Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Dossier régional - La libération de Arafat, un nouveau tournant Bonnes ou mauvaises, toutes les options restent ouvertes

À Beyrouth, comme dans l’ensemble du monde arabe et de la région, c’est avec soulagement que l’on accueille la libération de Arafat. Tout en continuant à se poser des questions dont bon nombre reflètent une dose certaine d’appréhension. Interrogations dont les principales se résument de la sorte : – Le processus de paix va-t-il pouvoir redémarrer ? Et, surtout, sur quelles bases négocierait-on ? À partir des accords d’Oslo ? Ou bien en tenant compte des nouvelles donnes géopolitiques issues de l’intifada comme de la répression sioniste ? – À ce propos, ne doit-on pas craindre que la vindicte n’ait été trop loin entre les deux parties pour laisser encore sa chance à la paix ? – Du reste, la violence va-t-elle s’arrêter ? Arafat compte-t-il lancer un appel dans ce sens ? Et s’il n’était pas entendu, que ferait-il ? Comment agirait-il ou réagirait-il à un éventuel défi des groupements ultras de son peuple ? Y aurait-il une fracture intérieure pouvant déboucher sur une guerre civile en Cisjordanie comme à Gaza ? – Quelle serait la riposte de Sharon si les organisations palestiniennes radicales poursuivaient les opérations kamikazes à l’intérieur d’Israël ? Balayerait-il pour de bon l’Autorité, en réoccupant les Territoires ? Le rêve d’un État palestinien serait-il ainsi brisé à jamais ? Autant de perspectives, autant d’analyses distinctes à Beyrouth : – Certains pensent que seuls les USA peuvent sauver le processus, en démontrant leur attachement aux principes de Madrid. Que, bien entendu, Sharon rejette. Ce qui implique que Washington doit lui mettre la pression au maximum. Pour l’obliger à s’engager dans des pourparlers ne devant s’interrompre qu’après réussite. Ainsi que le président Carter l’avait fait avec Begin à Camp David. Une variante de cette voie optimiste : la conclusion d’un accord via une nouvelle conférence internationalo-régionale, pour chapeauter les négociations israélo-palestiniennes, toujours sous l’égide des États-Unis. On sait qu’une suggestion dans ce sens a été lancée à l’issue de la dernière réunion à quatre. Mais les Arabes se sont montrés réticents, en soulignant que l’on n’avait pas besoin d’un Madrid bis. Car, pour leur part, ils rappellent qu’ils ont solennellement proposé de reconnaître Israël, au plus fort du conflit israélo-palestinien sur le terrain, à travers la proclamation faite à l’issue du sommet de Beyrouth. Outre la devise la paix moyennant la terre, l’accord transitoire prévoirait la reconnaissance par Israël à ses côtés d’un État palestinien. Les frontières définitives entre eux seraient tracées à l’issue d’un cycle de pourparlers comprenant également les questions en suspens comme Jérusalem ou les réfugiés. La bonne application de l’accord serait supervisée et garantie par les Nations unies, grandes puissances en tête. – Toujours à Beyrouth, d’autres observateurs fondent leurs calculs sur une forte probabilité de poursuite des actions kamikazes ordonnées par les mouvements radicaux palestiniens, intégristes ou de gauche. Organisations qui refusent tout autre choix que la guerre jusqu’au bout contre l’État hébreu, en vue de son effritement puis de son élimination de la carte régionale. Ou, à tout le moins, la récupération de tous les droits du peuple palestinien. Ce qui implique sur le papier le retour au partage de 1947. Ces formations ont encore récemment prouvé leur extrémisme en condamnant Arafat pour avoir accepté de livrer les assassins présumés de Zeevi aux Anglo-Américains. Leur détermination évidente à continuer les attentats-suicide ou les attaques de commandos forcerait pratiquement les arafatistes à les contrer. D’où un danger de guerre civile palestinienne. Sans compter le risque d’une réoccupation sharonienne des Territoires, l’investissement à des fins de traque de plusieurs localités, ou un sévère blocus asphyxiant derechef la Cisjordanie comme la bande de Gaza. Dans tous les cas, d’entrée de jeu la pression a été mise sur Arafat. Sharon le somme de mettre au pas les radicaux palestiniens. Faute de quoi il pourrait de nouveau perdre sa liberté de mouvement ou se trouver exilé. Bush de son côté enjoint au leader palestinien de déployer des efforts plus notables pour contrôler les groupements que Washington qualifie de terroristes. Sans quoi les États-Unis prendraient des sanctions à l’encontre de l’Autorité, comme la réduction du niveau des relations diplomatiques. La situation reste donc tendue et complexe. Ainsi plusieurs analystes pensent à Beyrouth que la poursuite des actions kamikazes palestiniennes pourrait renverser Sharon aussi bien qu’Arafat. Ce dernier, à cause de son bras de fer avec les radicaux et des représailles sionistes. Et le Premier ministre israélien parce que son opinion lui reprocherait son échec patent à lui donner la sécurité. Émile KHOURY
À Beyrouth, comme dans l’ensemble du monde arabe et de la région, c’est avec soulagement que l’on accueille la libération de Arafat. Tout en continuant à se poser des questions dont bon nombre reflètent une dose certaine d’appréhension. Interrogations dont les principales se résument de la sorte : – Le processus de paix va-t-il pouvoir redémarrer ? Et, surtout, sur...