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Actualités - REPORTAGE

Des jeunes de 20 à 40 ans expriment à leur façon leur appui aux Palestiniens Place des Martyrs, un camp de soutien à l’intifada(PHOTO)

De jeunes étudiants participent, depuis plus de trois semaines, à un sit-in, place des Martyrs, pour défendre la cause palestinienne et pour «vivifier la conscience» des dirigeants arabes. Cette place de Beyrouth a changé de décor : des photos de l’intifada et des banderoles appelant à la libération de la Palestine sont accrochées au bord de la route et des jeunes campent sur les trottoirs. Des chansons de Marcel Khalifeh et d’Ahmad Kaabour, répercutées par des haut-parleurs, couvrent en permanence les klaxons des voitures. D’après Ahmed Kanj, un des organisateurs de ce sit-in, environ 30 personnes dorment sur place. Ils sont en revanche près de 200, à se rassembler sur place le soir. Les «campeurs» se nourrissent de pain, d’olives et d’eau. Ils se couvrent la tête d’un simple sac en nylon pour se protéger de la pluie et du vent. Ils ont entre 20 et 40 ans et sont tous venus soutenir l’intifada et la cause palestinienne. «Nous n’appartenons pas à des partis politiques. Les seuls drapeaux présents sont celui du Liban et de la Palestine. Tout le monde est invité à venir», affirme l’un des jeunes présents sur place. Les banderoles accrochées expriment clairement leurs revendications et leur ressentiment : «Tous les dirigeants arabes sont à vendre» ; «Se taire sur l’occupation, c’est s’associer aux crimes israéliens», «Le droit à la résistance et au retour nous est acquis». Pour ces jeunes, il s’agit là du «seul moyen» dont ils disent disposer pour protester contre l’offensive israélienne dans les territoires palestiniens. «Je sens que je ne peux pas poursuivre normalement mes activités», affirme Rana Halawé, 24 ans. «Ici au moins, je me sens utile», explique-t-elle. Plusieurs protestataires invitent les peuples arabes à boycotter les produits américains pour exprimer de la sorte leur opposition à la politique étrangère des États-Unis «qui soutient le Premier ministre israélien et sa politique fondée sur le génocide» du peuple palestinien. Mahmoud Khaled, un Palestinien de 20 ans, raconte que sa famille se trouve dans les territoires occupés et qu’il participe au sit-in pour exprimer sa solidarité avec eux. «Que puis-je faire d’autre ? Je ne peux même pas prendre contact avec eux au téléphone», dit-il. La colère des jeunes s’exprime aussi contre les dirigeants des pays arabes «qui gardent le silence» sur ce qui se passe dans les territoires palestiniens et «qui ne rompent pas leurs relations avec Israël». «Prière de ne pas déranger les chefs d’État arabes dans leur sommeil. Merci», peut-on lire sur une des pancartes. La plupart des protestataires ont accueilli avec joie la décision d’une chambre belge de suspendre ses relations avec le Parlement Israélien. Ils ont invité les pays arabes et la communauté internationale à adopter des mesures similaires. «Je trouve que ce que font les Européens est très touchant», déclare une jeune fille de 24 ans. «Leur décision montre aussi que les Arabes ne sont que des marionnettes et ne prennent aucune initiative», ajoute-t-elle. Les protestataires n’ont pas choisi par hasard le lieu de leur sit-in : la place des Martyrs qui représente «le cœur de Beyrouth». Ils ont voulu y installer «leur camp de manifestation» pour qu’il soit ouvert à tous les citoyens. Les milliers de voitures qui passent par jour s’arrêtent, à tour de rôle, pour observer les photos affichées et lire les slogans inscrits sur les banderoles. «La place des Martyrs est le symbole de ce pays et le symbole de la dignité et de l’indépendance», explique Abou Yéhya, un Palestinien de 40 ans. Vers 18h, le décor change de nouveau place des Martyrs : de jeunes artistes viennent interpréter des chansons de Marcel Khalifeh, de Samih Choucair et d’autres. Des peintres exposent sur le trottoir leurs toiles dédiées à l’intifada et au peuple palestinien. Le «camp de manifestation» s’est ouvert il y a près de deux semaines. Il ne sera pas levé tant que l’armée israélienne ne se sera pas retirée des territoires palestiniens et tant que les dirigeants arabes ne prennent pas «des mesures concrètes». Rania MASSOUD
De jeunes étudiants participent, depuis plus de trois semaines, à un sit-in, place des Martyrs, pour défendre la cause palestinienne et pour «vivifier la conscience» des dirigeants arabes. Cette place de Beyrouth a changé de décor : des photos de l’intifada et des banderoles appelant à la libération de la Palestine sont accrochées au bord de la route et des jeunes campent...