... », s’étrangle-t-elle. Jessie marque une pause, fixe un point invisible sur le sol. « Une fois par semaine c’est lui qui garde les enfants l’après-midi, parce que je dois assister à des réunions au travail », raconte-t-elle. Et de poursuivre : « Tous les matins, il accompagnait Jade, deux ans et demi, à la garderie, et se chargeait de lui donner son petit déjeuner en voiture. En chemin, il descend avec lui dans une ferme de Champville pour lui montrer les poules et d’autres animaux... ». Aimée quitte le salon, sort sur le balcon de sa maison à Achrafieh, s’assoit sur une chaise, respire et rentre encore une fois pour saluer des amis qui viennent d’arriver. Les deux enfants de Irani passent la plupart de leur temps, depuis mardi dernier, chez leurs grands-parents maternels. Ils croient que leur père est parti en voyage. Ramzy Irani est le cadet d’une famille de trois enfants. Marié depuis six ans, il est le père de Yasmina, 5 ans, et de Jade, 2 ans et demi. Il a été arrêté, une seule fois, il y a presque deux ans, à l’issue de la messe annuelle commémorant le décès de Béchir Gemayel. Depuis mardi dernier, il n’a plus donné signe de vie. A-t-il été arrêté ? Quelqu’un l’a-t-il enlevé ? Dans ce cas, pourquoi ses ravisseurs ne se sont pas encore manifestés afin d’exercer leur chantage, en demandant une rançon par exemple. Hier, les manifestants FL ont collé des affiches dans tout le périmètre de la maison de la victime, à Zahret el-Ihsan : un cèdre du Liban affublé d’un grand point d’interrogation, encadré par le cercle rouge – emblème des Forces libanaises – et portant une inscription : « Où est Ramzy Irani ? » Sa famille, ses amis, les militants des courants de l’opposition, les ONG qui appellent à la protection des droits de l’homme, et beaucoup, beaucoup d’autres voudraient que l’on réponde à la question. Patricia KHODER
Hier midi, un sit-in a rassemblé une centaine d’étudiants FL, à Achrafieh, devant la maison des parents de Ramzy Irani, l’ingénieur disparu en plein Beyrouth, mardi dernier. Employé au siège de l’entreprise française Total, Irani, militant FL de la branche proche de Samir Geagea, est responsable de la section estudiantine du mouvement à l’Université libanaise. Mardi 7...