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Actualités - REPORTAGE

MUSIQUE Un alchimiste du « Cactus of Knowledge » Rabih Abou Khalil enchante l’Alhambra de Genève(photos)

GENÈVE, de Zahi HADDAD «Ce soir, vous allez entendre de la musique d’Orient qui se marie avec l’Occident, avec le jazz», annonce Mme Christeler, organisatrice du concert de Rabih Abou Khalil à Genève. «Alchimiste des sons illimités, l’artiste a établi l’une des interfaces musicales les plus ouvertes et créatives du dialogue Orient-Occident contemporain», tient-elle à préciser. «Soit !», se dit le néophyte. Et le oud de Rabih Abou Khalil d’ouvrir le bal. Immédiatement, les notes s’envolent. Oud, batterie, tuba, clarinette et accordéon prennent la mesure de l’Alhambra, magnifique salle de théâtre et de cinéma qui frémit... Mais déjà, le quintet s’envole dans une sarabande qui ne s’arrêtera que deux heures plus tard. Les morceaux s’enchaînent. Au-delà des sonorités et des notes qui se bousculent à nos oreilles, ce sont des émotions maintes fois ressenties par les uns ou totalement nouvelles pour les autres qui sont révélées à une audience ravie. À des sens en quête «d’extase». À travers sa musique, Rabih Abou Khalil cherche à rejoindre son public sur les «chemins du partage» de ces moments magiques. Ces moments où écouter devient un art. Une manière de vivre Et l’extase, l’audience genevoise la savoure, alors que Rabih Abou Khalil et ses acolytes partagent leurs sensibilités conjuguées. «C’est une manière de vivre plus qu’un mélange de styles. Je vis en Allemagne, et c’est une chose naturelle que je vis au quotidien et qui demande de comprendre l’expression même des autres cultures. Il ne s’agit pas juste de les aimer ou de les côtoyer», nous expliquera après le concert le musicien, d’une disponibilité exemplaire. Sur scène, tout y passe : le oud qui nous ramène à Beyrouth et le tuba à la fanfare municipale ; l’atmosphère jazzy, un peu rock parfois ; et même la contrebasse qui n’en est pas une. Abou Khalil consomme l’art de jongler avec les instruments et leurs sonorités. Dix virtuoses ? Non, cinq pour un quintet explosif. Un Américain, deux Italiens et un Français pour entourer un Rabih Abou Khalil dont le poignet donne le vertige à force d’accélérer sur ses cordes. Musicien jazzy ou paladin façon Blaze dans La Folie des grandeurs, Abou Khalil est, pour certains professionnels comblés par son œuvre, un «pervers» qui a mené le oud à une forme musicale pour laquelle il n’a jamais été pensé. Les amateurs, eux, pourraient parler d’un «musaïcologue», tant la dextérité de l’artiste à combiner et composer des rencontres multiculturelles hautes en couleurs est impressionnante. «Il faut sentir le lieu où on est bien ensemble, où on se comprend avec ce que l’on exprime», commente Abou Khalil. Un soupir pour une cravate Tout aussi coloré : son humour que l’on découvre alors qu’il dédie un Soupir d’amour à cette femme qui lui a, un jour, offert une cravate ! Autre femme, autre histoire : la Lewinski March racontée dans le premier rappel et qui fait la part belle à la clarinette. Légère. Coquine et pétillante. Un brin évocatrice ! Cassures et changements de rythmes se succèdent alors que les individualités de chaque instrument se fondent les unes dans les autres, trouvant leur place dans un tout qui les dépasse. Le public est debout. Les applaudissements retentissent pour un dernier rappel qui nous emmène tambour battant pour un sublime Sunrise in Montreal. Et le Liban? «Bientôt, peut-être». En attendant, un CD de solos à savourer dans quelques semaines. Abou Khalil en bref • 1957 : Naît à Machghara, le 17 août. • 1963 : Commence l’apprentissage du oud au Liban. • 1978 : Part pour l’Allemagne où il étudie la flûte traversière. • 1982 : Produit son premier disque (à la flûte). • 1986 : Retourne au oud et enregistre Between Dusk and Dawn, suivi d’une dizaine d’albums. • 1998 : Compose la musique du film Yara. • 1999 : Se produit à Baalbeck. • 2002 : Présente à Genève The Cactus of Knowledge (2000) avec Gabriele Mirabassi (clarinette), Luciano Bondini (accordéon), Michel Godard (tuba), Jarod Cagwin (percussions). • Depuis 1988 : Rabih Abou Khalil s’est produit sur les cinq continents, notamment en Europe où il a construit sa réputation.
GENÈVE, de Zahi HADDAD «Ce soir, vous allez entendre de la musique d’Orient qui se marie avec l’Occident, avec le jazz», annonce Mme Christeler, organisatrice du concert de Rabih Abou Khalil à Genève. «Alchimiste des sons illimités, l’artiste a établi l’une des interfaces musicales les plus ouvertes et créatives du dialogue Orient-Occident contemporain», tient-elle à...