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Actualités - CHRONOLOGIE

Baabda - « Est-il dans l’intérêt de Washington de perdre ses amis dans le monde arabe ?», se demande le chef de l’État Lahoud critique l’engagement US aux côtés d’Israël

Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a invité Washington à se conformer aux résolutions internationales et à contraindre Israël à les respecter. «Est-ce qu’il est dans l’intérêt des États-Unis de perdre leurs nombreuses amitiés dans le monde arabe pour préserver l’intérêt d’Israël ?», s’est interrogé le président dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand «Der Spiegel». «Ce qui se passe aujourd’hui dans la région est très dangereux. La gravité de la situation réside dans deux éléments principaux qui gagnent en force et en intensité : la violence et la rancœur. La plupart des dirigeants du monde se sont empressés d’intervenir pour tenter de mettre fin à cette situation, mais il faut comprendre que c’est (le Premier ministre israélien) Ariel Sharon qui a mis la région sur une poudrière. Sharon seul assume la responsabilité de la situation actuelle au Moyen-Orient, car il n’a pas respecté les résolutions internationales, les règles diplomatiques et les accords conclus» avec les Palestiniens, a déclaré le chef de l’État en réponse à une question. Après avoir rappelé l’engagement des Arabes à une paix juste, durable et globale, le général Lahoud a déclaré : «Lorsque j’ai serré la main du chef de la diplomatie américaine, Colin Powell, à Baabda, je lui ai dit : “Quelle coïncidence ! Nous sommes tous les deux des anciens généraux et commandants en chef de l’armée et nous voilà aujourd’hui en train d’œuvrer pour trouver des solutions politiques susceptibles d’assurer la paix”. À mon avis, ce message résume ce que chacun de nous doit entreprendre pour parvenir à cette paix qui est importante pour le monde entier et non seulement pour la région». « Sharon n’est pas un homme de paix » Prié de dire s’il pense que les Israéliens peuvent se conformer aux résolutions internationales, le président a répondu en faisant remarquer qu’il a déjà dit aux dirigeants de l’Onu que le Premier ministre israélien n’est pas un homme de paix, parce que la paix, a-t-il ajouté, suppose un engagement continu qui implique le respect des résolutions internationales. Il a affirmé redouter qu’une non-application des résolutions internationales «ne jette les bases d’une nouvelle étape marquée par des conflits terrifiants et sanglants qu’il ne sera pas possible d’éviter ou d’arrêter». En réponse à une question, il a estimé que l’alliance israélo-américaine «n’a jamais été aussi flagrante, au point d’ignorer les droits du peuple palestinien, de se taire sur les massacres dont il est victime et sur la profanation des lieux sacrés palestiniens dont la majorité fait partie du patrimoine mondial», en allusion notamment à la basilique de la Nativité. Il a expliqué l’alignement américain sur la politique israélienne par «des raisons internes». «Je pense surtout aux prochaines élections du Congrès et à l’influence du lobby juif», a-t-il dit. «La communauté internationale et le président George W. Bush, a poursuivi le président, doivent savoir que ce genre de situation risque d’avoir des conséquences dangereuses. Il peut faire accroître l’hostilité vouée à l’égard de Washington et à son allié israélien et encourager le recours à des moyens violents et sanglants, que les Israéliens et les Américains désignent comme étant des actes terroristes, pour affirmer les droits légitimes des peuples». « Un engagement erroné » Le chef de l’État a enchaîné : «Est-ce que les États-Unis ont intérêt à perdre leurs nombreuses amitiés dans le monde arabe, rien que pour préserver les intérêts d’Israël qui bafoue les droits des peuples et profane leurs lieux saints ? Quel intérêt tirent-ils de cet engagement erroné ?». Le général Lahoud a aussi invité Washington à se conformer aux résolutions internationales, après avoir jugé que son engagement aux côtés des Israéliens risque d’approfondir le fanatisme, la rancœur et le désespoir. Prié de commenter la prise de position de l’Allemagne, qui a refusé de s’associer à l’Union européenne pour imposer des sanctions contre Israël, le président a déclaré : «(...) N’est-il pas temps pour l’Allemagne d’en finir définitivement avec le complexe de la Deuxième Guerre mondiale ? Un État qui assume des responsabilités au sein de l’Union européenne ne peut pas continuer de redouter, dans le moindre de ses comportements, la réaction juive en raison des séquelles de la Deuxième Guerre mondiale». Le général Lahoud a estimé que l’Union européenne devrait continuer à affirmer sa présence «pour faire entendre sa voix et initier les actes qu’elle veut voir accomplis». Sur le plan libanais, le chef de l’État a réaffirmé l’engagement du Liban en faveur de la résistance pour obtenir la libération des secteurs toujours occupés par les Israéliens. Il a de nouveau souligné que la région de Chebaa se situe dans la zone couverte par la résolution 425 du Conseil de sécurité et qu’il est du droit du Liban de «la récupérer par tous les moyens possibles». Il a cependant insisté sur le fait que «la stabilité est assurée sur toute la longueur de la ligne bleue par l’armée et les Forces de sécurité intérieure». Le chef de l’État a également minimisé l’importance des menaces israéliennes contre le Liban et réaffirmé, en réponse à une question, que le Liban a de tout temps lutté contre le terrorisme.
Le chef de l’État, le général Émile Lahoud, a invité Washington à se conformer aux résolutions internationales et à contraindre Israël à les respecter. «Est-ce qu’il est dans l’intérêt des États-Unis de perdre leurs nombreuses amitiés dans le monde arabe pour préserver l’intérêt d’Israël ?», s’est interrogé le président dans une interview accordée à...